Pourquoi il faut porter son masque pour voter dimanche, un geste citoyen pour les assesseurs très exposés

Il n'est plus obligatoire de porter un masque dans les milieux fermés depuis le 14 mars, sauf dans les hôpitaux ou cabinets de santé. Les bureaux de vote ne l'exigeront pas dimanche mais respecter les gestes barrières ce sera épargner les assesseurs souvent âgés qui vont se retrouver très exposés, encore une fois.

Beaucoup d'assesseurs ont renoncé d'eux-mêmes. Ce qui n'a pas arrangé beaucoup de maires des zones rurales déjà bien touchées par une crise des vocations. Depuis dix ans, en France, les volontaires manquent à l'appel pour tenir les bureaux de vote les jours de scrutin. "Il a fallu s'organiser serré pour que le bureau de vote tourne dimanche. J'ai quelques assesseurs habitués, plutôt octogénaires, qui cette fois ont décliné par peur du Covid ", raconte Marie Bernard, maire de La Cauchie, petite commune du Pas-de-Calais entre Arras et Doulens.

Depuis des semaines, elle prépare l'organisation de son bureau pour le 10 avril, en reprenant les mêmes le 24, pour le deuxième tour. "Avec mes adjoints, on fera les deux tours du matin au dépouillement c'est certain", explique t-elle avec un peu de regrets dans sa voix. Mais elle garde le sourire, ça fait partie de ses missions d'élue qu'elle absorbe dans la bonne humeur. 

"Mes assesseurs qui ont choisi de ne pas venir à ces présidentielles m'ont expliqué être plutôt fatigués et ne pas vouloir prendre de risque, vu la circulation du virus". Et personne ne leur en voudra alors que la sixième vague Covid, celle du variant BA.2, n'est pas terminée, loin de là. Peut-être aussi ont-ils eu peur d'être surexposés encore une fois, comme lors des municipales de 2020. On se souvient du vent d'amertume qui a soufflé dans les mairies qui ont "envoyé leurs troupes au front" en pleine pandémie le 15 mars. 

Pour cette élection présidentielle, le contexte a évolué : la population est en majorité vaccinée et un protocole sanitaire pour les élections a été pensé. "On a reçu de la préfecture un kit avec du gel hydroalcoolique, des masques FFP2 pour les assesseurs et le bureau de vote avec en plus, des autotests", précise Marie Bernard. Même si elle pense que tout le monde va se masquer, elle ne peut pas l'affirmer. "En tous les cas, je ne l'imposerai pas. Je ne peux pas puisqu'il n'est plus obligatoire. Je peux juste le recommander. Chacun doit être responsable."

Madame le maire, comme la plupart de ses collègues, veilleront à la bonne aération des locaux. Dans beaucoup de mairies des détecteurs de CO2 permettront d'alerter sur la nécessité de ventiler. 

Les "stop postillons" alertent 

Est-ce suffisant ? Le comité de vigilance du collectif "Stop postillons" peste contre le protocole sanitaire proposé par le gouvernement, "plus qu'allégé." Son fondateur, le docteur Rochoy, médecin d'Outreau (62), très mobilisé depuis le début de la pandémie sur la nécessité de ne pas se relâcher sur les gestes barrières et le port du masque, ne cache pas sa déception.

Le Covid, c'est pas fini. Je suis inquiet pour dimanche, sur 50 personnes dans un bureau de vote dans les Hauts-de-France, il y aura au moins un positif qui s'ignore ou qui vient voter quand même.

Dr Michaël Rochoy, médecin fondateur du collectif "stop postillons"

Le collectif "Stop postillons" insiste depuis la première vague sur la nécessité de se protéger de ce virus qui se propage dans l'air que nous respirons. "Environ 2 % des personnes qui défileront dans les bureaux seront positifs au COVID (y compris dans le Boulonnais). Le masque sera "recommandé" et non obligatoire (y compris chez les symptomatiques)." Son calcul est simple : dans une ville comme Outreau, le vote occupe 6 assesseurs dans 9 bureaux, soit 54 personnes. Statistiquement, il y aura donc potentiellement 1 assesseur positif dans la ville.

Assesseurs et président de bureau de vote vont rester trois heures dans la même pièce, même beaucoup plus pour certains. Ils seront exposés dimanche au Covid comme des personnels de santé. Alors pourquoi le masque n'est pas obligatoire pour voter comme il l'est à l'hôpital ?

Dr Michël Rochoy, collectif "stop postillons"

Son conseil ? En plus du masque, penser à aérer en permanence. Penser aussi à venir avec des "poids" qui retiendront les feuilles volantes, au cas où aérer provoquerait des courants d'air. "Il faut anticiper, aller au-delà des consignes officielles le protocole sanitaire ne vas pas dans ce sens là."

"Si vous êtes assesseur ou président d'un bureau de vote ? Portez un masque FFP2 en permanence. Vous vous protégez des 15 positifs que vous verrez dans votre journée", clame t-il autour de lui dans sa patientèle. ,

J'ai lu attentivement les 12 propositions des candidats à cette présidentielle. Aucun ne parle de gestion de la pandémie. Personne ne dit par exemple moi Président, je rendrai les masques FFP2 plus accessibles. Un silence qui m'effraie.

Dr Michël Rochoy, collectif "stop postillons"

Un café dans les bureaux de vote ? Non, à l'extérieur

L'épidémiologiste français Antoine Flahaut qui a souvent, lui aussi, publiquement pris la parole au début de la pandémie et pendant la polémique de pénurie de masques, enfonce le clou. Et ses recommandations pour les deux tours, sont les mêmes.  

Masques FFP2 et capteurs de CO2 sont le minimum. "Prendre un café ? pas forcément la bonne idée et mieux vaut penser sortie à l'intérieur, idem pour un verre d'eau ou un grignotage de gâteaux." A moins d'avoir l'œil rivé sur le capteur, qui doit être inférieur à 600ppm. 

Sur le site de France 3 Hauts-de-France, jeudi 7 avril, le Pr Philippe Froguel du CHU de Lille, confie ses doutes lui-aussi : "Il faut recommander le masque en milieu confiné. Je suis très inquiet notamment pour dimanche (jour du premier tour de l'élection présidentielle) Il faudra que les assesseurs et les scrutateurs portent des masques FFP2 et que les fenêtres soient régulièrement ouvertes."

Des recommandations qui reviennent donc en boucle sauf dans les consignes officielles du gouvernement issues d'un comité de liaison Covid-élection. Le dernier protocole diffusé par les préfectures date du 30 mars 2022 reste très timide : "le port du masque et les règles de distanciation physique ne sont pas obligatoires dans les bureaux de vote, mais le port du masque reste fortement recommandé pour les personnes âgées, immunodéprimées, malades chroniques et fragiles, ainsi que pour leurs aidants; les personnes symptomatiques; les personnes cas contacts à risque, les personnes ayant été dépistées positives au covid-19, jusqu’à 7 jours après leur sortie d’isolement." 

A savoir quand-même, les personnes fragiles doivent pouvoir bénéficier d'un accès "prioritaire". Ainsi tout électeur atteint d'un cancer, par exemple, ne doit pas hésiter à le demander. 

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