Eric Woerth, président LR de la Commission des finances de l'Assemblée, a vu mardi "un peu de mise en scène" dans les annonces d'économies de Gérald Darmanin, lui demandant de "préciser" notamment comment seront économisés 850 millions d'euros sur la Défense et 526 sur l'Intérieur.
"Qu'on évite de nous faire le coup des membres des cabinets et des voitures" pour chiffrer ces économies, a aussi lancé en conférence de presse le chef de file des députés LR Christian Jacob. Il a pointé un "cafouillage entre les deux têtes de l'exécutif", alors qu'Emmanuel Macron a repris la main lundi sur le dossier budgétaire. "Il ne faut pas tomber dans le panneau. C'est de la régulation budgétaire classique comme on en fait depuis toujours, qui repose d'ailleurs probablement aussi sur une vision partielle et peu sincère des choses", a ajouté M. Woerth, élu de l'Oise.
"Lorsque, dans Le Parisien, Gérald Darmanin indique qu'il va faire 800 millions d'euros d'économies sur les crédits militaires, il va falloir qu'il dise exactement comment", a-t-il lancé, ajoutant qu'"il n'y a pas assez d'argent sur le militaire, tout le monde en est convenu, M. Macron aussi et l'ensemble des responsables de la droite aussi". "Ce sont les fameux 2% du PIB", a-t-il expliqué, en référence à cet objectif figurant dans le programme présidentiel de M. Macron. Alors qu'"on a besoin de matériel nouveau, d'investir sur le nucléaire, de réparer des matériels", "comment fait M. Darmanin pour tout d'un coup supprimer 800 millions d'euros ?", s'est interrogé M. Woerth.
Par ailleurs, "c'est curieux de dire on va supprimer des crédits militaires mais ne vous inquiétez pas, on va les ré-augmenter l'année d'après. Même chose sur la sécurité. Que devient l'opération Sentinelle ? Sur les crédits de sécurité, du ministère de l'Intérieur, il y a plus de 500 millions d'euros (d'annonce d'économies). Je n'avais pas compris qu'il y avait trop d'argent dans le ministère de l'Intérieur. A Gérald Darmanin de préciser tout cela", a poursuivi l'ancien ministre du Budget. "La commission des Finances n'a toujours pas reçu la moindre précision sur ces économies et leurs contenus réels. L'examen du décret d'avance contenant les annulations de crédits, est pourtant prévu demain", a encore relevé son président dans un communiqué. Et, "à la veille de son examen, le gouvernement n'a toujours pas transmis à la commission des Finances le rapport sur les orientations des finances publiques, préalable indispensable au débat d'orientation budgétaire", alors que "ce document aurait pourtant dû être communiqué avant le 30 juin", a aussi déploré M. Woerth.