Ali, réfugié afghan passé par Calais, a ouvert son restaurant à Paris

"On voudrait que ce restaurant soit à la fois un lieu de découverte de la cuisine afghane et de rencontre des réfugiés". A la veille de la journée mondiale des réfugiés, le Kabul Kitchen a ouvert ses portes à Paris, géré par une Française et deux Afghans, dont Ali, un réfugié passé par Calais. 

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Depuis mardi, Ali Mohmmad Hussaini s'active en cuisine pour préparer les plats de la journée au Kabul Kitchen : préparation des aubergines, des lentilles corail, du poulet... Les restes seront distribués aux personnes dans la rue. A 19h, c'est le coup de feu dans ce petit restaurant de 25 tables ouvert midi et soir à quelques pas du quartier des Halles. 

Son compatriote Shayan Mohammadi enchaîne les commandes dans un français quasi parfait. "Ici nous cuisinons le kabuli, le plat le plus festi  d'Afghanistan", souligne ce jeune Afghan de 21 ans. Au menu donc, ce plat cuisiné avec du riz, des raisins secs, carottes et de la sauce épicée, auquel peut être ajouté du poulet ou des boulettes de viande appelées kofté, mais aussi des bolanis (plat frit) aux épinards ou des sandwiches au riz.
 


Après un parcours chaotique, balancé entre la Norvège, l'Afghanistan, Calais et la Belgique, Ali, 35 ans, a trouvé de l'aide à Paris grâce à Fatima, une Française d'origine algérienne d'origine algérienne, qui s'est intéressée à la cause des migrants à la mort de son père : "à la fin de sa vie, il m'a raconté son arrivée en France en 1962 où il a été grandement aidé par une personne à Tours, c'était la première fois qu'il m'en parlait. J'ai pris cela comme un message subliminal".  
 


Dès 2015, Fatima a pris de son temps pour aider des migrants gare de l'Est. C'est dans ce campement qu'elle a rencontré Reshad Nikzad, un artiste afghan de 29 ans, qui a dû fuir son pays alors qu'il était présentateur télé. C'est "grâce à lui", qu'elle a fait la connaissance ensuite d'Ali et Shayan, avec qui elle a lancé le projet du Kabul Kitchen. Comme un symbole, c'est Reshad qui a dessiné le logo et décoré la façade du restaurant : Kabul Kitchen, écrit en français et en afghan.
 


Pour Ali, se joindre à ce projet de restaurant en tant que cuisinier est "un rêve qu'il n'aurait pas imaginé il y a quelques mois". Même enthousiasme pour son camarade Shayan. "C'est un accomplissement d'ouvrir mon restaurant en France: je vais faire découvrir la culture de mon pays à ceux qui m'ont accueillis et surtout montrer une belle image des réfugiés", raconte ce dernier tablier et chemise noirs. Pour ce musicien, la cuisine, qu'il ne faisait pas quand il vivait encore en Afghanistan ou au Pakistan, car "réservée aux femmes", est "un lien fort" avec son pays.

Shayan est arrivé à Paris en mars 2017 après avoir passé deux ans en Suède sans réussir à obtenir de visa. Il a en revanche rapidement obtenu l'asile en France, ou, une fois ses papiers en poche, il a pu travailler neuf mois dans un magasin de prêt-à-porter, avant de se lancer dans le projet du Kabul Kitchen avec Fatima et Ali.
    
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