A Boulogne-sur-Mer, les conséquences de la hausse du prix de l’énergie et de la guerre en Ukraine se font ressentir. Capécure, la première plateforme européenne de transformation de poisson subit elle aussi ces crises.
"Les hausses du prix de l’énergie ? Ça fait déjà plus d’un an qu’on les subit : 30 % d’augmentation sur l’électricité !" Pascal Bourgain est formel.
Ce patron d’une entreprise centenaire de salaison de poissons à Boulogne-sur-Mer subit hausse sur hausse. Et la guerre en Ukraine ne fait qu’accentuer le phénomène. "On peut difficilement se projeter. On a une vision à plus court terme. D’habitude on a une hausse par an, mais là c'est tous les 2 mois et tous les postes sont concernés . On est dans l’incertitude."
Si l’on veut conserver une qualité constante de nos produits, forcément, cela aura une répercussion sur notre prix de vente final.
Pascal Bourgain, patron de "Bourgain et fils"
Incertitude sur l’approvisionnement en poissons, incertitude sur les prix de l’emballage, incertitude sur l’énergie, augmentation des coûts du transport. L’entreprise Bourgain et Fils emploie 22 salariés, mais son patron explique "on ne peut pas les faire travailler qu’en fonction des tarifs heures creuses/ heures pleines de l’électricité. L’énergie, on en a besoin en permanence pour faire tourner nos frigos, nos machines. Concernant la matière première, on s’en rend déjà compte avec le hareng. Avec les embargos sur la Russie, il faut trouver d’autres voies d’acheminement. C’est la loi de l’offre et de la demande, les prix s'envolent."
"On sent bien que nos fournisseurs n’arrivent plus à contenir ces hausses", explique Pascal Bourgain. "Et si l’on veut conserver une qualité constante de nos produits, forcément, cela aura une répercussion sur notre prix de vente final".
La majorité des entreprises est touchée
Aymeric Chrzan, secrétaire général du syndicat des mareyeurs dresse un constat similaire. "Ça a commencé bien avant la guerre en Ukraine. Il y a eu le Brexit, le Covid, la hausse du carburant et maintenant avec cette guerre tout s’est accéléré."
Capécure, première plateforme européenne de transformation de poisson à Boulogne-sur-Mer, c’est 250 entreprises et près de 6000 emplois. Autant dire que si la situation perdure, de nombreuses sociétés risquent d’avoir des difficultés.
"On constate une augmentation de 20% des coûts de transport, de 30% sur les emballages en polystyrène, de 45% sur les élastiques. En moyenne, on peut estimer les hausses à 30%. Tout augmente : les films plastiques, les étiquettes. Cela semble anodin… mais tout mis bout à bout, ça commence à peser."
Vive la sardine boulonnaise !
Pour autant, Aymeric Chzran se veut rassurant : "le consommateur pourra toujours se faire plaisir en mangeant du poisson. Mais il devra être un peu plus curieux que d’habitude et diversifier ses choix. Plutôt que choisir du saumon ou des dos de cabillaud, il peut s’orienter vers le merlan ou la sardine, plus abordables."
"En avril, nous aurons de la très belle sardine pêchée au large de nos côtes, à des prix tout à fait accessibles, que nos mareyeurs savent très bien mettre en filets."
Et ça tombe plutôt bien car l’arrivée des beaux jours rime souvent avec barbecue. Quoi de meilleur qu’une bonne sardine grillée !