Environ 80 personnes migrantes ont tenté de rejoindre l'Angleterre au départ d'une des plages d'Hardelot ce samedi 21 septembre 2024, dernier jour d'une période de grandes marées. Une soixantaine d'entre eux a pu s'entasser sur le bateau pneumatique, sous le regard médusé des passants.
En ce samedi ensoleillé, les promeneurs étaient nombreux sur la plage d'Hardelot, station balnéaire de la Côte d'Opale. Familles, joggers et chiens tenus en laisse longent la mer, basse en ce dernier jour de grandes marées.
Puis tout va très vite. La tranquillité se rompt, près de 80 personnes déboulent sur le sable en courant, jettent un canot pneumatique à l'eau, créant du remous dans l'eau salée. L'écume se forme sur le sable, sous le regard médusé d'une dizaine de passants qui dégainent aussitôt leurs téléphones portables. Tous filment la scène, dont ils ont souvent entendu parler, mais à laquelle ils n'avaient encore jamais assisté : devant eux, une soixantaine de personnes migrantes enjambent leur bateau gonflable rouge pour tenter de rejoindre l'Angleterre, à 60 kilomètres de là.
80 personnes pour un seul canot
"Ils sont déjà nombreux dessus", lance un gendarme en treillis. Les quelques forces de l'ordre présentes lors de la scène observent également les migrants embarquer périlleusement sur le small boat... Une fois dans l'eau, les exilés sont hors de portée des forces de l'ordre, qui n'ont plus le droit d'intervenir.
Je les voyais. Ils tiraient, ils tiraient sur le moteur mais ça n'avançait pas à cause de leur poids.
Un gendarme présent lors de l'intervention
Plusieurs personnes attendent encore dans l'eau pour tenter de monter sur le canot pneumatique. Sur près de 80 candidats, seule une soixantaine parviendra finalement à se hisser sur la bouée motorisée. "Je les voyais. Ils tiraient, ils tiraient sur le moteur mais ça n'avançait pas à cause de leur poids", commente un autre gendarme. Le bateau, martelé par les vagues, n'avance pas. Les migrants, pieds et jambes dans l'eau tant l'embarcation déborde, donnent des coups dans la mer pour donner de l'impulsion à leur radeau.
Sur le rivage, des manteaux matelassés s'échouent : certains se sont débarrassés de leurs affaires pour ne pas être gênés dans leurs mouvements, préférant la survie à la chaleur d'un anorak.
Une famille sauvée in extremis
Une habitante d'Hardelot est bouche bée. Elle, qui n'avait encore jamais assisté à un tel départ, relève l'invraisemblance de la scène : "Tout le monde regarde depuis le sable. Ce sont des gens qui sont en résidence secondaire ou en vacances. Face à ce drame, il y a un décalage énorme."
Tout le monde regarde depuis le sable. Ce sont des gens qui sont en résidence secondaire ou en vacances. Face à ce drame il y a un décalage énorme.
Une habitante d'Hardelot
Chacun y va de son commentaire, glane quelques informations auprès des militaires et des secours fraîchement débarqués. À quelques mètres de là, deux petites filles s'amusent dans une bâche et font des tas de sable avec leurs mains sous la surveillance de leurs parents. Cette famille a été interceptée par la gendarmerie avant qu'elle ne puisse embarquer.
"Ils allaient essayer de passer, mais on leur a dit que les enfants étaient jetés à l'eau quand il n'y a plus de place sur le bateau, relève une autre Hardelotoise. C'est hallucinant."
Le small boat entamera finalement sa route vers le Royaume-Uni, toujours surveillé de loin par les secours maritimes. Pour rappel, le 14 septembre 2024, huit personnes sont mortes en tentant la traversée de la Manche, portant à 45 le nombre de décès dans de telles traversées depuis janvier.