IMMERSION. L'emploi est un enjeux majeur de la présidentielle 2022 mais plus personne ne croit aux promesses électorales

Le taux de chômage recule à Calais, mais il reste parmi les plus élevés de France, avec plus de 12%. Comment les habitants travaillent à Calais ? Dans quels secteurs ? Sont-ils heureux dans leur activité ? Autant de questions que se posent les Calaisiens alors que la campagne présidentielle entre dans sa dernière ligne droite.

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Un grand ciel bleu, sans nuage à l’horizon. Les travailleurs calaisiens entament une nouvelle semaine, aidés par un temps radieux. Hier, une pluie dense s'abattait sur la côte. Une métaphore de l’emploi dans la ville ? Sans doute. Ces dernières années, Calais se relève après des années de crise, miné par un taux de chômage parmi les plus élevés de France et des licenciements à la pelle. Mais aujourd’hui, enfin, le chômage recule.

Sur la place d’Armes, Antonin profite du soleil sur la terrasse du café "Le Centaure". Devant lui, un paquet de cigarettes et un café. Il est de ceux qui "enchaînent les petits jobs". 24 ans, mais déjà plusieurs vies professionnelles. À chaque fois, des contrats précaires, presque toujours en intérim. "Tu travailles comme un chien, vraiment, pour pas grand chose. Jamais d’augmentation, aucune sécurité de l’emploi. Tu peux travailler deux semaines à fond et à la fin de ton contrat, hop, tu retournes à la maison. Après l’avantage, c’est que c’est bien payé."

Mais derrière ces salaires, il y a de la sueur. Pendant plusieurs mois, Antonin est envoyé pour une mission d’intérim chez un sous-traitant de l’entreprise Alcatel, une des plus grosses structures d’emploi à Calais. Tous les jours, il monte sur des bateaux et décharge des kilomètres de câbles de fibre optique. "On appelle ça du levage de câbles", explique-t'il, "C’est un truc à devenir fou. C’est tellement éprouvant qu’on alterne une heure de travail et une heure de pause, toute la journée. Quand tu as du gros câble à décharger, t’en prends plein la gueule. En plus, tu bosses avec des mecs, bon… c’est café-bistoule le matin. Ils sont là depuis 30 ans, et au bout d’un moment, tout ça, ça laisse des traces sur les corps." Le port, au sens large, concentre une large partie des emplois. "On connaît tous quelqu’un là-bas. Moi, ma mère y travaille par exemple" explique Antonin. 

A Calais, le secteur tertiaire et les métiers de services sont les plus nombreux. Par exemple, la ville se classe au 6e rang de celles qui comptent le plus grand nombre de bars par habitant. Il y a donc, logiquement, beaucoup d’emplois dans le secteur de la restauration. Il y a aussi de nombreuses boutiques, le long du boulevard Lafayette ou dans le centre. L’activité se divise en plusieurs pôles, comme autant de carrières possibles. Dans la rue, quand je demande aux passants : "comment trouver un job à Calais?", ils énumèrent "Eurotunnel, la vente, le port, la mairie…". Tous me répondent inlassablement la même chose. Mais ces pôles, viviers d’emplois, font reculer le chômage. Le secteur tertiaire remplace peu à peu celui de l’industrie. 

Au deuxième étage de la mairie de Calais, Natacha Bouchart, maire de la ville depuis 2008, nous accueille dans son bureau. C’est ici que la stratégie économique de la ville est pensée. En plus de recueillir la parole citoyenne, il m'a donc semblé indispensable de solliciter un entretien, pour mieux comprendre la stratégie municipale pour l'emploi. D'emblée, l'édile affirme : “Chaque euro investi à Calais, l’est pour donner du travail aux Calaisiens”. Elle développe : “nous avons eu des pertes d’emplois douloureuses notamment dans l’industrie. Alors j’ai écrit une stratégie de redynamisation pour recréer des emplois, notamment en développant la zone d’activité Marcel Doret, qui permet l’élargissement d’offre de services et crée de l’emploi. Il y a aussi une stratégie tournée autour du tourisme à travers le front de mer, la plage et le dragon. Et force est de constater que cette dynamique fonctionne." Et en effet le chômage baisse. Mais il reste fort, près de 4% au dessus de la moyenne nationale, 7,4%. La maire Les Républicains de Calais a également pris position dans la campagne présidentielle. Natacha Bouchart, a annoncé, dans la soirée du jeudi 10 février, son soutien à Emmanuel Macron. L'élue fait valoir "l'intérêt général" de sa ville.

