Inondations : les bateliers du Pas-de-Calais réclament une politique nationale d'indemnisation

"L'impression d'être oubliés", c'est ce que l'association de bateliers UNI-FLUV a confié à la sénatrice Amel Gacquerre, samedi 17 février 2024, à l'occasion d'une conférence de presse à Béthune. Les mariniers ont pu exprimer leur désarroi et alerter sur les répercussions économiques des inondations de l'hiver dans le Pas-de-Calais. Ils réclament une action de l'Etat.

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Fraîchement constituée, l'association UNI-FLUV a conjointement organisé une conférence de presse avec la sénatrice Amel Gacquerre samedi 17 février 2024. Une discussion pour "préciser vos revendications et demandes", explique celle qui est aussi conseillère régionale. Ils entreprennent ainsi une lutte : celle pour l'indemnisation des bateliers à la hauteur des pertes engendrées par les inondations de l'hiver.

Un manque à gagner estimé à 2,7 millions d'euros selon Kevin Jaillon, vice-président de l'association, du fait de l'interdiction de navigation décrétée à deux reprises, "un mois en novembre et deux semaines en janvier" témoigne-t-il.

Cet arrêt forcé, le marinier depuis neuf ans le regrette. Il est dû à l'entassement des tuyaux des pompes dans les sas des écluses, initialement utilisées pour franchir l'amont vers l'aval, et inversement. Reconnaissant l'importance du drainage de l'eau lors de telles crues, Kevin Jaillon s'indigne du choix de cette technique qui empêchait leur activité.

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Il "aurait suffi d'allonger les tuyaux et de placer les pompes différemment" pour "qu'on puisse continuer à faire marcher le trafic fluvial" argue-t-il. En attendant, lui et la vingtaine de mariniers touchés par les inondations ont entamé des procédures judiciaires afin de réclamer une "indemnité convenable".

Pallier financièrement les dommages

Demander la prise en charge totale des pertes dues aux inondations, ça serait "croire au Père Noël", reconnaît Kevin Jaillon, mais ce n'est pas l'envie qui manque. Pour lui, l'aide de 5 000€ annoncée par le gouvernement pour les très petites entreprises et indépendants - dont les bateliers - est "dérisoire".

Marinier sur un bateau de 1 265 tonnes, le professionnel estime ses propres pertes liées aux inondations à 36 000€. À cela s'ajoutent des problèmes quotidiens comme le prix du carburant, le poids des charges sociales et salariales ainsi que celui des droits d'exploitation.

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Une rente mensuelle au profit des Voix Navigables de France (VNF) qui est calculée en fonction du tonnage transporté et de la localité d'exploitation. Installé à Douai, Kevin Jaillon débourse 800 à 1 000€ chaque mois pour avoir le droit de se déplacer sur les cours d'eau des Hauts-de-France.

Les discussions avant les actions

Des voies fluviales particulièrement importantes en France, qui constituent "l'un des plus grands réseaux d'Europe" mais aussi un des "moins exploités", se désole le batelier dont la filière ne représente "que 2% des transports français". Une infériorité qui accentue le sentiment d'invisibilité face aux pouvoirs publics, l'impression d'être "complètement oubliés" qui pose la "question plus profonde du soutien de l'Etat et du gouvernement", selon la sénatrice Amel Gacquerre.

Alliée des mariniers, elle va tenter d'obtenir un rendez-vous avec le Ministre des transports, Patrice Vergriete, et le Premier Ministre, Gabriel Attal, afin de faire remonter la situation de ces profesionnels qui ont besoin d'aide. Ils ne l'attendront pas indéfiniment. Pour l'heure, ils requièrent un "semblant d'indemnité" en urgence. A long terme, la sénatrice imagine une politique nationale basée sur un dispositif pérennne pour "ne plus avoir à quémander" des aides à chaque incident climatique.

Si le gouvernement fait la "sourde oreille", les bateliers se disent prêts pour une mobilisation dans la capitale, notamment pendant les Jeux Olympiques 2024. Certains adhérents de l'UNI-FLUV seront impactés par l'exploitation de la Seine pour les cérémonies et la compétition. Des pourparlers sont en cours afin de laisser passer les bateaux à des horaires définis.

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