Hénin-Beaumont : l'ancien maire Binaisse au tribunal pour favoritisme, la mairie FN partie civile

Le procès pour favoritisme de l'ancien édile de Hénin-Beaumont Eugène Binaisse et de sept collaborateurs, mercredi et jeudi devant le tribunal correctionnel de Béthune, contient en germe tous les ingrédients pour un règlement de comptes entre ex-municipalité de gauche et maire FN actuel.

Quand le frontiste Steeve Briois est élu maire en 2014, il trouve sur son bureau deux dossier "explosifs", avance l'un de ses proches, ancien élu municipal : "des emprunts toxiques dont les clauses nocives pouvaient atteindre 10 millions d'euros", et "un contentieux avec une société qui réclamait 10 millions d'euros".

Ces finances plombées conduisent aussi le maire à exhumer ce qu'il considère comme des irrégularités commises par la municipalité de gauche précédente, concernant plusieurs marchés publics qui auraient été attribués avec un "avantage injustifié" : sonorisation, construction d'un crématorium, étude d'une piscine, etc.

Le procureur de la République de Béthune se saisit alors de ces dossiers et poursuit Eugène Binaisse et des collaborateurs, tandis que Steeve Briois se constitue partie civile. "C'est un vieux système que l'on pensait terminé avec Gérard Dalongeville (ancien maire de gauche de la ville entre 2001 et 2009 et condamné depuis, ndlr), mais qui a perduré, certes de manière moindre", commente le proche de Steeve Briois. 


Tribunes politiques


"Il y a eu quelques maladresses techniques, de là à dire qu'il y a eu ostensiblement prise illégale d'intérêts et délit de favoritisme...", soupire Eugène Binaisse, maire divers gauche de 2010 à 2014. L'ancien édile compte les assumer devant le tribunal, même si c'est son responsable des marchés publics Christian Huyghe qui sera en première ligne. Six autres prévenus comparaîtront.

En filigrane, le procès pourrait servir de tribune aux majorités respectives, chacune tentant de faire valoir ses mérites. Le FN se targue d'avoir assaini les finances publiques. "Ils claironnent partout qu'ils ont baissé les impôts, or c'est nous qui avions inscrit cette baisse au budget", explique M. Binaisse. Celui-ci rappelle que "la cour des comptes régionale, dans ses conclusions en 2012, avait précisé qu'on avait déjà remonté les finances", après le mandat de Gérard Dalongeville.


Précédentes condamnations


Les finances avaient été compromises par plusieurs années de gestion douteuse. Par exemple, entre 2006 et avril 2009, un système de fausses factures mis en place par la mairie d'Hénin-Beaumont avait permis que des entreprises n'honorent jamais les prestations correspondantes.

Maire durant cette période, Gérard Dalongeville avait donc été condamné en août 2013 par le tribunal correctionnel de Béthune à quatre ans d'emprisonnement, dont trois ferme, à cinq ans d'inéligibilité et à 50.000 euros d'amende, pour détournements de fonds publics, délits de favoritisme et usages de faux, au préjudice de la commune du bassin minier.

La classe politique traditionnelle, alors discréditée, avait été sanctionnée dans les années suivantes par les habitants du bassin minier, notamment par l'élection, en juin 2017, de cinq députés frontistes.


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