Le Premier ministre Edouard Philippe effectuera un déplacement ce vendredi à Calais pour aborder les conséquences du Brexit, nous a indiqué la maire LR de la ville, Natacha Bouchart.
Edouard Philippe se rendra ce vendredi matin à Calais, a indiqué la maire LR de la ville, Natacha Bouchart. Le Premier ministre - qui était déjà passé par Dunkerque en novembre dernier - se rendra sur le port, au tunnel sous la Manche, à la mairie puis à la sous-préfecture pour aborder sans doute les conséquences du Brexit.Mardi, Jean-Marc Puissesseau, le président du port, a poussé un coup de gueule contre nos voisins d'outre-Manche. Alors qu'il a déjà investi plus de 6 millions d'euros pour le Brexit, le gouvernement britannique a annoncé 120 millions d'euros pour contourner les ports de Douvres et Calais.
Cette enveloppe a pour but de créer de nouvelle lignes transmanche, notamment entre Ramsgate, dans l'extrême sud-est de l'Angleterre, et Ostende en Belgique. Elle est destinée à trois compagnies - Brittany ferries, DFDS et les Anglais de Seaborne (une compagnie qui n'a pas encore de bateau), car les autorités britanniques craignent un engorgement en cas de Brexit "dur", à cause des contrôles douaniers. "Je pense que c'est complètement irrespectueux vis-à-vis de Douvres, irrespectueux pour le port de Calais, de donner 100 millions de livres, pour 3 compagnies, surtout une qui aujourd'hui n'existe que sur le papier", a dénoncé Jean-Marc Puissesseau. "Quand je pense que depuis 20 ans, nous contrôlons chaque camion qui part en Grande Bretagne pour voir si il n'y a pas de migrants."
Après une réunion avec plusieurs ministres à Matignon, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce jeudi le "déclenchement" d'un "plan de préparation" au Brexit, sur lequel le gouvernement travaille depuis avril, qui se traduira notamment par 50 millions d'euros de travaux d'aménagement dans les ports et les aéroports et près de 600 embauches (douaniers, vétérinaires...).
"L'hypothèse d'un Brexit sans accord est de moins en moins improbable. La responsabilité du gouvernement c'est que notre pays soit prêt, que les intérêts de nos concitoyens soient préservés et défendus", a-t-il affirmé sur le perron de Matignon. Un projet de loi français sur les conséquences du Brexit, présenté au Parlement l'automne dernier, doit être adopté définitivement ce jeudi par le Sénat.
Un plan de 50 millions d'euros
Après ce vote, le gouvernement va présenter cinq ordonnances en Conseil des ministres dans les trois semaines à venir, destinées à régler les problèmes épineux que posent un retrait britannique sans accord ordonné, a précisé le Premier ministre. L'une des ces ordonnances permettra "la réalisation en urgence" des infrastructures nécessaires au rétablissement des contrôles aux frontières d'ici au 29 mars, date prévue de sortie du Royaume-Uni de l'UE. Cinquante millions d'euros doivent être débloqués, notamment par les gestionnaires des ports (Dunkerque, Calais, Le Havre) et du tunnel sous la Manche.
Ils permettront par exemple de construire de vastes parkings pour les camions attendant les contrôles. Ces investissements "vont être lancés dans les jours qui viennent, les plans sont prêts", a assuré Edouard Philippe. Les régions françaises bordant la mer du Nord et la Manche (Hauts-de-France, Normandie, Bretagne) sont particulièrement inquiètes des conséquences économiques du départ britannique, a fortiori sans accord. D'autant que les ports en question, petits poucets par rapport à leurs grands concurrents comme Rotterdam ou Anvers, sont très dépendants des flux trans-Manche. Les entreprises françaises qui dépendent des échanges avec le Royaume-Uni sont également inquiètes, tout comme les marins-pêcheurs.
Le rejet massif par le Parlement britannique mardi de l'accord négocié entre Londres et Bruxelles a accru la possibilité d'un Brexit sans accord, particulièrement redouté par les milieux économiques. L'Elysée avait fait savoir mercredi que la France allait "accélérer" ses préparatifs à ce scénario. Si la Première ministre Theresa May, qui a survécu de justesse mercredi à une motion de censure, n'arrive pas à convaincre les parlementaires britanniques, d'autres hypothèses restent possibles, notamment un report de la date du 29 mars, ou, plus hypothétique, un second référendum. Bruxelles a exclu une renégociation du projet d'accord.