En une dizaine d'années, les offres de location longue durée se sont évaporées en Picardie maritime. En cause, la transformation de plus en plus de biens en location touristique. Face à ce phénomène, les agences immobilières tentent de trouver des solutions.
À Cayeux-sur-Mer (Somme), vous aurez beau scruter les façades des bâtiments, il vous sera bien difficile de trouver un panneau "à louer". Les annonces affichées sur les vitrines des agences immobilières ne proposent, quant à elles, uniquement des maisons ou des appartements à vendre.
La location saisonnière, une pratique très commune en 2024
En ce début de mois de février 2024, un studio en front de mer est disponible sur le marché depuis une semaine. Et il devrait bientôt être vendu. Certainement pour être rénové et transformé en location saisonnière.
"On est typiquement dans un genre de bien qui devrait convenir à des investisseurs pour faire de la location Airbnb. Il présente plusieurs atouts : sa surface de 40 m², quatre à six couchages pour une famille et la vue sur la mer", expose Odile Marchant, agent immobilier à Cayeux-sur-Mer.
Et même si ce bien devenait une résidence secondaire, il y a peu de chance qu'il échappe à un peu de location saisonnière. "Même les gens qui investissent pour de la résidence secondaire se réservent toujours quelques semaines pour de la location pour payer leurs charges et la taxe foncière. Cela devient quelque chose de très commun aujourd'hui", observe l'agent immobilier.
1% des transactions
L'avantage est en partie financier. Une location touristique peut rapporter jusqu'à deux fois plus qu'un logement loué à l'année et n'est pas soumise au diagnostic énergétique. Résultat, en 10 ans, le nombre de biens disponibles à la location longue durée s'est effondré en Picardie maritime.
Dans une agence immobilière de Cayeux-sur-Mer, ils ne représentent désormais qu'1% des transactions de biens de location. Alors les agences cherchent des solutions.
On est en discussion avec les propriétaires d'Airbnb. On essaie de mettre en place des locations par bail mobilité, qui peuvent aller de un à dix mois.
Ioulia Somont, agent immobilier à Cayeux-sur-Mer (Somme)
"Cela permet d'avoir une procédure simplifiée entre le propriétaire-bailleur et son locataire. Et d'assurer une certaine pérennité. C'est la seule solution qu'on trouve pour le moment", explique Ioulia Somont.
Les raisons derrière ce phénomène
À Ault (Somme), le constat est le même. "Si je recherche les biens qui sont disponibles uniquement sur Ault actuellement, je trouve seulement un bien aujourd'hui", illustre Loïc Fournier, agent immobilier dans cette commune de la baie de Somme. Il constate une baisse marquée sur les 18 derniers mois.
Selon lui, le problème est aussi dû à un phénomène en particulier. "Ce sont des propriétaires qui souhaitaient adresser un bien sur le marché de la location longue durée et qui ont été contraints par des difficultés rencontrées avec des locataires ou des difficultés juridiques", expose-t-il.
Ils ont préféré amener ce logement sur le marché de la location courte durée, car ce marché est beaucoup moins réglementé, plus facile et sûr d'accès en termes de gestion.
Loïc Fournier, agent immobilier à Ault (Somme)
D'après lui, cela est aussi dû aux "incertitudes" qui accompagnent le marché de la location longue durée. "Le marché de la location courte durée vous permet de retrouver la pleine jouissance de votre logement si jamais vous avez un projet de vente d'ici à un à trois ans", appuie-t-il.
La location courte durée, une option parfois décevante
Mais selon lui, le marché de la location longue durée présente des avantages, surtout dans une période de forte demande. "Cela nous permet de trouver des locataires de qualité, de préserver la qualité des logements et d'assurer de la récurrence dans les revenus", souligne-t-il.
Tandis que la location courte durée peut finir par décevoir les propriétaires. "D'apparence, c'est quelque chose d'assez agréable et rentable, mais il y a beaucoup de frais cachés", pointe l'agent immobilier.
Ce sont aussi des logements où il y a beaucoup de turnovers. Ils se dégradent donc de plus en plus vite. On a aussi une concurrence de plus en plus élevée qui vient peser sur les prix de location et qui a tendance à réduire la rentabilité.
Loïc Fournier, agent immobilier à Ault (Somme)
À partir du 1er janvier 2025, avec l'entrée en application de la loi Climat et résilience, les propriétaires de passoires thermiques les moins bien isolées (classées étiquette G) auront interdiction de mettre en location leurs logements. Pour de la location longue durée, ils devront donc réaliser des travaux de rénovation énergétique.
Avec Léna Malval / FTV