1er décembre 1990. 12h12. L'Angleterre n'est plus une île. Opérateur du tunnel sous la Manche, le français Philippe Cozette sert la main de son homologue britannique Graham Fagg. Aujourd'hui, il partage la peine des anglais.
Il coule désormais une retraite paisible, mais bien remplie dans son petit village de Peuplingues, dans le Calaisis. Philippe Cozette se souvient comme si c'était hier de ce jour où il a percé les derniers centimètres de roche qui le séparait de son collègue anglais Graham Fagg et de la poignée de main historique qui matérialisait définitivement ce trait d'union entre leur deux pays.
Epopée qu'il raconte aujourd'hui, volontiers et inlassablement aux touristes qu'il rencontre en sa qualité de bénévole accueillant (greeter) au sein de Pas-de-Calais Tourisme. Parmi eux un certains nombre d'Anglais dont il partage la tristesse.
" Comme tous les français, je ressens de la tristesse, nous assistons à la disparition d'une grande dame. Certes ça ne se passe pas dans notre pays, mais Elizabeth II est reconnue et très respectée au niveau international."
Et en ce jour si particulier, l'ancien foreur aujourd'hui âgé de 69 ans se souvient du jour où il a rencontré la Reine. C'était en 1994 à l'occasion de l'inauguration du tunnel sous la Manche.
"Le président de la République de l'époque François Mitterrand était à ses côtés. moi je faisais partie de la délégation du tunnel sous la Manche. Mais le protocole était très strict. Nous n'étions pas censés bouger et nous devions laisser le président et la reine prendre l'initiative s'il voulaient s'approcher de nous."
C'était très émouvant et assez impressionnant. Elle était à deux mètres de moi.
Malgré les toilettes de la reine toujours originales et très remarquables, Philippe Cozette ne décrit pas Elizabeth II comme quelqu'un d'extravagant, mais plutôt comme "une petite dame très coquette et très colorée. Elle paraissait extrêmement gentille et nous a salués d'un signe de la tête accompagné d'un sourire. C'était très émouvant et assez impressionnant. Elle était à deux mètres de moi."
Une expérience unique qui a marqué à vie Philippe Cozette et ses collègues. Alors lorsqu'il a entendu en milieu de journée, que les médias évoquaient dès midi les préoccupations des médecins quand à l'état de santé de sa majesté, il a suivi l'évolution de la situation.
"Et lorsque l'émission que l'étais en train de regarder a été interrompue, j'ai compris tout de suite que la reine était décédée. Je me suis aussitôt senti solidaire de la peine des britanniques. Je n'ai rien prévu de spécial pour marquer le coup, mais comme j'habite sur la côte, j'irai quand même en bord de mer faire un coucou aux anglais."
Jusqu'à la crise du Covid, Philippe Cozette empruntait régulièrement le tunnel pour rendre visite à son ami Graham Fagg. Mais les 2 hommes se sont perdus de vue à l'occasion des confinement successifs et n'ont pas eu l'occasion d'échanger sur la disparition de la reine.