Les jeunes diplômés, condamnés à quitter la ville ? 

Constant connaît bien Eurotunnel. Il y a travaillé 18 mois, juste après le premier confinement. C’est un ami d’Antonin. C’est lui qui me l’a présenté. Il est arrivé en disant : "vous avez vu, il y a des nouveaux bars sur la plage qui recrutent pour cet été."  Il a un visage joyeux, une grande barbe raide et soignée et il retrousse les extrémités de sa moustache, de chaque côté, à la mode du début du XXe siècle. Son visage devient plus sérieux quand il m’explique le quotidien chez Eurotunnel : "là-bas, on travaille 8h par jour, posté sur un rond-point pour vérifier les vignettes des voitures qui arrivent d’Angleterre. Si c’est des vans, tu leur indique la file de droite, si c’est des voitures tu fais signe pour qu’ils se rangent à gauche. Voilà, 8h par jour." Là encore, les emplois sont proposés via des entreprises d’intérim. "Du coup, tu peux enchaîner quatre nuits d’affilée parce que t’es en intérim donc ils font un peu ce qu’ils veulent de toi. Tu peux rien prévoir, plus de vie sociale. Tu dois toujours avoir ton téléphone sur toi. Ils t'appellent à n’importe quel moment, en pleine nuit pour que tu remplaces un gars à 3h du matin" énumère Constant. Il tente de relativiser : “c’est quand même une chance, on peut y rentrer relativement facilement, ils demandent pas de diplômes, c’est très bien payé… Mais bon, j’ai quand même craqué. Après un an et demi là-bas, je suis parti."

Le lendemain, il est embauché en CDI. Depuis, il gère une boutique qui vend du CBD. Son look de skater colle parfaitement au décor. Un mur végétal et quelques pots d’herbes bien rangés. "C’est plus tranquille, j’habite à 200m, je ne me lève plus à 3h comme chez Eurotunnel. Mais bon, il y a des moments où il n’y a pas de clients alors je passe 5h à m’ennuyer. C’est de la vente, il y a beaucoup de moments creux. En vrai, c’est un boulot alimentaire."

Antonin et Constant sont diplômés. Le premier en médiation culturelle, le second en communication et en musicologie. Des profils d’artistes qui peinent à trouver leur place à Calais. "C’est pas ici qu’on pourra faire un métier incroyable. Du commerce, de la restauration, ok. Mais dans la culture, à Calais, il n’y a pas grand chose. Les jeunes bougent autre part pour faire des études, leurs vies. Ceux qui restent font des boulots de commerciaux quoi" mesure Constant. "Moi j’ai passé deux ans à Lille pour mes études. Et puis, il y a eu le covid, bon, je suis revenu" décrit Antonin. Ils se disent liés à leur ville et semblent l’aimer autant qu’ils la détestent parfois. "Je me fais chier ici. Mais j’y suis attaché. Il y a quelque chose, je ne sais pas… un attachement. Je ne sais pas pourquoi, je ne saurai pas l’expliquer" hésite Antonin. 

Dans ce contexte électoral, la discussion tourne forcément à la politique. Mais à Calais, il y a bien longtemps que les promesses électorales sur l’emploi et le pouvoir d’achat ne convainquent plus personne. "On le sait déjà, c’est la merde, ça a toujours été la merde. Ma mère cherche un travail depuis trois ans alors qu’elle a été responsable de magasin pendant 25 ans! C’est pas le sujet de l’emploi qui va influencer mon vote. Je vais plutôt faire barrage à Marine le Pen et Eric Zemmour, déjà. Et puis, voter pour un candidat qui défend la culture et une certaine ouverture d’esprit.

