Le marais comporte à la fois des zones cultivées, des faubourgs habités ainsi que des espaces sauvages où la nature peut s’exprimer librement. Vous pourrez ainsi offrir un moment de déconnexion au pied de Saint-Omer et découvrir les multiples visages du marais audomarois.
Haut lieu de nature et de préservation d’un environnement fragile, le marais audomarois se découvre de 1001 façons différentes. À pied, à vélo ou en bateau, en autonomie, accompagné d’un guide ou encore grâce à l’imaginaire... Les possibilités ne manquent pas et les offres de visites sont nombreuses pour contenter toute la famille.
C'est à la lumière du petit matin que nous commençons notre balade découverte du marais audomarois. Nous sommes entre Saint-Omer et Clairmarais, dans la zone humide la plus vaste du Nord-Pas-de-Calais. 3 700 hectares dont 450 sont encore cultivés aujourd'hui, ce qui en fait d'ailleurs le dernier maraîcher de France.
Au Moyen Âge, ail, oignon et chanvre constituaient l’essentiel de la production légumière. Aujourd’hui, quelques dizaines de maraîchers continuent à exploiter les parcelles du marais. Ils produisent de nombreux légumes, dont le célèbre chou-fleur d’été, qui fait la renommée du marais audomarois.
La tradition du chou-fleur d'été
La récolte du chou-fleur remonte au moins à 300 ans. Elle commence le 20 mai et se termine aux alentours du 15 - 20 octobre.
Pour ce faire, Benoît Brietz, maraîcher, se lève tôt. La journée commence vers 5h45 et se termine vers 13h30.
Il faut couper à la fraîche, à la rosée.
Benoît Brietz, maraîcher
Pour avoir un beau et bon chou-fleur, Benoît explique que c'est la qualité de la terre, la particularité de celle du marais, c'est d'être humifère : un sol riche en humus (résultat de la décomposition des matières organiques d'origine végétale). Un maraîchage traditionnel à Saint-Omer, mécanisé aujourd'hui.
Visite du marais audomarois avec Les faiseurs de bateaux
Il y a plus de vingt ans, les maraîchers n'utilisaient que les embarcations traditionnelles du marais, l'escute ou le bacôve. Il en existe encore aujourd'hui, mais pour un tout autre usage, touristique notamment, comme les faiseurs de bateaux qui perpétuent aussi cette tradition.
Les faiseurs de bateaux, c'est une entreprise qui a été créée, il y a 15 ans. Vincent Colin et son fils Rémi Colin, nous expliquent les déplacements de l'époque : "sur le marais, on peut imaginer qu'on ne pouvait se déplacer qu'en bateau pour tout : le travail, la vie quotidienne..."
"L'escute, nous sommes sur une petite taille entre 4,50 m jusqu'à 8 m. C'est le bateau de la vie quotidienne et le bacôve, c'est le bateau de charge, c'est ce qui nous permet aujourd'hui de faire les visites donc à l'origine, on pouvait mettre 3 tonnes, 3,5 tonnes de marchandises à bord." Ces embarcations ne sont plus utilisées aujourd'hui pour l'exploitation maraîchère.
Les bateaux servent désormais pour les visites du marais, la chasse et les balades pour les particuliers.
Rémy Colin, "Les faiseurs de bateaux"
Les faiseurs de bateaux survivent grâce aux touristes qui visitent le marais et les cultures de Loïc juste à côté de l'embarcadère.
L'un des derniers petits maraîchers aux 40 variétés de légumes
Loïc Boulier, c'est l'un des derniers petits maraîchers aux 40 variétés de légumes. Il travaille pour une agriculture diversifiée, vivrière et bio sur le marais audomarois. Installé à proximité de l’atelier de fabrication des faiseurs de bateaux, Loïc cultive toutes sortes de légumes, privilégiant les variétés anciennes et régionales. C'est une belle tradition maraîchère.
Pour Loïc, c'est quelque chose qu'il souhaite transmettre dans l'avenir : "c'est ça aussi qui nous semble important, c'est que ce n'est pas juste du folklore, c'est vraiment quelque chose de vivant et qui est vivant pour les générations qui vont arriver après. Finalement, ce patrimoine, on se rend compte qu'il a cette faculté d'être transmis à quelques kilomètres des cultures. Le marais présente une autre forme, beaucoup plus sauvage."
La réserve naturelle nationale des étangs du Romelaëre
La réserve naturelle nationale des étangs du Romelaëre a pour origine d’anciennes tourbières dont l’exploitation, principalement au XIXe siècle, a donné naissance aux différents plans d’eau du site. Le Romelaëre est un espace d’une centaine d’hectares voué à la conservation de la biodiversité et à l’accueil du public. Elle vaut au marais le classement en réserve de biosphère par l'UNESCO.
Clément Héroguel, garde nature ornithologue Eden 62 nous présente cette réserve : "ici le public est aux premières loges pour observer la vie sauvage avec 140 espèces d'oiseaux par an, on arrive à 210 espèces qui ont été observées en gros sur une vingtaine d'années". La réserve est présente dans un classement de protection très fort et il y a des règles à respecter, dont le fait de ne pas faire de bruit par exemple.
Une végétation originelle toujours présente dans la réserve naturelle
C'est un véritable îlot de biodiversité en plein cœur de la région avec une végétation originelle à celle du Moyen Âge. 300 espèces sont recensées sur le Romelaëre, dont certaines sont classées avec des espèces vraiment rares. Bruno Cossement, chargé de mission Eden 62, nous propose d'observer la gesse des marais (Lathyrus palustris), une plante très rare dans les Hauts-de-France.
Cette gesse se reconnaît surtout au milieu dans lequel elle pousse. Elle se rencontre dans les marécages et les fossés humides. Sa tige et ses pétioles sont bordés d’ailes étroites, ses stipules sont assez grandes, en forme de demi-hallebarde. Ses fleurs sont roses et bleuissent en vieillissant.
Un marais façonné par l'homme depuis le Moyen Âge
Il faut savoir que le marais d'audomarois, c'est plus de 150 km de voie d'eau navigable et auquel on peut rajouter 500 km de fossés. Il reste quand même une partie avec des habitations et des habitations de loisirs, comme pour venir à la pêche le week-end par exemple. Mais, il reste le côté beaucoup plus sauvage avec des pâturages.
À pied, à vélo ou en bateau, quel que soit votre choix, ce sera une très belle aventure et découverte entre histoire, nature et tradition.
Avec Laurent Navez / FTV