Surpopulation en prison : dans les Hauts-de-France, les maisons d'arrêt battent tous les records

Dans les Hauts-de-France, la densité carcérale s’élève à 116,2%. Elle dépasse les 137% dans les maisons d'arrêt. Au 1er décembre 2022, 338 personnes sont détenues dans la prison de Béthune, qui ne compte pourtant que 180 places.

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C’est un mal chronique qui gangrène les prisons françaises depuis plusieurs dizaines d’années. La surpopulation carcérale touche tous les établissements, dont les maisons d’arrêt qui enregistrent des taux d’occupation jusqu’à 2 fois supérieurs à leur capacité.

En France, 72 836 écroués étaient détenus au 1er décembre dans les prisons françaises, pour 60 698 places opérationnelles dans les différents établissements pénitentiaires. La densité carcérale s’élève à 120% à l’échelle nationale. 1 détenu sur 10 l’est dans une prison des Hauts-de-France.

137% d’occupation dans les maisons d’arrêt des Hauts-de-France

Parmi les différents types d’établissement pouvant accueillir des détenus, les maisons d’arrêt sont les plus surpeuplées. Elles reçoivent les personnes prévenues en détention provisoire (dans l’attente d’un jugement) ainsi que les personnes condamnées dont la peine n’excède pas deux ans.

À titre de comparaison, dans les centres de détention par exemple, la densité carcérale s’élève à 95.1%. Ces prisons accueillent des détenus qui purgent une peine supérieure à deux ans. Sur les 2 202 places opérationnelles dans ces huit établissements des Hauts-de-France, 2 095 sont occupées.

Dans la région, 12 des 13 maisons d’arrêt accueillent plus de détenus que de places disponibles. À Valenciennes, 329 personnes sont actuellement écrouées pour 212 places. Même constat à Laon, où la maison d’arrêt accueille 322 détenus pour 188 places.

Des conditions de détention complexes pour les détenus, et des situations plus difficiles à gérer pour les surveillants. . "Il y a une multiplication des tâches difficile à gérer, abonde Frédéric Charlet, secrétaire régional du syndicat UFAP UNSA Justice. Plus il y a de détenus, plus il y a de sollicitations, de demandes. Si vous avez 120 détenus à gérer au lieu de 60, ce n’est plus du tout la même chose. Et en plus de ça, il manque énormément de personnel".

Record enregistré à Béthune

Béthune occupe la triste première place des prisons où la densité carcérale est la plus importante dans les Hauts-de-France. Avec 338 détenus pour 180 places disponibles, le taux d’occupation dépasse les 187%.

Une situation qui n’est pas nouvelle.  "La maison d’arrêt est surpeuplée depuis une dizaine d’années", confirme Floréal Stemput, secrétaire local UFAP UNSA Justice et surveillant pénitentiaire à Béthune.

"Les 180 places opérationnelles correspondent aux 180 places en cellule individuelle. Or, ça ne s’est jamais passé comme ça à Béthune", assure le représentant syndical. Toutes les cellules sont occupées par deux détenus, mais "aucun ne dort sur un matelas au sol", précise-t-il toutefois. "La direction fait le nécessaire pour désengorger en faisant des transferts et tout est bien cadré", remarque Floréal Stemput, même s’il concède que la surpopulation carcérale influe sur son métier au quotidien.

"Tout serait beaucoup plus facile avec 180 détenus, et on pourrait passer plus de temps avec ceux qui en ont besoin comme les personnes atteintes de troubles psychiatriques par exemple". D’autant plus qu’il manque là aussi du personnel, les surveillants en arrêt maladie n’étant pas systématiquement remplacés selon le syndicaliste.

Une surpopulation qui pèse sur les agents pénitentiaires, mais aussi sur les détenus : conditions de vie plus compliquées, tensions, violences, maintien des liens extérieurs dégradés… et accès restreint à l'objectif premier du passage en prison : la réinsertion.

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