Une phrase est devenue célèbre au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron : "je traverse la rue et je vous en trouve". Le président se transformait alors en conseiller pôle emploi face à un jeune qui lui réclamait du travail. Antonin commente : "c’est sûr, ça peut être facile d’en trouver. Tu peux toujours trouver un boulot de merde, où on te considère comme une merde. S’il faut en passer par là pour vivre, tout le monde peut, mais on va péter un plomb." Les deux potes me confient alors leur désespérance face à une campagne qui ne les intéresse pas. Il sont pourtant les leaders d’un collectif calaisien d’électro : T.E.P pour Tout Est Politique.

La mobilité, enjeu de campagne

Les trains du matin, qui relient Boulogne-sur-Mer à Calais en moins de 30 minutes, crachent des dizaines de travailleurs, tous les jours.  Aux abords de la gare, Corinne raconte le casse-tête des transports. "J’habite à Wimereux et depuis le mois de décembre 2019, la SNCF a supprimé la plupart des trains au départ de cette gare. Donc je dois rejoindre Boulogne-sur-Mer puis prendre le train pour Calais." La mobilité est un des enjeux de la présidentielle. Les prix du carburant ne cessent d’augmenter. Dès lors, difficile pour certains ménages d’utiliser une voiture. Corinne est rejoint par Nathalie, une collègue de travail. “C’est beaucoup plus économique, et écologique aussi" explique celle qui a délaissé sa voiture pour le train. "Par contre, il faut gérer les horaires. Avec la suppression de certaines lignes SNCF, on arrive parfois en retard, de 5 minutes" avoue-t-elle. 

Tout au long de sa vie, Chistele a, elle aussi, "beaucoup bougé" pour travailler. "Je suis partie à Aire-sur-la-Lys, à Arras, à Dainville… dans toute la région. J’ai toujours trouvé du boulot." Chaque fois, des emplois de vendeuses en prêt-à-porter ou en boulangerie. Mais il y a quatre ans, la médecine du travail lui diagnostique une rhizarthrose aiguë, une arthrose de la base du pouce. Elle est opérée, fait des mois de rééducation. Mais elle garde des séquelles. Elle attrape difficilement des objets, même légers, et subit des douleurs dans les mains. Elle est donc licenciée pour inaptitude et quitte son poste de vendeuse en boulangerie. S’en suit plus d’un an de chômage et de doutes. Depuis, elle a obtenu une reconnaissance de travailleur handicapé. "J’ai eu des difficultés, je me suis demandé ce que j’allais faire, vers quoi me tourner ? Je ne peux plus être boulangère parce que je ne peux plus attraper des baguettes à longueur de journée." Avec les mois de chômage, viennent aussi l’angoisse d’un retour vers l’emploi difficile. “Je ne peux pas rester chez moi à rien faire. C’est vraiment agaçant d’avoir de l’énergie, des capacités, mais plus rien n’est accessible Alors, je fais un travail là-dessus, je vois un psy. On me voit toujours avec le sourire, mais des moments ça tombe. J’angoisse quoi."

D’autant que Christele arrive à la fin d’un contrat de deux ans pour Cap Insertion. La structure accueille des travailleurs handicapés ou des bénéficiaires du RSA. Ils sont en CDD-I, un contrat à durée déterminée d’insertion, de deux ans maximum, non renouvelable. Le défi est de les remettre sur le chemin d’un emploi stable. Des aides à l’écriture de CV et de lettres de motivation sont proposées. Mais surtout Cap Insertion leur confie un "vrai emploi", avec des responsabilités et des horaires à respecter. "On est un tremplin pour remobiliser et redonner un nouveau souffle à leur vie. Il y a tout un travail pour comprendre pourquoi ces personnes sont au chômage depuis si longtemps. Puis, on les aide dans l’objectif qu’elles quittent notre structure et qu’elles retournent vers l’emploi" explique Angélique Tavernier, la directrice de Cap Insertion.

