EPISODE 8. France 3 Nord Pas-de-Calais donne la parole aux champions de la région contraints, eux aussi, de mettre leur activité et leur passion entre parenthèses, en raison des mesures de confinement liées au Covid-19. Aujourd’hui, c’est au tour du rallyman lillois Adrien Fourmaux.
Pour Adrien Fourmaux, le passage de la compétition au confinement a été brutal… et mouvementé. Résumons : le jeudi 12 mars, le champion de France junior des rallyes 2018 vient au shakedown (essais chronométrés) du rallye du Touquet rencontrer les copains. Le lendemain, il part dans le Nord de l’Angleterre disputer le Malcolm Wilson Rally, qu’il remporte le samedi.
Pas le temps de savourer cette première victoire internationale. "J’ai pris un vol le soir-même à Manchester direction Paris. Il n’y avait personne à l’aéroport de Manchester et encore moins à Roissy-Charles-de-Gaulle. C’était impressionnant. A 1 heure du matin dimanche, j’étais déjà rentré".
Là, il se rend dans le Jura, rejoindre sa famille pour prendre quelques jours de vacances. "Mais survient alors l’annonce du confinement le lundi soir. Je décide de rentrer à Seclin. Je ne serais resté que deux jours dans le Jura".
Depuis, le jeune pilote nordiste, engagé cette année dans le championnat du monde WRC2 au sein de l’écurie britannique M-Sport, vit le confinement comme tous les Français, mais plutôt en mode repos. "Une situation totalement inédite pour moi comme pour tout le monde. J’en ai profité pour finir de retaper une vieille voiture, tondre la pelouse, faire du rangement. Mais j’ai aussi travaillé des cours d’anglais, sans oublier toutes les possibilités proposées par Internet. Bref, depuis mon retour, j’ai eu de quoi m’occuper".
Peu de sport en revanche mais quand même un peu de cardio ou de musculation. "Habituellement, je fais du footing ou du VTT dans la campagne. Mais là, ce n’est plus possible ".
Au cœur du problème
La crise sanitaire actuelle, Adrien Fourmaux, la suit avec plus d’acuité que d’autres sportifs. Le Seclinois était en 4e année de médecine à la Faculté de Lille avant de se consacrer totalement au rallye fin 2017. Marion, sa compagne, est infirmière à SOS Mains. "Elle est d’ailleurs réquisitionnée ce week-end. Les opérations non urgentes ont été reportées. La clinique se prépare à recevoir des malades du Covid-19 si la situation empire".
Adrien ne fait pas partie de la réserve sanitaire, par manque d’expérience. Il a en effet mis entre parenthèses ses études de médecine depuis presque deux ans. "Si je les avais poursuivi, je serais peut-être en 6e année et au travail comme interne aux urgences actuellement".
"Je suis d’ailleurs en contacts réguliers avec des copains de promotions qui sont aujourd’hui au front dans les hôpitaux, mais aussi des médecins généralistes qui pratiquent actuellement la téléconsultation. La plupart s’inquiète du manque de moyens, à commencer par les masques FFP2. Ils sont confrontés à une crise d’une ampleur sans précédent face à un virus inconnu. Les personnes touchées vont-elle être immunisées ? C’est la grande question car sinon, le virus peut revenir. Le corps médical et les scientifiques vont apprendre beaucoup de cette épidémie".
Quelle fin de saison ?
Comme tous les sportifs, Adrien Fourmaux voit sa saison bouleversée. "Je devais primitivement disputer une course tous les mois. Mais le rallye du Portugal et celui de Sardaigne ont été reportés ; peut-être en fin d’année. Mais ce n’est pas sûr. Je suis en contacts fréquents avec les dirigeants de mon écurie qui prennent de mes nouvelles et m’informent des évolutions du calendrier".
Mais pour tous les pilotes, l’aspect sportif passe au second plan face à la pandémie de coronavirus. Lors de sa victoire en Angleterre, Adrien Fourmaux avait déjà ressenti les premiers effets de la crise. "Le confinement n’était pas encore déclenché mais déjà une prise de conscience des organisateurs avait lieu. Le public était très limité. Le parc d’assistance était installé sur un vaste parking où les concurrents disposaient de beaucoup d’espace. Les règles d’hygiène étaient respectées. A l’arrivée, je ne suis même pas passé sur le podium après ma victoire. Il n’y a pas eu de protocole". Pour éviter tout rassemblement, comme au rallye du Touquet disputé en même temps ; et permettre aux concurrents de rentrer plus vite chez eux.
L’étudiant en médecine, devenu pilote professionnel, réalise parfaitement la gravité de la situation. La priorité n’est plus au sport, même si des conséquences économiques sont à craindre pour les entreprises que sont aujourd’hui les écuries de sports mécaniques.