Des opposants animalistes se sont rassemblés ce samedi, devant la mairie de Pihem (Pas-de-Calais), pour protester contre la construction de deux poulaillers. L'exploitant entend agrandir son élevage pour produire plus de 859 000 poulets par an.
C'est un projet d'élevage intensif qui fait naître de fortes oppositions dans le Pas-de-Calais. À Pihem, petite commune située dans une région agricole près de Saint-Omer, un exploitant avicole entend agrandir son élevage en construisant deux nouveaux poulaillers.
"Les exploitations ont besoin de s'agrandir pour pérenniser leurs productions"
Le projet est conséquent. Alors que l'agriculteur possède aujourd'hui un seul bâtiment, il entend construire deux nouveaux poulaillers, de 2 400m2 chacun, pour pouvoir produire 859 000 poulets de chair par an. Installé sur cette ferme depuis 15 ans, où il a pris la suite de son père, l'exploitant ne peut aujourd'hui en produire qu'un peu plus de 150 000 à l'année.
"Dans un contexte agricole difficile, les exploitations ont besoin de se diversifier, de s'agrandir pour pérenniser leurs productions afin d'assurer une stabilité dans leurs revenus", indique l'éleveur dans sa demande d'autorisation environnementale.
Son exploitation n'est aujourd'hui plus rentable, il voit dans ce projet d'agrandissement le moyen d'assurer l'avenir de sa ferme. Il ajoute que le coût des matières premières a augmenté ces dernières années, ce qui a alourdi ses charges.
Une enquête publique est menée jusqu'au 2 février
Il a donc déposé une demande d'autorisaton environnementale, qui fait aujourd'hui l'objet d'une enquête publique. Il s'agit de la procédure habituelle pour les projets qui concernent des installations classées.
S'ils le souhaitent, les citoyens sont ainsi invités à faire part de leurs observations à l'enquêteur public, M. Vital Renond, qui est présent à la mairie de Pihem jusqu'au 2 février. A l'issue, une décision sera rendue pour autoriser ou non la construction de ces deux poulaillers.
"Il y aura 20 poulets par m2"
L'association anti-spéciste, Animal Vendetta, basée à Dunkerque, a donc organisé un rassemblement pour s'opposer à ce projet. "C'est un projet intolérable. Les animaux ne verront jamais le jour, il y aura 20 poulets par m2. Leurs conditions de vie seront déplorables. Nous nous opposons à ce projet d'élevage intensif qui est de surcroît polluant et dangereux sur le plan sanitaire, puisque le regroupement d'animaux dans ces conditions fait courir des risques d'épidémies", a indiqué Amélie Dabrowski, membre d'Animal Vendetta, présente ce matin à Pihem avec quelques autres militants.
Suivant l'avis du maire, Jean-Paul Lefait, le conseil municipal d'Heuringhem, une commune située à proximité, s'est déjà déclaré contre l'extension de l'exploitation avicole. Une pétition a également été lancée par plusieurs associations, dont L 214, elle a réuni plus de 3000 signatures.
Des installations industrielles de plus en plus nombreuses
Près de Pihem, d'autres poulaillers industriels de ce type existent déjà. Il y en a ainsi deux à Bellinghem, qui accueillent respectivement 64 400 et 34 000 emplacements. Ces projets, qui se multiplient ces derniers mois, sont vivement critiqués. Les responsables de la filière avicole se défendent en indiquant qu'il existe une forte demande pour ces poulets industriels, la France en consomme chaque année plus qu'elle n'en produit.