Un policier d'Arras (Pas-de-Calais) sera jugé en avril, selon la procédure de comparution de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), pour avoir détourné plus de 150 armes et munitions sous scellé judiciaire, dont certaines étaient en lien avec ETA.
Cette procédure, dite du "plaider-coupable" à la française, permet d'accepter une condamnation tout en évitant un procès en correctionnelle. Le commandant de police a collecté "sur plusieurs années" ces armes sous scellés alors qu'il était chef du centre de déminage de Montpellier, avant de les emporter avec lui lors de sa nomination à Arras, a indiqué le procureur de la République, André Lourdelle, confirmant une information du Point.
Quand des policiers français s'armaient chez l'ETA https://t.co/3gHk0qC3pB
— Le Point (@LePoint) January 16, 2020
Lors d'une inspection, la sécurité civile a découvert ces armes cachées dans une cahutte, dans la cour sécurisée du centre de déminage. "J'ai été alerté fin 2019 et j'ai immédiatement diligenté une enquête pénale", a ajouté M. Lourdelle, précisant avoir également saisi la police judiciaire de Lille et l'IGPN.
"Un intérêt de collectionneur"
"A l'issue de l'enquête, l'homme a été placé en garde à vue" puis orienté vers un renvoi en CRPC début avril pour "détournement de scellés", a-t-il ajouté. "Sur les fiches de scellés, certaines faisaient référence à des affaires en lien avec (l'organisation séparatiste basque) ETA (...) Après inventaire exhaustif, ce sont bien des armes démilitarisées et des munitions qui étaient destinées à être détruites et qui ne l'ont pas été", a précisé le procureur, qui a exclu "toute notion de trafic". "Le policier a justifié son geste par un intérêt de collectionneur pour les armes."
Fondée en 1959, ETA, rendue responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre, classée organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, a annoncé en 2011 mettre fin définitivement à la violence.
En 2018, l'organisation avait livré à la justice française plusieurs malles d'armes et de munitions, un an après avoir donné aux autorités françaises une liste de huit caches d'armes dans les Pyrénées-Atlantiques.