Administratif, normes, concurrence internationale : les agriculteurs et les pêcheurs affirment avoir la tête sous l'eau. Pour manifester leur mécontentement, ils se sont réunis à Boulogne-sur-Mer ce samedi 9 mars 2024. Une alliance rarissime mais qui pour eux résonne, comme les pétards et les klaxons des quelque 150 tracteurs qui ont composé le cortège.
Faire du bruit pour se faire entendre. Fumigènes jaunes, pétards et klaxons, parfois en rythme de chants révolutionnaires ont escorté ce samedi 9 mars 2024 les agriculteurs et les pêcheurs, du port à la préfecture de Boulogne sur Mer.
Réunis en début d'après midi sur le port, les pêcheurs et les agriculteurs ont décidé de s'allier pour donner de la voix, et du klaxon. Les plusieurs dizaines de tracteurs présents sur le port de Boulogne-sur-Mer ont largement satisfait les organisateurs. À l'ordre du jour, une colère générale contre Bruxelles, accusé de leur imposer des conditions de travail intenables. Leurs revendications se résument par ce slogan : "Trop de taxes, trop de normes, trop de papiers".
L'alliance terre-mer
Ce samedi 9 mars 2024, en début d'après midi, sous le soleil du port de Boulogne-sur-Mer, la mer est calme mais les esprits sont bouillants. Les colères s'enflamment contre le "green deal" et les normes environnementales imposées par Bruxelles et les accords de libres-échanges signés par la France.
Si la convergence des luttes des éleveurs, céréaliers et des pêcheurs peut surprendre, pour les manifestants présents, elle coule de source : "pêcheurs, agriculteurs, même soucis, même contraintes", clame un pêcheur surmotivé. À ses côtés, un collègue agriculteur : "aujourd'hui on vise Bruxelles, avec les normes qui tombent toutes les semaines nos entreprises ne sont plus rentables", expose-t-il. Son voisin ajoute aussitôt : "Et le libre-échange !"
Nous sommes une agriculture en train de mourir il faut que Macron fasse quelque chose.
Un agriculteur manifestant à Boulogne-sur-Mer
Dans les cabines des tracteurs, des paroles restent en travers de la gorge : celle du président Emmanuel Macron au salon de l'agriculture : "Macron dit quelque chose au salon, et le contraire le lendemain, expliquent le pêcheur et l'agriculteur d'une seule voix, nous sommes une agriculture en train de mourir il faut que Macron fasse quelque chose", se désolent-ils.
75% des pêcheurs du port ont cessé leur activité en 4 ans
Le nombre et la détermination des manifestants séduit Jean Louis Fenart, président de la coordination rurale du Pas-de-Calais. Les 150 tracteurs présents écrasent ses estimations, et le président se réjouit : "c'est notre démonstration de force, on est 400 000 agriculteurs en France, on ne va pas se laisser faire et s'il le faut en juin on sera à Bruxelles", scande-t-il.
On est 400 000 agriculteurs en France, on va pas se laisser faire et s'il le faut en juin on sera à Bruxelles.
Jean-Louis Fenart, président CR du Pas-de-Calais
Les bonnes relations entre pêcheurs et agriculteurs ont permis d'organiser cette rencontre : "les pêcheurs aujourd'hui ils rencontrent les mêmes contraintes administratives que nous, la même concurrence due au libre-échange", s'exclame-t-il.
Nicolas Routier, éleveur à Wierre-Effroy a aussi fait le déplacement, motivé par la situation des pêcheurs du port : "à Boulogne on a perdu 75% des pêcheurs et on ne veut pas subir le même sort", témoigne-t-il.
L'éleveur du Pas-de-Calais ne cache pas non plus son plaisir face à la réussite de la manifestation : "remarquez aussi qu'il y a beaucoup de jeunes qui sont venus car ils veulent continuer à faire ce métier et à le défendre, ça fait du bien".
La détermination ne flanchera pas pour ces agriculteurs, bien décidés à se faire entendre. S'ils n'obtiennent pas satisfaction, ils prévoient déjà de se rendre à Bruxelles en juin prochain.