Une dizaine d'associations ont distribué mercredi après-midi à Calais des centaines de duvets marqués de leurs logos aux migrants qui ont pu signer un contrat de prêt permettant un dépôt de plainte en cas de dégradations ou "confiscations de biens" lors d'opérations policières.
Des centaines de migrants, majoritairement des hommes jeunes, ont pu récupérer un duvet, bleu ou rose, et une bâche noire, reconnaissables grâce aux logos des associations. Ceux qui le souhaitaient ont signé un contrat de prêt.
"L'idée c'est de dire ça suffit. Nous allons porter plainte pour vous (les migrants) en tant qu'associations, qui restons propriétaires du matériel", explique Camille qui a établi le contrat avec une équipe de bénévoles au sein du collectif. Sur la base des témoignages des migrants, les associations affirment qu'elles porteront plainte, directement auprès du procureur si les affaires sont gazées, volées ou détruites, lors d'intervention des forces de l'ordre, explique-t-elle, consciente que le parquet pourra ne pas donner suite.
"Depuis deux mois, les destructions de biens sont devenues systématiques, ça aggrave les conditions de vie", dénonce pour sa part Loan, de l'Auberge des migrants. "C'est un moyen de sensibiliser les gens, qu'ils sachent qu'il y a encore des migrants qui vivent dans une précarité qu'on n'a jamais connue", explique Claire Millot, de Salam, une association d'aide aux migrants.
Plan grand froid
Selon les associations et la préfecture, environ 500 migrants vivent actuellement dans le Calaisis. Sollicitée par l'AFP, la préfecture du Pas-de-Calais avait reconnu mi-novembre que "des opérations de démantèlement ont lieu". Quand ils sont présents, "les migrants sont systématiquement invités à conserver leurs effets personnels". S'ils sont absents, par exemple pour se rendre à une distribution de nourriture, ces "effets" sont en revanche emportés.
Dans le cadre du plan national grand froid, une dizaine de conteneurs de huit places chacun ont par ailleurs été installés et un hangar abritant des tentes a été réquisitionné en périphérie de la ville, soit 280 places au total. Ils seront ouverts pour la nuit aux "personnes vulnérables" si le niveau 2 du dispositif est activé en cas de températures ressenties entre -5° et -10° degrés la nuit et négatives dans la journée.
Selon la préfecture, 343 migrants de Calais ont été mis à l'abri depuis début août au sein de Centre d'accueil et d'évaluation des situations (CAES) des Hauts-de-France, et notamment dans les deux CAES du Pas-de-Calais.