Accord du Mercosur, règles d'épandage, engagements en attente d’application… Les agriculteurs du Pas-de-Calais se sont mobilisés ce lundi 28 octobre 2024, au matin pour demander “des mesures concrètes au gouvernement”.
Les agriculteurs entendent montrer leur mécontentement au gouvernement. Ce matin du lundi 28 octobre 2024, une scène étonnante s’est déroulée devant la sous-préfecture du Pas-de-Calais. Devant le bâtiment Béthunois, quarante-cinq pancartes d’entrée d’agglomérations ont été déposées.
Gauchin-le-Gal, Beuvry, La Couture, Neuve Chapelle, Lestrem… Les communes du Pas-de-Calais ont été dépouillées de leurs panneaux. Une action coup de poing, menée conjointement par la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA). Objectif : demander “des mesures concrètes” au gouvernement, explique Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA.
L’accord UE-Mercosur dans le viseur
L’un des déclencheurs de cette colère : la possible signature dans les semaines à venir de l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie). “C’est la goutte d’eau”, affirme Lucie Delbarre.
“Cet accord entraînerait l’importation de betterave sucrière et de viande d’autres pays, qui sont produites dans des conditions qui ne sont pas aussi vertueuses qu’en France”, explique la syndicaliste. "Les pays du Mercosur utilisent des produits phytosanitaires qui ne sont plus utilisés depuis plus de vingt ans en France ! Leurs animaux sont nourris et traités avec des produits interdits chez nous…” Une aberration pour les agriculteurs, et “un enjeu de souveraineté alimentaire”.
Les pays du Mercosur utilisent des produits phytosanitaires qui ne sont plus utilisés depuis plus de vingt ans en France !
Lucie Delbarreprésidente de la FDSEA
Si cet accord est un projet européen, Lucie Delbarre veut pousser le gouvernement à “ne pas le signer”. Récemment, Emmanuel Macron jugeait lui-même que les conditions de cet accord n’étaient “pas acceptables”. Sophie Primas, la ministre déléguée au commerce extérieur, affirmait par ailleurs que "la France a fixé des conditions exigeantes en matière d’environnement et de respect des normes, et aujourd’hui celles-ci ne sont pas satisfaites."
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L’action des agriculteurs fait aussi écho aux mobilisations du début de l’année 2024. À l’issue de celles-ci, “on a obtenu 70 mesures qui devaient être mises en place rapidement”, explique Lucie Delbarre. “Or, même pas un quart de ce qui a été promis par le gouvernement n’a été appliqué.”
D’autres actions à venir
Sur le site du ministère de l’agriculture, il est indiqué que parmi les 70 engagements pris, 100% d'entre eux sont en cours de déploiement, dont 60 sont d’ores et déjà faits ou sont avancés et 10 sont engagés avec un planning précis.
“On en a marre des discours, on attend du concret ! Que le gouvernement prenne très vite en compte nos demandes”, clame la représentante syndicale. Parmi les revendications : des avancées sur la question des produits phytosanitaires, en adéquation avec la volonté gouvernementale du "pas d’interdiction sans solution" ; un nouveau projet de loi EGalim et la mise en place de nombreuses mesures annoncées – dont certaines figurent dans le projet de loi finance.
On en a marre des discours, on attend du concret ! Que le gouvernement prenne très vite en compte nos demandes.
Lucie Delbarreprésidente de la FDSEA
Les syndicats s’insurgent aussi contre “les règles d’épandage incompréhensibles et illisibles imposées par Paris, en totale contradiction avec la réalité de notre métier et le travail des agriculteurs, en cohérence avec la météo et l’agronomie, sur le terrain”, précise Lucie Delbarre.
Les agriculteurs ne comptent pas s’arrêter là. “D’autres actions vont se dérouler sur les sept territoires du département”, ajoute la présidente de la FDSEA. “On montera en pression assez vite s'il n’y a pas de réaction du gouvernement.”