Traversées de la Manche : pour Natacha Bouchart, la réaction des Britanniques est "une déclaration de guerre"

Interviewée pour le journal télévisé de France 3 Hauts-de-France, Natacha Bouchart a condamné les récentes déclarations britanniques, notamment celle de faire intervenir la marine anglaise pour empêcher les traversées de migrants dans la Manche qu'elle qualifie de "déclaration de guerre".

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"C'est une déclaration de guerre maritime", estime Natacha Bouchart maire de Calais dans une interview donnée sur le journal télévisé de France 3 Hauts-de-France. Elle fait allusion aux propos de la ministre de l'Intérieur britannique, Priti Patel qui a requis l'aide de la marine à la suite d'une hausse des traversées de la Manche par des migrants. "Les Britanniques créent eux-mêmes cet appel d'air en ne voulant pas revoir leurs dispositifs d'accueil, en se contentant de donner des leçons et en faisant subir depuis trop longtemps cette situation aux Calaisiens", dénonce-t-elle. 

La marine britannique dit étudier la proposition de la ministre de l'Intérieur britannique. Celle-ci avait aussi demandé à Dan O'Mahoney, un ancien de la Royal Navy, de rendre "impraticables" les traversées illégales de la Manche. 

 "Nous à Calais, nous sommes hostiles à ce scénario", renchérit la maire de Calais. "Plutôt que d'accepter des migrants qui vont travailler au noir et de nous donner des leçons, Boris Johnson ferait mieux de déposer des textes de loi pour revoir les conditions d'accueil dans son pays."Le député du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont s'est montré lui aussi opposé aux déclarations britanniques. Sur la BBC, il rétorque que "c'est une mesure politique pour montrer ses muscles contre les passeurs et les traversées illégales, mais techniquement parlant, cela ne va rien changer", rétorque-t-il. Il propose une modification du droit d'asile pour permettre aux migrants de faire leur demande en dehors du territoire britannique. "Ce n'est pas tellement judicieux", juge l'édile calaisienne.

Le Royaume-Uni a décidé de sortir de l'Union européenne, je considère qu'il est temps d'aller jusqu'au bout du bras de fer avec ce gouvernement.

Natacha Bouchart, maire de Calais

"Ce serait encore à nous de devoir faire l'ensemble de l'accueil, des dispositifs et de la mise en œuvre", dénonce Natacha Bouchart. "Le gouvernement britannique doit prendre ses responsabilités sur place. Nous n'avons pas en permanence à subir économiquement, en termes d'image et d'accueil humanitaire."

En juillet, une "cellule franco-britannique de renseignement" dans la lutte contre les passeurs de migrants a été mise en place. Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait rappelé à son homologue britannique avoir besoin de "moyens supplémentaires". Selon le journal britannique The Telegraph, le gouvernement français demande 30 millions de livres (environ 33 millions d'euros). Seulement, pour la maire calaisienne, "négocier une enveloppe financière" n'est pas suffisant. "J'attends de Gérald Darmanin qu'il impose aux Britanniques d'arrêter leur appel d'air et qu'il pousse le gouvernement britannique à prendre des décisions pour qu'il choisisse, sur son territoire, sa politique migratoire. Nous ne voulons plus à Calais être les otages permanents et subir les leçons des dirigeants britanniques."

Plus de 4 000 migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni depuis début 2020

Selon le décompte de l'agence PA, plus de 4.000 migrants sont arrivés illégalement au Royaume-Uni par la Manche depuis le début de l'année dont environ 600 depuis jeudi dernier seulement, avec plusieurs jours de traversées à des niveaux record.

En deux ans, les techniques de passeurs ont évolué avec des mises à l'eau très rapide. "Les migrants sont posés en zone d'attente, ils savent l'endroit dans lequel ils doivent se positionner dans le cadre de l'arrivée des passeurs qui amènent le matériel sur place. Il est gonflé dans les 15 minutes, les migrants montent à bord et s'en vont", selon le capitaine Laurent Martin de Morestel, commandant adjoint de la compagnie de gendarme de Calais. 

Des effectifs supplémentaires ont déjà été déployés sur les côtes françaises face à cet afflux. En juillet, 10 fois plus de traversées ont été empêchées qu'en juillet 2019. 4 fois plus d'embarcations et de matériels ont aussi été découverts dans les dunes. 
 
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