Suite aux accusations de violences sexuelles qui visent l'abbé Pierre depuis juillet 2024, les conseillers municipaux d'Arras ont décidé de débaptiser leur rue affublée du nom du prêtre. Celle-ci s'appellera désormais Marietta Martin, du nom d'une résistante arrageoise, écrivaine et engagée.
Le conseil municipal d'Arras a tranché ce lundi 7 octobre. Comme l'ont d'ores et déjà décidé plusieurs communes en France, le chef-lieu du Pas-de-Calais a lui aussi choisi d'effacer de ses rues le nom de l'Abbé Pierre, prêtre catholique et père des communautés Emmaüs accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles.
Jusqu'alors très apprécié pour sa lutte contre la précarité et le mal-logement, l'Abbé Pierre est accusé depuis le 17 juillet 2024 de violences sexistes et sexuelles sur au moins sept femmes, depuis les années 70. De récentes enquêtes ont permis de découvrir d'autres agissements problématiques de l'Abbé Pierre lors de voyages aux États-Unis dans les années 50, dont l'Église catholique aurait eu connaissance.
🚏Suite aux accusations visant l'Abbé Pierre, la Ville d'Arras renomme la rue de l’Abbé Pierre en rue Marietta Martin, résistante arrageoise, dont le nom est inscrit au Panthéon. La ville réaffirme ainsi son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes. pic.twitter.com/IXtFqUHpSt
— Ville d'Arras (@VilleArras) October 7, 2024
La rue l'Abbé Pierre change d'identité
La question d'une débaptisation des lieux rendant hommage au prêtre s'est donc naturellement posée dans les mairies. Et Arras ne fait pas exception puisque dès le 11 septembre, la Ville a décidé que la rue de l'Abbé Pierre, au nord de la commune, serait débaptisée.
Mais quid du nouveau nom ? Le plus dur pour la Ville a finalement été de s'accorder sur la personnalité qui accolerait son identité à la rue. Après délibération lors du dernier conseil municipal, le nom de Marietta Martin est finalement ressorti. Une personnalité arrageoise évoquée dès 2019 pour figurer sur un bâtiment ou un lieu public.
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Selon la mairie, ce choix s'explique par la trajectoire politique de la Ville, qui réaffirme par là son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes. "À travers le choix de Marietta Martin, nous avons tenu à mettre en lumière le combat d’une femme, mais également, celui de toutes les figures féminines, connues ou plus confidentielles, qui se sont illustrées il y a 80 ans par leur courage et sans qui la Libération n’aurait pas été possible", souligne Frédéric Leturque (LC), maire d'Arras.
Une militante, patriote et écrivaine
Contrairement à l'Abbé Pierre, figure très populaire qui bénéficiait d'une réputation de bon samaritain jusqu'aux récentes révélations, Marietta Martin est, elle, une personnalité presque exclusivement connue des férus d'histoire et spécialistes de la Seconde Guerre mondiale.
Grande littéraire, doctorante, poétesse, Marietta Martin développe un grand sens de la politique et s'engage pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale au sein du réseau Hector, au sein duquel elle occupe le rôle de sous-lieutenante. Arrêtée à Paris en février 1942 par les services de contre-espionnage allemand, Marietta Martin est inculpée pour rédaction, diffusion de publications clandestines et accusée d’être une militante du mouvement Libération Nationale. Déportée à Trêves puis placée dans la prison de Francfort-sur-le-Main, la militante est condamnée à mort et décède le 12 novembre 1944.
L'engagement patriotique sans faille de cette résistante a déjà été célébré à travers des plaques commémoratives installées à Arras et dans le 16e arrondissement de Paris, où elle a vécu dès 1914. Surtout, avant Arras, Paris avait déjà inauguré une rue en son nom en 1955, toujours dans le 16e arrondissement.
L'inauguration de la rue Marietta Martin est a priori prévue aux alentours du 8 mars 2025.