Nos confrères du Guardian révèlent qu'au moins trois exilés erythréens se sont suicidés ces derniers mois. Ils étaient passés par Calais alors qu'ils étaient encore mineurs.
Ils étaient à peine majeurs. Trois garçons de 18 et 19 ans, qui se connaissaient, se sont suicidés en Angleterre au cours des six derniers mois, révèlent nos confrères du Guardian. De nationalité érythréenne, tous étaient passés par Calais, alors qu'ils étaient encore mineurs.
Au moins trois jeunes Érythréens arrivés au Royaume-Uni après #Calais se sont suicidés dans les six derniers mois.
— Mathilde Robert (@MathildeR0BERT) June 21, 2018
At least three teenage Eritrean refugees who arrived in Britain from the camps of #Calais have killed themselves in the past six months.https://t.co/GwclJp7d4f
"Filmon Yemane venait d'avoir 18 ans lorsqu'il s'est suicidé en novembre. Alexander Tekle, également âgé de 18 ans, s'est donné la mort quinze jours plus tard, en décembre, un an après son arrivée au Royaume-Uni, caché derrière un camion réfrigéré. Un troisième adolescent, N (que le Guardian ne nomme pas, à la demande de sa famille), s'est tué le mois dernier, à l'âge de 19 ans, dans la même auberge du Nord de Londres où Yemane était resté", précisent nos confrères.
Des traumatismes sur la route et à Calais
Une série de suicides qui relance le débat sur la question de la prise en charge des mineurs isolés, que ce soit en France ou en Angleterre. "Tous avaient vécu des expériences extrêmement traumatisantes, avaient fui les conflits et rencontré de multiples dangers en route vers le Royaume-Uni, notamment dans l'environnement souvent violent de Calais", poursuit le Guardian. Puis, une fois arrivés en Angleterre, a commencé un long processus de demande d'asile.
Hamid, un ami des trois garçons, explique ainsi que ses camarades étaient extrèmement stressés du temps d'attente pour obtenir l'asile. Lui-même arrivé en Angleterre il y a trois ans, à l'âge de 15 ans, n'a toujours pas obtenu son statut de réfugié.
Alexander Tekle, avant d'arriver en Angleterre, se trouvait à Calais "où il a vécu seul sous une tente pendant un an, sous réserve d'abus et de négligence", précise Benjamin Hunter, qui travaillait alors avec les mineurs isolés à Calais.
Un rapport sur la souffrance psychique des exilés
La semaine dernière, un jeune Ghanéen de 19 ans s'est suicidé au centre d'accueil de Croisilles, en France. Quelques jours avant la publication d'un rapport sur "la souffrance psychique des exilés", par le Centre Primo Levi, avec Médecins du monde.
"On constate que les personnes qui arrivent en France, après avoir fui la guerre et ses atrocités, voient leur santé psychologique continuer à se dégrader à l'intérieur même de l'héxagone", expliquait alors Joséphine Vuillard, responsable communication et plaidoyer au Centre Primo Levi.
Le rapport complet à retrouver ► ici.