Inondations dans le Pas-de-Calais. Bloqués sur les canaux depuis début janvier, les bateliers manifestent pour demander des indemnités

Les bateliers immobilisés sur les canaux de Dunkerque à Cuinchy se sont rassemblés à Béthune ce lundi 15 janvier 2024, devant les Voies navigables de France (VNF). Déjà bloqués lors des crues de novembre, les professionnels n'ont pas touché d'indemnisations et demandent à débloquer des aides.

Une dizaine de personnes s'amasse rue Ludovic Boutleux, en plein centre de Béthune (Pas-de-Calais). Pancarte à la main, mines grises et renfermées, ils et elles, bateliers et batelières, sont rassemblés devant les Voies navigables de France (VNF), l'établissement public qui gère 80 % du réseau de navigation français.

La colère se déverse ce lundi 15 janvier 2024, après plus d'une semaine d'attente dans leurs bateaux, bloqués sur les canaux du Pas-de-Calais. De Cuinchy au port de Dunkerque, les écluses des Hauts-de-France sont fermées suite à la crue des cours d'eau en ce début d'année. Une situation qui fait écho à celle de novembre, lorsque les bateliers étaient restés bloqués pendant près d'un mois.

"Libérer les bateliers"

"Dès que le niveau d'eau monte au-delà des 30 cm de côte normale, la VNF interdit de naviguer sur les voies afin d'éviter les sinistres." Paloma, jeune maman, et son conjoint, également batelier, sont bloqués à Trith-Saint-Léger sur leur péniche de 82 mètres de long depuis plusieurs jours.

Face à cette nouvelle crue qui s'éternise, les bateliers comprennent le blocage imposé par la VNF, mais se sentent désemparés. Ils se demandent avec inquiétude quand ils pourront repartir : "En novembre on nous parlait de réouverture en fin de semaine, ça donnait de l'espoir. Là on n'a aucune nouvelle", déplore Paloma. Pourtant, la batelière assure que le niveau d'eau a largement baissé ces derniers jours et regagné son cours normal, pouvant permettre le passage des péniches et autres navires de marchandises. "Mais rien, on ne nous donne pas d'autorisation, donc on ne doit pas bouger", achève-t-elle avec lassitude.

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Les pompes font barrage

Olivier Matrat, directeur territorial adjoint de la VNF, confirme que les niveaux d'eau actuels sont "propices à la navigation", mais que la contrainte principale repose dorénavant sur les pompes, installées au niveau des écluses de Mardyck et de Cuinchy, paralysant la circulation. Mais le représentant est optimiste : le climat froid et sec de ces derniers jours a permis de pomper une grande partie de l'eau des crues, faisant poindre une résolution de la situation très prochainement... Même s'il ne se risque pas à annoncer une date précise pour l'instant.

Les pompes, qui doivent rester dans le Pas-de-Calais cet hiver, "seront entreposées à proximité des écluses pour libérer le passage" une fois leur travail terminé, pour que la circulation reprenne, relève Olivier Matrat.

1000 euros de perte chaque jour

Mais pour les bateliers, le temps perdu à rester statique représente de lourdes pertes financières. En novembre dernier, Paloma et son conjoint, Kévin, rapportaient perdre "près de 1000 euros par jour" en étant immobilisés. Une situation qui se présente à nouveau aujourd'hui : "Même si nos clients ne nous font pas payer le retard car il s'agit d'une cause naturelle, entre le prix du carburant et la facture due à la VNF, on passe rapidement hors budget". Selon le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, le préjudice s'élève à 1700 euros par jour en moyenne.

En effet, pour naviguer sur leurs eaux, la VNF demande des "droits de canaux", calculés selon le tonnage et la durée de traversée des navires de commerce.

"On les paie pour que les voies soient entretenues, mais clairement elles ne le sont pas. Comme tout le monde le demande en ce moment, il faut curer les canaux ! On pourrait naviguer aujourd'hui si ç'avait été fait."

Des indemnisations toujours absentes

Pour compenser ces pertes, la trentaine de bateliers rassemblée devant la VNF n'hésite pas à aborder le sujet houleux des indemnisations. Lesquelles n'avaient pas été touchées lors des crues de novembre, puisque les bateaux immobilisés n'avaient subi aucun dégât matériel.

Olivier Matrat expliquait alors ne pas avoir "la main sur les indemnisations". Un propos qu'il a réaffirmé ce lundi, précisant tout mettre en œuvre conjointement avec la préfecture du Pas-de-Calais pour proposer des solutions aux entreprises et aux mariniers.

Dans un courrier adressé à Clément Beaune, ministre délégué au ministre de la Transition écologique, Xavier Bertrand souligne que "les conditions prévues par les assurances ne permettent pas d'indemnisation". Il enjoint donc le gouvernement à se rapprocher des représentants des bateliers de la Région, afin de mettre en place "un mécanisme d'indemnisation exceptionnel" pour soutenir la filière.

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