Crise de l'énergie : après Béthune, des communes du Pas-de-Calais réclament l'autorisation d'exploiter leur gaz de mines

Depuis 2019, la commune de Béthune s'alimente en partie avec le gaz issu de l'exploitation minière du charbon. Alors que ce dispositif expérimental a fait ses preuves, d'autres commune du Pas-de-Calais réclament le droit d'exploiter cette ressource, dans un cadre assuré par l'Etat.

En 2019, profitant d’une autorisation délivrée par l’Etat à titre expérimental, Béthune se lançait dans l’exploitation du gaz des mines. Cette ressource, qui dort dans les quelque 100 000 kilomètres de galerie du bassin minier, a été générée pendant les centaines d’années par une autre industrie, l’exploitation du charbon. C’est ce qu’on appelle une "énergie de récupération". A défaut d’être renouvelable, elle permet tout de même des économies substantielles et une limitation des polluants libérés dans l’atmosphère.

Quatre sites seulement, sur une centaine d’évents miniers encore debout dans le Nord et le Pas-de-Calais, sont exploités à ces fins à Lourches, Avion et Divion. Alimentée par un seul puit basé à Divion, Béthune estime aujourd’hui alimenter 6000 logements, avec une économie d’environ 450 euros par an et par logement. 

"On a une mine d'or dans le sous-sol que l'on exploite pas !"

En pleine flambée des prix de l'énergie, l'idée est encore plus séduisante et d'autres communes du bassin minier réclament, à leur tour, le droit d'exploiter cette énergie issue du travail des mineurs nordistes. "On a une mine d'or dans le sous-sol que l'on exploite pas ! constate Frédéric Wallet, maire de la commune de Haisnes. Sur ma commune, j'ai un évent qui produit en permanence du méthane. Ce sont plusieurs mètres cubes qui partent à l'air libre chaque jour, alors que c'est un gaz largement plus polluant que le dioxyde de carbone.  Aujourd'hui, 9 milliards de mètres cubes partent en l'air en un an sur la totalité du bassin minier. On pourrait fournir 400 000 logements, c'est énorme."

Mais pour Frédéric Wallet, l'Etat a créé sur la question une situation de blocage. En effet, il exige de l'exploitant la prise en charge de la sécurisation totale des lieux. "On parle de 100 000 km de cavernes, avec des affaissements miniers qui sont un risque réel, et l'Etat attend de l'exploitant du gaz de mines qu'il prenne la responsabilité de 300 ans d'exploitation du bassin minier", s'agace l'élu. Car le coût, exorbitant, n'est pas à la portée de la Française de l'énergie, opérateur potentiel de l'exploitation. "On parle sans doute de technocrates parisiens qui veulent se préserver à tout prix. Alors qu'on pourrait récupérer ce gaz du jour au lendemain" assène Frédéric Wallet.

Les conseils régional et départementaux, ainsi que l'association des communes minières, se joint à ce combat pour l'exploitation des énergies de récupération. "Tout ceux qui ont un évent sur leur commune n'attendent que ça. On évite la production de gaz à effet de serre, et on fait baisser la facture pour les contribuables comme pour des entreprises qui souhaiteraient s'installer" vante le maire de Haisnes. 

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