Jadot, l'enfant du pays victorieux ; l'Aisne, terre du Rassemblement national ; aucun picard au Parlement européen,... Voici cinq faits à retenir, en Picardie, de ces élections européennes 2019.
Ce dimanche 26 mai 2019, les Européens appelés aux urnes ont répondu présents, et bien plus qu'à l'accoutumée. En France, la participation, en baisse constante depuis 25 ans, a, elle aussi, connu un rebond. Avec 50,1% de votants, aucun scrutin européen n'avait autant mobilisé depuis 1994. C'est plus encore dans les Hauts-de-France, avec 51,49%. Que peut-on retenir d'autre en Picardie ?
"Le Picard de l'Aisne" victorieux
A 51 ans, le Picard entame son troisième mandat européen, fort d'un résultat inattendu. "Les sondages donnaient un score bien inférieur. Les sondages se trompaient. Je l'ai souvent répété, les retours étaient très bons et on voyait une volonté très forte des Françaises et des Français de vouloir voter un vote pour des solutions écologistes", témoignait-t-il au lendemain de sa victoire, lundi 27 mai, sur Franceinfo.
L'Aisne, terre du Rassemblement national
Dans le département voisin, Patricia Chagnon, conseillère régionale du même parti et candidate, parle d'un "triomphe de nos idées dans la Somme" :
Quelle superbe campagne, quelle triomphe pour nos idées dans la #Somme ! Les Samariens ont donné une très large victoire à la liste du #RN menée par @J_Bardella et une leçon d’humilité aux représentants locaux de @EmmanuelMacron @ManonAubryFr @fxbellamy.
— Patricia Chagnon (@ChagnonPatricia) 26 mai 2019
MERCI de votre confiance! pic.twitter.com/DMaMU53MEe
Les 23,3% du Rassemblement national ne donnent, toutefois, pas de siège d'eurodéputée à cette dernière, placée à la 26e position.
Les Picards, loin de l'hémicycle européen
Les deux eurodéputés picards sortants s'apprêtent, eux, à faire leurs cartons à Bruxelles et Strasbourg. Jérôme Lavrilleux, élu en 2014 dans le groupe du Parti populaire européen, représentait, jusque là, l'Aisne. L'ex-républicain a d'ailleurs été classé 3e plus actif des 751 eurodéputés. Après des années difficiles, et un mea culpa public pour son rôle dans l'affaire Bygmalion, il se retire pour ouvrir un gîte dans le Périgord.
C'est donc un "au revoir", comme dirait l'autre, ou une retraite politique.
"J'ai un peu de regrets." Elle aurait bien voulu continuer, elle. Mylène Troszczynski, eurodéputée dans le groupe Europe des nations et des libertés, ne renouvellera a priori pas son mandat. "Satisfaite" des résultats dans sa région, sa place de 26e sur la liste ne lui permet pas d'accéder, cette fois-ci, à l'hémicycle.
L'Oise, bastion de la droite ? Un lointain souvenir
A Chantilly - la ville qui avait réélu son maire Eric Woerth à 75% -, Les Républicains arrivent troisième avec 14,34% des suffrages exprimés, derrière La République en marche et le Rassemblement national. Idem chez Philippe Marini à Compiègne, où la liste menée par François-Xavier Bellamy ne recueille que 13,64% des voix. La recomposition politique se confirme aussi là où elle était déjà la plus engagée : à Beauvais, Les Républicains sont cinquièmes avec 980 électeurs et un score de 6,72% (inférieur à la moyenne nationale) qui doit inquiéter la maire Caroline Decayeux, en vue des municipales de 2020.
Le pari perdu de la France insoumise
En juin 2017, François Ruffin arrivait là où personne ne l'attendait, et surtout pas lui. Elu député de la Somme, le Picard a arpenté pendant des semaines la première circonscription du département pour contrer, en partie, le candidat frontiste, Franck de Lapersonne. Pari réussi le soir du 18 juin. Une opposition au Rassemblement nationale, réitérée à de nombreuses reprises. Exemple à l'Assemblée nationale, le 8 novembre 2018, en plein débat sur le projet de loi de finances : "dès que c'est possible, dès vous en voyez la possibilité, vous vous engouffrez dans une brèche qui vous permet d'opposer les pauvres entre eux ; qui permet de tourner les Français qui se sentiraient délaissés vers les étrangers qui rentreraient et qui sont dans une situation encore plus misérable qu'eux (...) ce n'est pas notre logique", assène-t-il.
Cette stratégie "anti-RN" assumée consisterait à reconquérir un électorat séduit par le parti de Marine Le Pen. Mais avec cette échéance européenne, l'omniprésence médiatique de François Ruffin, ou la candidature d'Evelyne Becker, ancienne Goodyear, n'ont pas fait suffi.
Entre Limoges et Bruxelles à vélo, Mauricio, candidat sur la liste @FranceInsoumise aux européennes, fait étape à Amiens le temps d'un porte à porte à Saint-Pierre avec @evelyne_becker pour dire Manon à Macron !#Europeennes2019 #Maintenantlepeuple pic.twitter.com/JjE5yC0PIM
— La France insoumise Amiens (@FIAmiens) 18 mai 2019
Dans la Somme, Manon Aubry obtient 8,51% des suffrages, derrière Jordan Bardella, et Nathalie Loiseau. Une troisième place confortable et réconfortante pour la France insoumise, avec deux points de plus que son score national, mais toujours très loin derrière le Rassemblement national, et la majorité présidentielle, LaRem-Modem, tous deux vivement décriés par le député de la Somme. A Amiens, la liste insoumise franchit la barre des 10% mais doit se contenter d'une quatrième place, après Yannick Jadot. Pourtant, dans son opposition à Emmanuel Macron, François Ruffin est venu soutenir la candidate insoumise. En avril, il avait participé à un meeting commun, au Mégacité d'Amiens, avec Manon Aubry, et Jean-Luc Mélenchon. D'habitude plus en retrait du mouvement, il trouve même un slogan : "Dites Manon à Macron."
Exceptions faites, tout de même, à Wargnies, dans la Somme, et Gouy-les-Groseillers, dans l'Oise, où Manon Aubry s'offre la première place avec respectivement 19% et 40% des voix. Deux communes rouges en Picardie, cela ne suffira probablement pas à réconforter Jean-Luc Mélenchon. "Cette victoire de l'extrême droite, l'effondrement du pouvoir dans le match qu'il avait engagé et le niveau de l'abstention qui reste considérablement élevé montre que notre pays s'enfonce dans une crise profonde", a réagi le candidat malheureux à la présidentielle. Du côté de François Ruffin, c'est silence radio.