À Guînes, dans le Pas-de-Calais, Daniel Baclez, un ancien chef d’entreprise de 86 ans vient de fabriquer la réplique en bois du vélo avec lequel son ami le cycliste Bernard Hinault a gagné le titre de champion du monde en 1980.
"Je voulais faire une surprise à mon ami Bernard Hinault", raconte Daniel Baclez. Et la surprise a été de taille pour l’ancien coureur cycliste : un vélo tout en bois. La réplique de celui avec lequel il a été sacré champion du monde en 1980, à Sallanches.
Pas de fer, pas de clou, pas de vis, uniquement du bois
Porté par une foi inébranlable, Daniel Baclez n’est pas homme à baisser les bras devant les obstacles qui se dressent devant lui. Ce retraité de 86 ans a de l'or entre les mains. Il y a 25 ans, c’est lui qui a entièrement construit de ses propres mains le village Saint – Joseph à Guines, un écomusée qui retrace la vie quotidienne dans les années 1900. L’infatigable bricoleur s’est donc mis en tête de relever un nouveau défi : fabriquer un vélo en bois pour son ami de longue date, Bernard Hinault.
Pas de fer, pas de clou, pas de vis, uniquement du bois : du frêne, du chêne, du hêtre, du pitchpin, du wengé.
Il a d'abord démonté le vélo d'origine que lui avait offert son ami cycliste, a dessiné des gabarits pour les pièces de bois, façonné à la main chacune d'elles, comme un immense puzzle en trois dimensions.
Un travail de patience
Mais avant de se lancer dans une telle aventure, il lui fallait résoudre un problème compliqué : comment fabriquer une chaîne de vélo qui fonctionne réellement comme une chaîne, s'imbrique dans des engrenages, sans utiliser de pièces en métal ? Alors, il a essayé diverses méthodes jusqu’à trouver la bonne. "J’ai utilisé du wengé, un bois africain de couleur noire, suffisamment souple mais résistant". Et patiemment, une par une, il a découpé, percé les pièces, à peine plus grandes que la taille d'un ongle : les plaquettes, les maillons. Puis il les a assemblés avec des rivets : des morceaux de cure-dents en hêtre.
Un travail de fourmi, d'autant plus remarquable, que Daniel Baclez a perdu quatre doigts dans un accident de menuiserie quand il avait 19 ans.
"La partie la plus difficile à faire, c'était le porte bidon. J’ai dû m’y reprendre à huit reprises avant d’arriver à ce résultat. Chaque fois, les pièces très fines cassaient au moment où je les cintrais pour leur donner leur forme arrondie. J'ai failli abandonner."
Autre difficulté à surmonter : l'inondation de son atelier cet hiver. Daniel Baclez a dû achever son ouvrage dans son salon. "Parfois, je regardais le vélo le soir et je me disais que je m'étais lancé dans une aventure complètement folle !" Mais il n'abandonne pas et ne compte pas ses heures. Le résultat est bluffant : rien ne manque, les brides du pédalier, en bois, les valves des roues, en bois, les câbles des freins, en bois aussi. "Vous ne trouverez pas un seul morceau de ferraille !" Tout est à l'échelle, fidèlement reproduit, avec le souci du détail. Et tout fonctionne, comme un vélo classique, mais l'objet de six kilos est bien trop fragile pour qu'on puisse rouler avec.
Un vélo exposé dans un musée
"Quand j’ai envoyé les photos du vélo à mon ami Bernard, il était très ému. Il n'en croyait pas ses yeux. Il pleurait. C'est pas possible, c'est pas possible ! C'est trop beau, m'a-t-il dit. Je ne peux pas le garder pour moi. Il faut que tout le monde puisse le voir. Alors, il a eu l'idée de l'exposer dans un musée". En juillet prochain, ce vélo 100 % bois sera ainsi exposé en Belgique à la Maison du Cyclisme Liège-Bastogne-Liège à Aywaille.
Et comme il ne fait jamais les choses à moitié, Daniel Baclez a même conçu une vitrine spéciale pour le présenter aux visiteurs, avec un socle qui reprend les célèbres pavés du Nord. "Pour moi, c'est une joie immense. Il va être admiré par des milliers de personnes. Jamais je ne lui aurais imaginé un tel destin."