Deux associations accusent Herta d'avoir des emballages "plein de vide" pour leurs lardons. La marque du groupe Nestlé explique ses choix de conditionnement pour ses produits fabriqués à Saint-Pol-sur-Ternoise dans le Pas-de-Calais.
Mardi 27 juin, les associations Foodwatch et Zero Waste France ont mis en demeure cinq marques vendues en supermarchés. Elles les accusent d'avoir des emballages surdimensionnés pour leurs produits, créant ainsi davantage de déchets qui pourraient être évités.
Les marques concernées sont Carambar, Côte d'Or (Mondelez), Daco Bello, Rana et Herta. "Avec cette mise en demeure, nous donnons 30 jours à [ces entreprises] pour qu'elles retirent leurs produits du marché et s'engagent à ne plus commercialiser de produits "pleins de vide"", affirment les associations dans un communiqué. Sans réaction de leur part, Foodwatch, une association de défense des consommateurs, et Zero Waste, qui lutte contre les déchets, s'engagent à saisir la justice.
Parmi les produits concernés, on retrouve notamment les lardons de la marque Herta.
Selon les calculs des associations, une barquette d'allumettes de lardons de la gamme sans nitrite de Herta contient 54% de vide.
Ces lardons sont fabriqués dans l'usine de Saint-Pol-sur-Ternoise dans le Pas-de-Calais. Cette usine assure également la production de saucisses, de jambon et de croque-monsieur. "L'usine est aujourd'hui l'un des plus importants sites industriels de Nestlé en France", assure la marque sur son site.
"Si pour l'industrie agroalimentaire, le vide peut parfois être nécessaire, par exemple pour protéger un aliment lors de son transport ou mieux préserver sa qualité, dans les exemples pointés du doigt, les emballages contiennent un vide inutile qui pourrait être réduit", estiment les associations.
Leur action se fonde sur les codes de l'environnement et de la consommation : le premier prescrit dans un article que "l'emballage doit être conçu et fabriqué de manière à limiter son volume et sa masse au minimum nécessaire pour assurer un niveau suffisant de sécurité, d'hygiène et d'acceptabilité" et le second donne la définition d'une pratique commerciale trompeuse. Ainsi, des emballages trop grands par rapport à leur contenu peuvent donner l'impression (trompeuse) aux clients d'acheter une quantité plus importante.
Le "remplissage est parfaitement visible pour le consommateur"
Ce mercredi 28 juin, Herta leur a répondu. Dans un communiqué, la marque "tient à rappeler que les barquettes plastiques sont des garantes de l'intégrité et de la sécurité alimentaire des produits frais" et que "conformément à la réglementation en vigueur, le grammage des allumettes est indiqué en face avant de l'emballage". Par ailleurs, elle souligne que l'emballage étant transparent, le "niveau de remplissage est donc parfaitement visible pour le consommateur".
Pour ce qui est de la mise en barquette des lardons, opération effectuée dans le Pas-de-Calais, la marque explique que la viande "doit être opérée à une température négative" pour en faciliter le tranchage. Ainsi, les allumettes "encore rigides" sont déposées "de manière aléatoire" dans leur barquette, ce qui "a pour effet d'occuper l'intégralité du volume de l'emballage".
Ensuite, les lardons "retrouvent une certaine souplesse" lorsqu’ils sont placés dans une température entre 0 et 4°C, ce qui libère de l'espace dans la barquette "non disponible lors de la phase de remplissage", affirme Herta.
"L'étape suivante, visant à sceller l'opercule sur la barquette, implique que les allumettes ne débordent pas sur les bords et ne puissent pas remettre en cause la parfaite étanchéité de l'emballage. Ceci afin d'assurer la conservation du produit et de prévenir un gaspillage inacceptable", assure encore la marque.
Sans réponse officielle, les associations pourraient les poursuivre
Foodwatch "salue" la réaction de la marque mais "regrette que la responsabilité soit reportée sur le consommateur" qui devrait retourner le paquet pour voir son contenu, explique Audrey Morice, chargée de campagnes à Foodwatch. En revanche, l'association attend bien plus qu'un communiqué de presse de la part de la marque :
Ce dont on a besoin, c'est d'apprécier dans le cadre d'un processus juridique la réponse que vont envoyer leurs avocats à la mise en demeure de nos avocats.
Audrey Morice, chargée de campagnes à Foodwatch
Les cinq marques concernées par cette mise en demeure ont un délai de 30 jours pour revenir vers les avocats des deux associations. "C'est un dialogue que l'on a engagé, décrit Audrey Morice. Si les marques ne répondent pas, nous nous réservons le droit d'avoir recours à la justice." Si les marques se voyaient sanctionnées par la justice, cela pourrait créer une jurisprudence valable pour de nombreux acteurs de l'industrie alimentaire.