Que vous soyez promeneurs en quête de quiétude ou aventuriers en recherche de sensations fortes, la Somme peut convenir à toutes les aspirations. Partez à la découverte de paysages exceptionnels et d'histoires locales racontées par les habitants.
Les Romains l'appelaient Samara, "rivière tranquille" en gaulois. C'est le fleuve qui donne son hydronyme au département de la Somme. Sa canalisation a débuté en 1770, permettant aux chevaux de tirer les barques remplies de marchandises et de productions régionales le long du chemin de halage. Aujourd'hui, faune et flore remarquables coulent des jours paisibles près de ces voies d'eau, véritables corridors écologiques.
Un cours d'eau à longer à pied, à vélo ou en canoë-kayak pour des balades natures entre étangs, tourbières et marais et découvrir l'histoire et les activités qui s'y sont développées. Retrouvez notre itinéraire et nos étapes coup de cœur sur la carte ci-dessous. Les données GPS des sorties sur l'eau sont téléchargeables sur le site de Somme tourisme.
La montagne de Frise
Au sud de la commune de Frise et de ses étangs s'étendant sur 60 hectares, se trouve le sentier de randonnée de la montagne éponyme, à quelques dizaines de mètres au-dessus du canal. Ici, le paysage porte encore les stigmates de la Première Guerre mondiale, comme nous le montre notre guide Gautier Marseille : "cette ligne de tranchée qu'on devine sous nos pieds ici et elle suit en zigzag pour descendre vers la vallée de la Somme. On est sur la ligne de front stabilisé à partir de 1914."
"Donc ici, c'est le no man's land, il était très serré. C'est le terrain entre les deux premières lignes de tranchées ennemies qui n'appartient à personne. Il est assez resserré ici parce que c'était très compliqué, c'était un point stratégique par ce qu'on a tout, une vision assez impressionnante et le terrain était très compliqué à creuser", abonde Gautier, guide du Musée Somme 1916 à Albert.
Un paysage empreint d'histoire à admirer depuis le belvédère de Frise, ci-dessus, offrant une vue panoramique sur la vallée de la Somme et laissant imaginer les scènes de la guerre 14-18, comme le crash du Baron rouge près de Corbie.
Les hortillonnages d'Amiens
Escale à Amiens, dans la ville, où le fleuve est omniprésent, notamment dans les hortillonnages, un site remarquable de 300 hectares créés au Moyen Âge pour les cultures maraîchères. Un endroit unique à découvrir en barque électrique.
Véritable poumon vert en zone urbaine, les hortillonnages ce sont 60 km de canaux et 2 500 parcelles, des jardins d'ornement, mais aussi les cultures de six maraîchers. Outre le sol humide, "on a aussi un petit ingrédient secret, c'est la tourbe qu'on va curer dans le fond quand on va désenvaser et qu'on va déposer en général sur les parcelles, donc c'est très riche et très fertile", nous livre Celia Rollet, batelière, lors d'une visite guidée à bord d'une barque à cornet typique.
C'est l'association pour la protection et la sauvegarde des hortillonnages qui propose ces balades commentées. L'argent récolté finance l'entretien et la restauration des berges de ces jardins sur l'eau. "Malheureusement, s'il n'y avait pas d'entretien des berges, il y aurait quand même un gros phénomène d'érosion, ajoute Célia. Sur une berge qui n'est pas protégée, en fonction du courant et de l'endroit où elle est placée, on peut perdre entre 5 à 7 cm par an."
Chaque année, 200 000 visiteurs du monde entier succombent au charme et à la quiétude des hortillonnages. Mais la Somme n'est pas qu'un long fleuve tranquille...
Rafting à Picquigny
"En termes de courant, c'est le meilleur spot naturel d'eaux vives du nord de la France", rien que ça ! Car "les autres spots sont plutôt artificiels et les spots qui sont naturels ne sont pas aussi longs" explique Johann Beldame, responsable de la base nautique de Picquigny.
La Somme, ce n'est pas le Verdon ou la Garonne en termes de courant et de débit, mais cela n'empêche pas les sensations fortes. "Au fil de la descente de raft, on a des animations ludiques. Forcément, On essaye d'accentuer sur la sécurité, chacun va pouvoir aider son collègue d'en face, le récupérer quand il est dans l'eau pour le remonter dans le bateau, ajoute Johann. Donc forcément, il y a des moments où on va demander aux gens de faire exprès de tomber à l'eau pour pouvoir accentuer sur la sécurité."
La baie de Somme
Dernière étape de notre voyage : la baie de Somme, l'estuaire ou le fleuve se jette dans la mer. Entre eau douce et eau salée, la région regorge de richesses, c'est notamment ici que l'on élève l'agneau des prés salés comme le fait Laure, bergère depuis cinq ans.
C'est un troupeau de 1 800 moutons qu'elle guide quotidiennement, "il y a la Somme et la mer qui se rencontrent et ça fait une eau saumâtre qui permet d'avoir sur cette baie une des plantes halophytes qui sont très riches en nutriments pour les moutons et nous on profite de cette richesse-là pour faire grossir nos agneaux."
On façonne au même titre que dans les montagnes le paysage de la baie de Somme et on a un vrai rôle écologique et d'entretien des paysages.
Laure Poupart, bergère
À marée basse, l'estuaire devient le terrain de jeu des amateurs de marche aquatique, le longe-côte, une randonnée à moitié immergée dont les bienfaits sont nombreux pour le corps.
"On se dépense un peu dans l'eau et puis dans un instant avec le groupe, on va remonter dans le pré salé, il y a des plantes comestibles à découvrir qu'on peut cueillir selon les périodes de l'année", nous raconte notre guide Yann Joly, les pieds dans l'eau.
Observation du phénomène d'ensablement naturel ou des oiseaux de passage, la randonnée est donc l'occasion d'allier sport et culture tout en aiguisant son regard dans un cadre exceptionnel : "même aujourd'hui, on n'a pas le grand ciel bleu, tout le monde est bien dans l'eau, on a des lumières différentes. En fait, plus on vient en baie, plus on en est amoureux, en ce sens qu'on apprend à la regarder."
Toutes ces excursions au fil de la Somme sont à découvrir du printemps à l'automne et presque par tous les temps.
Avec Julien Guéry / FTV