Demandeurs d'asile et réfugiés de Calais : la répartition sur le territoire fait débat à l'Assemblée

Les règles d'orientation des demandeurs d'asile région par région, avec l'objectif d'équilibrer leur répartition sur le territoire, ont fait débat vendredi à l'Assemblée, au cinquième jour d'examen du projet de loi sur l'asile et l'immigration. Les députés ont évoqué la situation du Calaisis.

L'article 9, voté par 64 pour, 25 contre, rend plus directif le schéma national d'accueil des demandeurs d'asile et d'intégration des réfugiés, en prévoyant qu'il fixe la part des demandeurs d'asile accueillis dans chaque région ainsi que la répartition des lieux d'hébergement qui leur sont destinés.

La vulnérabilité et la situation personnelle et familiale du demandeur seront prises en compte, a assuré la rapporteure Elise Fajgeles (LREM). Si les demandeurs d'asile ne restent pas dans cette région, ils perdront le droit à l'hébergement et à l'allocation. Pour la rapporteure, ces dispositions permettent de se "rapprocher des modalités d'accueil qui prévalent en Allemagne".

Actuellement, "les demandes d'asile sont concentrées à Paris, en région parisienne et dans quelques grandes villes, ce qui créé un engorgement dans les préfectures et contribue à la multiplication des campements illégaux où les personnes vivent dans des conditions indignes", selon son constat.

Avec la répartition, il y aura "peut-être moins de tensions dans un certain nombre de territoires", a déclaré dans l'hémicycle le ministre de l'Intérieur.

Mais des élus de gauche, certains LREM, mais aussi, pour des raisons opposées, des LR ou FN, ont exprimé des inquiétudes. Jugeant les moyens "insuffisants", Mathilde Panot (LFI) a ainsi jugé que "la répartition par région forcée ne va pas régler la question de l'accueil". "Quelles que soient les modalités, vous allez imposer une région", a lancé Serge Letchimy (apparenté PS).

Martine Wonner (LREM) s'est, elle, souciée de l'effectivité des hébergements. A l'autre bout de l'hémicycle, Bruno Bilde (FN, Pas-de-Calais) s'est exclamé: "Vous comptez répartir les conséquences de l'immigration massive dans nos villages" mais "les Français veulent rester chez eux en France". Emmanuelle Ménard, élue avec le soutien du FN, a cherché à conditionner l'accueil de demandeurs d'asile à l'accord des collectivités locales.


La question du Calaisis


La "part d'accueil et de générosité doit incomber à tous", a riposté Mme Fajgeles. Mais "sur certains territoires, les capacités d'hébergement sont réduites, et dans certains cas, certains migrants et des SDF sont hébergés dans les mêmes centres", a rebondi Mme Ménard.

"On ne conditionne pas le droit d'asile en opposant la souffrance des uns à la misère des autres, et il ne manquerait plus que le droit d'asile ne soit plus applicable à Béziers", a répliqué Emilie Chalas (LREM).

Côté LR, Paul-Henri Dumont (Pas-de-Calais) a demandé : "Comment allez-vous faire concrètement pour que les migrants dans le Calaisis aillent dans ces centres (CAES)", car "ils n'y vont pas". Et de lancer aux "marcheurs": "Si vous considérez que ce qu'il se passe à Calais depuis 25 ans vous ne devez pas vous en occuper, alors vous êtes une honte et vous ne devriez pas siéger ici". Chef de file LREM sur ce texte, Florent Boudié l'a exhorté à ce que "notre débat reste courtois, républicain, retenez ce mot".


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