Christele est ainsi couturière pour Cap Insertion. La structure reçoit des modèles commandés par de grandes maisons de couture parisiennes. Christele et ses collègues taillent et assemblent les pièces, toutes produites via des matières récupérées sur des vieux vêtements. "C’est valorisant" explique t-elle, "j’espère rester ici. Je sais que ce n’est pas trop possible mais j’espère quand même” avoue la couturière, entourée des chutes de tissus de l’atelier. "Je me pose souvent la question de ce que je vais faire après. On voit les jeunes qui galèrent, imaginez, moi j’ai plus de 60 ans et en plus j’ai un handicap. L’espoir de retrouver quelque chose… j’ai du mal avec ça. Je vis au jour le jour, je n’ai pas le choix."

Calais, ville nostalgique

C’est Antonin qui m’a dit ça, avec son regard aiguisé sur les réalités qui composent sa ville. "Calais est une ville nostalgique. Regarde ce panneau, la mairie essaie encore d’attirer les anglais, de faire revivre ce temps où ils s’arrêtaient ici et dépensaient leur argent. Mais c’est fini ce temps-là. Pour les anglais, c’est une zone de guerre ici, avec ce qu’ils voient de la crise migratoire. C’est sûr, ça devait être plus cool à l’époque, il y a avait plus de thunes, maintenant c’est mort." Calais serait donc une ville nostalgique. Du temps des touristes anglais en balade sur le front de mer, ou de ceux qui venaient acheter des produits détaxés dans cette ville-frontière. Nostalgique aussi, du temps où Calais était une place forte de l’industrie. "Moi je bossais dans la dentelle, chez Noyons, c’était une grosse entreprise" raconte Jonathan devant sa pinte de bière. Puis, Calais est frappé par une crise industrielle. Ses usines se délocalisent. Jonathan est licencié. "A cette époque, l’industrie textile s’est encore plus internationalisée avec un mouvement des entreprises vers l’Asie. Et puis, on a vu arriver des produits de substitution pensés pour le grand public. Ca ressemble à de la dentelle, ça s’appelle pareil mais techniquement ce n’est pas du tout la même chose que de la dentelle tissée" explique Anne-Claire Laronde, conservatrice à la cité de la dentelle.

"Beaucoup d’usines ont fermé, c’est terminé, tout a été repris par les chinois. C’est bien dommage" reprend Jonathan. Alors depuis 2006, il travaille…sur le port, lui aussi. Il est agent de sécurité pour un sous-traitant de la Société d'Exploitation des Ports du Détroit, ou SEPD, la société qui gère le port de Calais. Concrètement, il contrôle l’accès sur le site. "Oui, j’ai vite retrouvé du boulot dans la sécurité, sans le vouloir vraiment. Je devais faire 6 mois, ça va faire 18 ans."

Pourtant, la dentelle fait encore la fierté de Calais. En 2009, la ville inaugure la Cité de la dentelle et de la mode. Une façon de se rappeler sa gloire passée ? Ou de redynamiser une industrie sur le déclin ? Sûrement un peu des deux. "Il faut évidemment préserver ce patrimoine et le transmettre de générations en générations. Mais aujourd’hui nous sommes aussi un centre de ressource pour la filière. Par exemple, nous recevons ici la seule formation diplômante du métier. Des apprentis en bac professionnel pilote de chaîne de production spécialisés en dentelle sont envoyés par le lycée du Détroit pour apprendre directement sur ces métiers à tisser. On fait vraiment le lien entre le passé et le présentexplique Anne-Claire Laronde, conservatrice à la cité de la dentelle.

Fermetures d'usines et désindustrialisation

Le 24 septembre 2019, le tribunal de Boulogne-sur-Mer annonce la liquidation de plusieurs entreprises du secteur de la dentelle. Desseilles dentelle est liquidée, 58 emplois sont supprimés. Noyons Dentelle, entreprise vieille de 100 ans, est sauvée in-extremis par Pascal Cochez, un entrepreneur valenciennois qui la rachète. Là encore, la masse salariale se réduit. L’entreprise fusionne avec Darquer Dentelle. Une nouvelle société est née : Darquer et Noyons, dernier bastion de la dentelle de Calais. 

