Une correspondance de 1916 entre un soldat anglais de 19 ans et ses parents a été retrouvée dans un appartement de Noeux-les-Mines (Nord) en janvier 2021. Grâce à deux passionnés d'histoire, son identité a pu être retrouvée. Dimanche 9 mai, anniversaire de sa mort, ils se sont rendus sur sa tombe.
Le 9 mai 1917, en pleine Première Guerre mondiale, William Swift, un soldat anglais de Liverpool, âgé de 19 ans, mourait au combat. Il laissait avec son décès une correspondance fournie, notamment avec ses parents, dans un appartement situé sur la route Nationale de Nœux-les-Mines.
104 ans plus tard, en janvier 2021, les nouveaux propriétaires de l'appartement, un couple, décident de faire des travaux et de changer le parquet. C'est alors qu'ils découvrent des lettres, pas toutes en bon état, sous les lattes. "Nous avions besoin de changer le parquet parce qu’il était ancien et que ma belle-fille n’arrivait pas à dormir à cause des souris qui couraient dessous", raconte avec le sourire Philippe Golliot, le propriétaire de l'appartement. Les lettres ont failli rester dans la poubelle dans laquelle les ouvriers venus faire les travaux les avaient placées, n'arrivant pas à déchiffrer ces missives en anglais. Finalement l'épouse de Philippe est allée les récupérer et les a confiées à son mari, professeur d'anglais.
Avec l'aide de son collègue Marc Slivsek, professeur documentaliste et passionné d'histoire, ils se mettent en tête de découvrir l'identité du jeune soldat. Une quête pas évidente tant les informations qu'ils ont à disposition sont partielles. Pendant trois mois, les recherches prennent une bonne partie de leur quotidien. Ils finissent par déterminer le parcours du poilu et son nom. "C’était un soldat de l’armée britannique et il est mort lors de la deuxième ou troisième bataille d’Arras en 1917", aime raconter Marc Slivsek. "Au début, nous avons dû faire des suppositions sur son nom car il n'était pas inscrit en entier sur les lettres. Ensuite quand nous avons découvert qu'il s'appelait Swift, ce n'était pas suffisant pour l'identifier car en Angleterre ce nom est courant comme les Martin et les Dupont en France", continue-t-il en précisant que le gamin mort au combat venait de Liverpool.
"Sa mère demande des nouvelles et semble avoir besoin d’être rassurée sur la vie de son fils. Comment va-t-il ? Est-ce que ça se passe bien ?"
Malgré leur bonne volonté, les informations sur le soldat restent limitées. Aucune photo n'a pu être retrouvée. Mort à 19 ans, il avait huit frères et soeurs et s'était engagé à 15 ans en mentant sur son âge. "Tout n’est pas fini, il y a encore des recherches à faire pour honorer sa mémoire", veut croire Marc Slivsek. Grâce à l'aide du Mémorial de Souchez, à qui ils ont remis les lettres, et à Facebook, le contact a pu être noué avec les descendants de William Swift. Son arrière-petit neveu devrait d'ailleurs rapidement venir en France pour visiter l'endroit dans lequel son lointain aïeul a passé ses derniers mois.
Son ami Philippe Golliot précise le contenu des lettres des parents : "Sa mère demande des nouvelles et semble avoir besoin d’être rassurée sur la vie de son fils. Comment va-t-il ? Est-ce que ça se passe bien ? Son père lui dit que la guerre ne va pas durer longtemps et qu'il devrait bientôt rentrer. On va pouvoir reprendre nos balades et nos virées comme on faisait en Angleterre, écrit même le père !". Le professeur d'anglais se souvient avoir ressenti beaucoup d'émotions lorsqu'il a commencé à traduire ces échanges : "J’ai compris la très forte portée de ces mots. Je me suis immédiatement dit qu'il fallait faire quelque chose pour faire revivre ce soldat." Ils y sont parvenus.
[AIDEZ-NOUS À RETROUVER LES DESCENDANTS DE WILLIAM SWIFT] ? Il y a quelques semaines, nous avons été contacté par...
Publiée par Mémorial' 14-18 Notre Dame de Lorette sur Dimanche 25 avril 2021
En ce 9 mai, date anniversaire de la mort de William Swift, les deux hommes ont décidé d'honorer la mémoire du soldat en se rendant sur sa tombe, au Tilloy British Cemetery de Tilloy-lès-Mofflaines (Pas-de-Calais). "C’est une fierté pour moi d'avoir contribué à le sortir de l'anonymat. Ces soldats ont défendu la France et sont morts pour elle. Ils ont accompli un acte de bravoure", s'exalte Marc Slivsek. Mort et enterré loin de sa famille, William Swift a peut-être reçu en ce dimanche de mai la première visite de son repos solitaire entamé il y a plus de 100 ans.