Le phénomène est de plus en plus courant. Les décharges sauvages se multiplient dans nos paysages et notamment dans les champs. Le weekend du 15 août a réservé une mauvaise surprise à un agriculteur de Montigny-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais.
Il est dégoûté. "Imaginez ce que vous penseriez s'il y avait ça dans votre jardin". François Legay est agriculteur dans la région d'Arras. Il y a quelques années, il a repris les terres de son beau-père à Montigny-en-Gohelle. Un peu plus loin de chez lui. Un peu plus loin de sa surveillance. C'est un voisin qui l'a alerté après le weekend du 15 août. "Va voir, il y a des camions qui ont reculé dans ton champ".
Une décharge à quinze jours de la récolte
Quand il arrive sur place, François Legay ne peut que constater les dégâts. A 15 jours de la récolte, plusieurs poids lourds sont venus renverser leur cargaison de déchets au beau milieu de son champ de maïs. Pour manœuvrer plus discrètement, les camions ont roulé dans la parcelle et écrasé les cultures. C'est une saignée dans le paysage.
Le spectacle est désolant : gravats, pneus, meubles, jouets… et même un soutien-gorge. Un amoncellement d'immondices abandonnés en pleine nature. "C'est dégueulasse", déplore l'agriculteur. "Quand on va venir pour la récolte, il faudra faire attention qu'il n'y ait pas de corps étrangers qui remontent dans l'ensileuse. C'est un maïs destiné à l'alimentation animale. Il va falloir faire attention que ce maïs soit consommable".
Une enquête de la police
"On dirait que c'est une entreprise du bâtiment", déplore l'adjoint au maire en charge des travaux et de l'environnement de Montigny-en-Gohelle. Stanislas Smuraga est arrivé sur place dès la matinée. Ce type d'incivilités n'est pas rare en zone périurbaine : "Ça arrive fréquemment que des gens déposent des gravats dans le secteur. Généralement, on essaye de les enlever. Parfois, on les laisse et c'est recouvert par les ronces. Là, c'est la première fois que ça arrive de façon aussi importante".
L'adjoint en appelle à trouver les responsables. "Il faut les faire payer". La police est rapidement venue constater le déchargement illégal. Des forces de l'ordre à la recherche d'un nom, d'une facture pour identifier les auteurs du méfait.
Qui va nettoyer ?
En attendant, il faudra nettoyer. L'agriculteur espère un coup de main de l'agglomération. Le chantier sera forcément long et pénible. "Là, il va falloir que je vienne avec un télescopique, des remorques et du matériel adéquat".
Après la récolte du maïs, qui va nettoyer la parcelle ? Ben, tout le monde va se rejeter la balle et ça va retomber sur le dos de l'agriculteur qui va devoir se débrouiller.
François Legay, agriculteur
Du côté de la chambre d'agriculture du Pas-de-Calais, on connait le problème. Lucie Delbarre reconnait qu'il faudra sérieusement se pencher sur ces méfaits avec les autorités. "Il y en a de plus en plus. Ça devient une vraie calamité, une vraie problématique. Le pire, c'est dans les parcelles légumières. Ça peut représenter un danger pour la récolte et pour les consommateurs".
Décharger illégalement ses déchets permet d'éviter un passage en déchèterie. Mais ce désir d'économie peut aussi coûter très cher. Les peines encourues dépendent de plusieurs paramètres. Particulier et professionnel, à pied ou motorisé, la loi (code de l'environnement et code pénal) prévoit différents cas de figure.
Quelles sanctions ?
Un abandon ou dépôt de déchets par un particulier entraînera une amende de 68 euros, majorée à 180 euros en cas de paiement tardif et au maximum à 450 euros. L'amende peut monter jusqu'à 1500 euros en cas d'abandon de déchets via un véhicule. Sanction beaucoup plus sévère pour une entreprise : 2 ans de prison et 75 mille euros d'amende.
A Montigny-en-Gohelle, François Legay va évidemment porter plainte. L'agriculteur craint surtout pour sa récolte.