En 2018, trois CRS avaient accusé à tort de violence un bénévole d'une ONG. Aujourd'hui, seul l'un des trois hommes, le brigadier-chef, a été condamné. Pour violence et faux en écriture à 18 mois de prison avec sursis. Les vidéos tournés le jour des faits ont corroboré la version du militant .
"C’est une décision importante qui a été rendue aujourd’hui, s’est félicitée Katia Roux, la porte parole d’Amnesty International France, en apprenant le jugement du tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Un des trois CRS qui avait accusé à tort de violences un bénévole de cette association humanitaire, le brigadier-chef, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer.
"Cette affaire est devenue emblématique", déclare Katia Roux, "des attaques menées par la police contre les migrants et les personnes qui leur viennent en aide à Calais."
Les faits remontent au 31 juillet 2018 : des policiers tentent de faire partir des migrants sous un pont pour permettre aux services de la ville de le nettoyer. Comme l’ont montré les vidéos pendant l’audience à partir du 22 juin dernier, les policiers cherchent à faire partir les bénévoles, sur place. Tom Ciotkowski, un humanitaire britannique de 31 ans est alors pris à partie quand il demande aux forces de l'ordre un matricule. Il est bousculé par le brigadier chef et tombe, seul, à la renverse, par dessus le parapet, au moment où passe un camion. Le jeune homme est pourtant interpelé et placé en garde à vue.
En juin 2019, il est relaxé par la justice grâce à ces preuves vidéos. Le bénévole attaque alors en justice les trois CRS qui l’avaient accusé à tort. Notamment pour violence et faux en écriture.
"Justice a été rendu pour notre humanitaire bénévole britannique,"souligne la porte-parole d'Amnesty. "Il faut rappeler qu’il avait été placé en garde à vue pendant 36 heures et poursuivi pour outrages et violences. C’est lui qui était sur le banc des accusés il y a deux ans alors même qu’il n’avait rien fait."
"Ce qui a fait la différence, ce sont les vidéos, insiste-t-elle. Sans elles, là, aujourd’hui, peut-être que Tom n’aurait pas été relaxé et c’est lui qui aurait été accusé et condamné."
Et de conclure : " Le jugement envoie un message important. A savoir l’impunité face aux violences policières ne sera plus tolérée."
Les deux autres CRS ont eux été relaxés. Le Parquet a dix jours pour faire appel de ce jugement.