PATRIMOINE. La dentelle de Calais et Caudry demande une Indication Géographique pour protéger son savoir-faire

L'Institut national de la propriété industrielle est habilité à homologuer des indications géographiques pour des produits et des savoir-faire ancrés dans des territoires en France. L'association "IG dentelle Calais-Caudry" a effectué une demande de reconnaissance.

Après la porcelaine de Limoges, les couteaux de Laguiole ou encore les Charentaises de Charente-Périgord, la dentelle de Calais et Caudry ? Le savoir-faire du Nord-Pas-de-Calais en matière de tissu raffiné pourrait recevoir une indication géographique (IG) de la part de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI).

Une homologation par l'INPI est un "signe officiel de qualité et d'origine délivré par l'État, comme une AOP ou une IGP pour les produits alimentaires", décrit Antoine Ginestet, responsable des IG à l'INPI.

Une demande de la part de l'association "IG dentelle de Calais-Caudry" a été déposée en avril dernier. Le 23 juin, l'INPI a ouvert une enquête publique ouverte à tous (particuliers, entreprises, collectivités locales...) pour récolter des observations. Cette enquête se clôturera le 23 août 2023.

Promotion, valorisation et préservation

Grâce à cette IG, l'association pourrait garantir la provenance et le lieu de fabrication de sa dentelle. Une IG sert autant à la "promotion et la valorisation d'un savoir-faire local", détaille Antoine Ginestet, qu'à la préservation de ce savoir-faire. Une entreprise qui s'installe sur ce territoire devra respecter le cahier des charges décidé lors de l'homologation de l'IG.

Il est impératif que l'INPI délivre cette homologation en étant sûre de ne pas laisser de côté certains acteurs de la fabrication. "Si on valide un cahier des charges qui exclut une entreprise qui ne fait pas exactement comme les autres pour des raisons écologiques ou économiques par exemple", les conséquences seraient très graves pour cette entreprise.

Une fois le cahier des charges validé par l'INPI, on n'a plus la main dessus. Seule l'association qui a fait la demande d'indication géographique pourra le modifier.

Antoine Ginestet, responsable des IG à l'INPI

C'est pour cela que l'enquête publique est mise en place. Chacun est libre de faire part à l'INPI des changements qu'il souhaiterait voir apportés au cahier des charges pour que cela corresponde mieux au patrimoine local.

Suivant les observations relevées lors de ces deux mois d'enquête, l'INPI peut ensuite demander des modifications de cahier des charges à l'association. Si ces modifications sont minimes, l'INPI peut procéder à l'homologation. En revanche, si les modifications sont conséquentes, une seconde enquête publique peut être demandée. 

Pour le moment, le cahier des charges pour la "dentelle Calais-Caudry" indique qu'il faut que la préparation des fils et toutes les opérations concourant à la fabrication de la dentelle soient réalisées sur une certaine aire géographique. 

En revanche, le cahier des charges stipule que la "création et les finitions ne sont pas obligatoirement réalisées sur l’aire géographique".

De la dentelle solide fabriquée sur les métiers Leavers

Cette indication géographique certifierait que les dentelles sont tissées exclusivement par des métiers à tisser Leavers (du nom de son inventeur) sur les bassins de Calais et de Caudry. Ces métiers sont très particuliers, car ils imitent la fabrication à la main : ils réalisent un produit artisanal avec une machine.

Cette machine est arrivée en France en 1816 d'Angleterre. Les fils sont entrelacés mécaniquement et c'est autour de Caudry et Calais que l'on sait le mieux s'en servir. Les métiers Leavers produisent des dentelles plus solides que les dentelles tricotées et sont bien plus rapides.

C'est grâce à ces machines en fonte qui pèsent plus de 10 tonnes que Calais a pu devenir la capitale de la dentelle, en se spécialisant dans la lingerie, tandis que Caudry se tourne plutôt vers les robes. Aujourd'hui encore, de nombreuses marques de couture fabriquent leur dentelle là-bas.

Huit entreprises sont concernées par cette demande d'indication géographique. Cela représente 400 emplois et un chiffre d'affaires d'environ 19 millions d'euros.

Cette IG serait la première indication géographique de la région des Hauts-de-France. Comme pour l'instant les entreprises locales ont l'air "extrêmement consensuel" sur le savoir-faire de la filière, cette IG pourrait être validée avant la fin de l'année 2023.

En France, seulement 14 indications géographiques sont homologuées par l'INPI. On connaît bien la porcelaine de Limoges, les couteaux Laguiole ou encore les charentaises de Charente-Périgord, mais il y a aussi la tapisserie d'Aubusson, le linge basque et le granit de Bretagne. 

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