Lundi 2 mai, sur une seule journée, plus de 250 migrants ont tenté de passer la Manche clandestinement. Au total depuis le début de l'année, près de 7.000 personnes ont rejoint les côtes anglaises, selon le ministère britannique de la Défense.
La journée du 2 mai montre l'ampleur du phénomène. 250 migrants ont été repérés à bord de sept embarcations de fortune, traversant la Manche pour se rendre au Royaume-Uni, a indiqué le ministère britannique de la Défense.
Depuis le début de l'année 2022, près de 7.000 personnes ont rejoint les côtes anglaises clandestinement, selon un comptage de l'agence PA. C'est environ trois fois plus que l'année dernière sur la même période.
Vers un nouveau record de traversées
Si le Premier ministre Boris Johnson a fait de la lutte contre l'immigration illégale sa priorité après le Brexit, les traversées ont continué d'augmenter. Cette année, le nombre de traversées pourrait atteindre un nouveau record, dépassant celui de l'an dernier, déjà multiplié par trois par rapport à 2020.
Plus de 28.500 personnes ont effectué ces périlleuses traversées en 2021, année marquée par la mort de 27 migrants dans un naufrage du 24 novembre. Contre 8.466 en 2020, 1.843 en 2019 et 299 en 2018, selon le ministère de l'Intérieur.
À ces chiffres, s'ajoutent les indicateurs d'Utopia 56, une association qui vient en aide aux personnes en exil. "À Grande-Synthe, de janvier à avril 2022, les équipes d’Utopia 56 ont déjà reçu 36 appels de détresse en mer, contre 59 appels reçus sur l’ensemble de 2021", indique-t-elle dans un communiqué publié ce 2 mai. Ces appels sont ceux de migrants malmenés en mer, qui ne réussissent pas à joindre les secours maritimes ou bien décident de passer directement par l'association.
À Grande-Synthe, de janvier à avril 2022, les équipes d’Utopia 56 ont déjà reçu 36 appels de détresse en mer, contre 59 appels reçus sur l’ensemble de 2021
Utopia56Communiqué de presse du 2 mai 2022
Les raisons de ces départs ?
Comment expliquer la recrudescence de ces traversées en ce début d'année ? "La sur-militarisation du littoral nord conduit à une prise de risque plus grande, les départs se font plus tôt dans l’année, malgré des vents violents, une mer froide et agitée", dénonce Marguerite Combes, coordinatrice de l’antenne d’Utopia 56 à Calais. Flore Judet, de la même association, évoque une "amplification de la politique de harcèlement policier sur les migrants".
Autre explication donnée par un membre de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) : "il semblerait que les migrants soient mieux équipés". La météo favorable de ces dernières semaines pourrait, elle aussi, jouer un rôle d'accélérateur de passages en mer.
Aussi, depuis quelques années, les traversées à bord d'un camion ou d'une voiture dans le tunnel sous la Manche sont devenues une mission presque impossible. Des dizaines de kilomètres de grillages haute sécurité ont été installées dans le Pas-de-Calais, restreignant l'accès au port de Calais et à l'entrée du tunnel sous la Manche. Les fouilles des convois ont été intensifiées et du matériel de pointe permet de détecter d'éventuels intrus. Les migrants se sont ainsi tournés sur les passages en mer, à bord d'embarcation de fortune.
Le Royaume-Uni durcit sa politique migratoire
Pour décourager les traversées, le gouvernement britannique a fait inscrire la semaine dernière dans la loi une réforme controversée du droit d'asile, qui prévoit notamment d'envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile arrivés illégalement au Royaume-Uni, le temps que leur demande d'asile soit étudiée.
La nouvelle loi a été vertement critiquée par les organisations internationales et d'aide aux réfugiés. Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés a regretté mercredi un texte qui "sape les lois et pratiques internationales établies en matière de protection des réfugiés".
La surveillance des côtes françaises a également été renforcée, à la suite du dramatique naufrage du 24 novembre 2021. Avec notamment l'affrètement d'un avion de l'agence européenne Frontex, qui survole le littoral du Pas-de-Calais depuis le 1er décembre. Mais aussi des moyens engagés pour lutter contre les réseaux de passeurs.