EPISODE 12. France 3 Nord Pas-de-Calais donne la parole aux champions de la région contraints, eux aussi, de mettre leur activité et leur passion entre parenthèses, en raison des mesures de confinement liées au Covid-19. Aujourd’hui, c’est au tour du boxeur lensois Gaëtan Ntambwe.
Il attendait de pied ferme à Londres son tour pour combattre. Impatient d’en découdre. Normal, c’était son premier tournoi de qualification olympique. "J’avais dans ma catégorie des mi-lourds, une vraie chance de voir Tokyo", raconte le Lensois Gaëtan Ntambwe, 25 ans, membre de l’équipe de France de boxe.
Mais ce "TQO" de boxe, qui venait de démarrer le 15 mars en plein début d’épidémie, a tout juste eu le temps de valider le ticket de certains Français, comme Samuel Kistohurry, en moins de 57 kg, avant d’être stoppé.
Retour prématuré dans l’Hexagone pour le boxeur champion de France 2019, médaillé de bronze au championnat de l’union européenne l’année d’avant. Sans même avoir la possibilité de revoir Paris, et le bois de Vincennes, vider sa chambre de l’Insep qu’il occupe depuis deux ans.
L’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance a demandé à tous ses athlètes de haut niveau de quitter les lieux : il a donc atterri chez ses parents, dans la maison familiale d’Avion, non loin de la Gaillette du RC Lens. Là-bas, des gants, des protège-dents, quelques haltères, point barre … Et même pas la possibilité de pousser jusqu’à la salle de son club d’Hénin-Beaumont, fermée, même si une dérogation avait été demandée pour que ses meilleurs éléments continuent à s’y entrainer en solo.
Alors dans le jardin, c’est le petit frère de 20 ans, qui lui sert de partenaire pour ses exercices … "J’ai la chance qu’il aime bien faire de la boxe ! Mes entraîneurs de l’Insep m’ont envoyé un programme, des exercices à faire. Pour compléter, je vais aussi courir une heure le matin dans le bois en face, je fais 3 heures de sport par jour".
"Comme un lion en cage, j’ai pris 3 kg"
Son ascension fulgurante, pour lui qui a commencé la boxe très tard, à 19 ans, connaît donc son premier temps de pause. "J’étais le sparring partner à Henin-Beaumont de Mathieu Bauderlique, médaillé de bronze aux JO de Rio. J’ai beaucoup appris avec lui, il y a 3 ans, j’ai combattu la même star cubaine Julio Cesar La Cruz (médaillé d’or au JO de Rio en 2016, ndlr) j’ai perdu mais je me suis bien défendu, j’ai été repéré puis j’ai intégré l’Insep. Et maintenant dans ma catégorie des moins de 80 kg, je n’ai pas de concurrence en équipe de France".
Alors, ça va être dur d’attendre un an, "même si ça laisse du temps pour progresser, c’est fatigant de savoir que toute la prépa de cette saison a été orientée vers des Jeux qui n’auront pas lieu cet été". Tout se passe dans la tête encore une fois pour le boxeur, qui ne trouve pas grand-chose de positif à ce confinement, à part du repos et les retrouvailles avec les siens. "Je suis monté à 88 kg, certainement à cause des bons petits plats de maman, elle ne cuisine qu’Africain… les viandes mijotées aux haricots rouges, ça change de la cantine de l’Insep. Je mange aussi pour passer le temps".
Le poids, l’ami, l’ennemi du boxeur. Ça grimpe vite sur la balance dès lors qu’il y a une baisse de régime. Il ne faudrait pas que la situation dure. Surtout que le virus vient d’emporter deux oncles de Gaëtan en une semaine. "Ils avaient une cinquantaine d’années". Et Pape Diouf, l’ancien président de l’OM. "Mon père le connaissait, via Roger Boli, passé par Lille et Lens, ça lui a fait un choc".
Dans la famille, le papa ambulancier, et le frère, infirmier, ne parlent pas trop de ce qui se passe dehors. En ce moment, plus que Gaëtan, ce sont eux qui combattent.