Sur le site historique de la rue des Salines, là où les métiers à tisser fonctionnent encore, dans le vacarme de la production, nous rencontrons Sébastien Bento-Soares, devenu directeur général de l’entreprise. Il doit maintenant stabiliser l'activité. "On est dans une phase de redéploiement économique. Chez nous, il y a des machines mais il faut surtout des gens derrière pour la faire fonctionner." Concrètement, l’entreprise recrute, prudemment, postes après postes. "Il faut remplacer le personnel qui part en retraite, et pour ça on cherche des gens dans la même pyramide des âges. Ici, la moyenne d’âge est de 50 ans, donc on recrute à compétences égales. Mais on se tourne aussi vers la jeunesse. Nous avons 4 alternants ici, dont deux en productions, sur les machines."

En tout, une centaine de personnes sont encore employées aux métiers de la dentelle par cette entreprise. Pour autant, le patron peine parfois à recruter. "On a construit une société de services. On a oublié l’industrie. D’ailleurs, on l’a vu avec le Covid qui a mis un effet loupe là-dessus. On s’est rendu compte qu’on était dépendant, qu’il nous fallait des masques mais qu’il était difficile de les produire chez nous. Il y a encore 30 ou 35 ans, il y avait des industries partout et ça tirait de l’emploi partout. C’est un choix, mais tout le monde n’est pas fait pour être banquier ou assureur. Il faut relancer l’industrie. Les machines, il faut les faire tourner." Un point de vue qui fait écho à une proposition reçue via make.org dans le cadre du dispositif Ma France 2022.

Il faut ré-industrialiser la France dans tous les domaines pour retrouver une indépendance et produire en qualité pour limiter le gaspillage.

Claude, 67 ans habitant du Pas-de-Calais

make.org

Assez logiquement, Sébastien Bento-Soares est attentif aux propositions des candidats à la présidentielle pour ce qui concerne l’emploi. "Mais pas seulement", précise-t-il. Il croit aux filières d’alternances qui se développent de plus en plus pour la formation. "C’est une impulsion politique à donner. C’est bien d’être exposé au monde de l’entreprise et de ne pas tout découvrir dans les livres. Quand on est jeune on ne sait pas forcément ce qu’on veut faire, donc il faut s’exposer à tout ça, au monde de l’entreprise. Et le gouvernement aide les entreprises pour ça, c’est bien, on forme des jeunes à un coût moins élevé. On prépare l’avenir."

Il faut revoir l’orientation des jeunes adolescents, proposer beaucoup plus d’immersion dans le savoir-faire manuel notamment.

Catherine, 56 ans, habitante du Pas-de-Calais

make.org

Pour l’entrepreneur, il est aussi important de revaloriser les filières professionnelles. "Les formations universitaires ne garantissent plus du tout d’avoir du travail, au contraire. Là, on rentre dans le culturel, dans la mentalité des gens. Mais il faut comprendre qu’on peut vraiment bien réussir sa vie en étant cuistot ou carreleur." Il conclut : "l y a aussi des freins à tout ça. Je pense qu’on ne favorise pas la formation d’un jeune ou un retour à l’emploi avec des aides à outrance. Un jeune qui touche 800 euros chez lui ou 800 euros pour une alternance… son choix est vite fait." 

Dernier jour à Calais. Je suis arrivé ici par le train avec des dizaines d'autres travailleurs. Aujourd'hui, je reprends le même chemin, dans le sens opposé. Autour de moi, d'autres travailleurs, eux aussi en fin de mission. J'ai passé trois jours avec eux, à commander des cafés, à leur demander un briquet pour tenter de créer un lien, à les écouter et à retranscrire ici leur parole. S'ils se croisent sans se connaître, si certains emploient quand d'autres sont employés, tous sont d'accord sur une chose. A Calais, la question de l'emploi est un enjeu majeur pour le futur de la ville. 

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