Les trous d'eaux, aussi connus sous le nom de baïnes dans le sud-ouest de la France, sont responsables de beaucoup d'accidents sur les plages durant l'été. Lucie Gambart, sauveteuse de la SNSM sur la plage d'Equihen (Pas-de-Calais) nous explique comment les repérer et les éviter.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Elles s'appellent baïnes dans le Sud-Ouest et bâches dans le Nord, voire poul­dour en Bretagne. Ces formations géologiques à l'apparence de crevasses plus ou moins grandes sur nos plages figurent parmi les plus grands dangers de la baignade. Si les bâches ne sont pas la seule cause d'accidents tragiques sur les plages l'été, elles y contribuent souvent.

Et en ce mois d'août 2024 dans les Hauts-de-France, les interventions des secours s'enchaînent pour porter secours aux personnes en difficulté dans l'eau ou sur les plages. Le 10 août à Wissant (Pas-de-Calais), un groupe de sept touristes pris au piège de la marée a été secouru et le 15 août, trois enfants se sont trouvés en difficulté alors qu'ils se baignaient à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). L'un des trois n'a pas pu être sauvé.

Lucie Gambart, sauveteuse de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) , nous en dit plus sur ces dépressions géologiques temporaires et leurs dangers. "Ce sont des gros trous d'eau qui se forment avec le mouvement des marées, résume simplement la jeune femme en poste à Equihen Plage (Pas-de-Calais), et c'est l'un des plus gros dangers de la plage."

Des trous d'eau avec de forts courants

Les bâches ne sont pas présentes partout sur la Côte d'Opale et n'ont pas d'endroits fixes, mais elles sont très fréquentes dans le secteur de la sauveteuse, de la crique de la crevasse jusqu'à la ville d'Hardelot. L'adjointe au chef du poste d'Equihen affirme avoir déjà sauvé deux personnes de la noyade sur sa plage depuis le début du mois.

Mais comment les reconnaître ? Émergées sur le sable, au plus bas de la marée, les bâches ressemblent à des bassines plus ou moins profondes et parfois remplies d'un peu d'eau salée chaude, dans lesquelles les bambins pas encore en âge de nager aiment barboter.

À lire >> Grandes marées : des forts coefficients attendus du 20 au 24 août dans les Hauts-de-France, les services de l'État appellent à la vigilance

Attention cependant, la prudence est de mise à tout instant. Lorsque la marée descend, "l'œil de la bâche va se vider et le courant très fort emmène les nageurs vers le large".

Lorsque la marée monte, "les personnes se font avoir parce qu'elles se trouvent juste derrière les trous", qu'elles ont passés à pied sur la plage à sec. Le temps de la baignade, l'eau est montée et a recouvert les cuvettes.

"Les baigneurs sont obligés de repasser par ces trous pour revenir sur la plage et, en plus des forts courants, ils ne s'attendent pas à ce que la hauteur d'eau change brutalement", développe Lucie Gambart.

Si on est pris dans le courant d’ar­ra­che­ment de la bâche, mieux vaut alors éviter de nager à contre-courant au risque de s'épuiser pour rien, même pour les excellents nageurs. L'idée est de se laisser emporter en gardant la tête hors de l'eau et en attirant l'attention des secours. Vous pourrez ensuite nager paral­lè­le­ment à la plage et essayer de rejoindre la côte quand vous vous trou­ve­rez dans des eaux avec moins de courant ou des vagues pour vous rame­ner à terre.

Certaines personnes peuvent aussi se faire encercler par l'eau sur des bancs de sable. Pour éviter de se mettre en danger, il est utile de se renseigner sur les horaires de marée avant de se baigner et de rester dans le périmètre surveillé des maîtres-nageurs, symbolisé par des drapeaux. Et même si cela peut paraître contre-intui­tif, il vaut mieux se baigner dans les vagues.

Prévention pour tout le monde

"Nos zones de baignade sont prédéfinies à l'avance dans la région mais si le danger est trop grand, on peut aussi décaler les estivants vers la gauche de la plage et on réduit la surface de baignade". Une technique que les sauveteurs ne peuvent mettre en place que lorsque la plage n'affiche pas complet.

Lucie Gambart, qui a passé tout son été à surveiller les plages de Bretagne et du Pas-de-Calais, affirme que les opérations de sauvetage ne sont pas la majorité de son activité. Elle passe le plus clair de son temps à faire de la prévention au micro ou en personne.

"Certains locaux me répondent qu'ils connaissent le coin et ils promettent de faire attention. Mais on ne laisse pas passer, on ne peut pas faire d'exception"

Lucie Gambart, sauveteuse SNSM adjointe au chef du poste d'Equihen Plage

"Bien souvent, les gens ne connaissent pas le phénomène des bâches et me remercient, preuve que notre prévention est bien utile. Mais il arrive aussi que certains locaux me répondent qu'ils connaissent le coin et ils promettent de faire attention. Mais on ne laisse pas passer, on ne peut pas faire d'exception", assène-t-elle.

Car, la règle à retenir est... qu'il n'y a pas de règle. Même si on fréquente une plage depuis des années, on ne peut pas prévoir avec certitude l'endroit de formation des dangereux trous d'eau. Et la préfecture maritime le confirmait déjà à France 3 il y a quelques jours. Que l'on soit sudiste, nordiste ou bien breton importe peu : "on retrouve tout type de profils dans les victimes de noyade, des pêcheurs confirmés, des touristes et des locaux".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité