Benoît Hamon est arrivé en tête ce dimanche soir du second tour de la primaire organisée par le PS. Quels résultats dans le Nord et le Pas-de-Calais ?
Nord : large victoire d'Hamon
Sans surprise, comme au 1er tour, Benoît Hamon l'emporte largement dans le Nord. Comme au 1er tour. Son score est plus large qu'au niveau national : 64,17%. Le soutien de Martine Aubry entre les deux tours a apparemment renforcé la tendance hamoniste de la Fédération du Nord.Pas-de-Calais : Valls passe en 2ème position
Dans le Pas-de-Calais, au 1er tour, Manuel Valls était arrivé en tête. Cette fois, Benoît Hamon, bénéficiant d'un meilleur report de voix que l'ancien premier ministre, l'emporte largement. Avec un score légèrement inférieur à son score national.
France : l'heure des questions
Benoît Hamon, député des Yvelines, 49 ans, a réuni 58,87% des suffrages contre 41,13% pour l'ancien Premier ministre Manuel Valls, 54 ans, selon des résultats encore provisoires, de ce scrutin qui marque aussi un large désaveu pour ceux qui ont exercé le pouvoir depuis 2012, François Hollande et Manuel Valls en tête.
Dans son discours de victoire, M. Hamon, qui s'entretiendra avec le Premier ministre Bernard Cazeneuve lundi après-midi à Matignon et avec François Hollande dans la semaine, a affirmé que la gauche "relevait la tête". Il a dans la foulée annoncé qu'il proposerait "à tous les candidats de cette primaire"
mais aussi à l'écologiste Yannick Jadot et au candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, de construire une majorité gouvernementale.
Dans cette perspective, il pourra s'appuyer sur un premier sondage Kantar Sofres onepoint diffusé dimanche soir qui le place devant M. Mélenchon au premier tour de la présidentielle, avec entre 13 et 15% d'intentions de vote selon les configurations, contre 10% au candidat de la France insoumise.
Autre point positif pour lui: une nette hausse de la participation enregistrée au second tour. Selon des chiffres quasi-définitifs publiés à 00H15, portant sur
les résultats validés de 98,02% des bureaux de vote, la barre des 2 millions de votants (2.010.505 précisément) a été franchie, contre 1,6 million au premier tour. C'est toutefois moitié moins que pour la primaire de la droite en novembre.
Dans l'immédiat, si Jean-Luc Mélenchon a légèrement adouci son discours à l'égard de Benoît Hamon dimanche soir, Yannick Jadot a fait savoir qu'il venait de choisir la photo de son affiche de campagne, pour faire taire toute rumeur de désistement. Cette défaite sans appel est un coup rude pour M. Valls qui s'était lancé dans la primaire en décembre, après avoir mené une intense stratégie d'empêchement envers M. Hollande. Le chef de l'Etat, dont l'ombre n'a cessé de planer sur le scrutin, n'a voté ni au premier ni au second tour.
Hémorragie vers Macron ?
"Benoît Hamon l'a emporté nettement" et "je veux lui souhaiter bonne chance dans le combat qui est devant lui", a déclaré Manuel Valls depuis la Maison de l'Amérique latine, en félicitant "chaleureusement" son concurrent. Petit cafouillage, le vainqueur a débuté son discours avant la fin de celui de M. Valls, ce dont il s'est excusé par la suite.
Une "photo de famille" a ensuite réuni brièvement dans la soirée les deux hommes, tenants de lignes antagonistes au sein du PS. Après s'être affrontés de manière particulièrement virulente dans l'entre-deux tours, ils ont échangé une courte poignée de mains au siège du PS à Paris. L'image ne manquera pas de rappeler celle d'octobre 2011, où François Hollande et Martine Aubry, qui n'avaient pas épargné leurs coups, étaient apparus main dans la main, en signe de rassemblement.
Toutes les pensées sont déjà tournées vers l'après, les rumeurs de ralliement du pôle des réformateurs du PS à Emmanuel Macron, l'avenir du Parti socialiste et le sort réservé à Manuel Valls. L'ancien Premier ministre a déjà annoncé son intention de "s'effacer" pendant la campagne de M. Hamon, qui après son départ du gouvernement en août 2014 était devenu une des figures des députés frondeurs. "Ce soir ce sont les frondeurs qui ont gagné la primaire socialiste", a ironisé Thierry Solère, porte-parole du candidat de la droite François Fillon.
Alors que l'équipe de campagne de l'ancien Premier ministre se montrait très discrète dimanche soir, de nombreux militants vallsistes prévenaient déjà qu'ils étaient prêts à rejoindre Emmanuel Macron. "Je ne crois pas à l'hémorragie, nous ne sommes pas à la veille de l'explosion du PS. C'est un moment que l'on retiendra dans notre histoire comme le prélude à la renaissance de la gauche française", a préféré positiver le député Christian Paul, chef de file des frondeurs, en se félicitant de la "dynamique" offerte par la participation.
Martine Aubry adresse "un grand bravo" à Hamon qui "apporte un souffle nouveau à la gauche"
La maire de Lille Martine Aubry (PS) a adressé dimanche dans un communiqué un "grand bravo" au vainqueur de la primaire socialiste élargie Benoît Hamon qui apporte selon elle "un souffle nouveau à la gauche". "J'adresse un grand bravo à Benoît Hamon pour sa victoire sans appel. Son projetapporte un souffle nouveau à la gauche et à notre pays", a affirmé Martine Aubry, qui avait apporté son soutien au candidat dès le lendemain du premier tour de la primaire.
"Il s'est attaqué avec des réponses neuves et fortes aux défis actuels et à venir de nos sociétés. Il a, ainsi, su réveiller l'enthousiasme à gauche et ranimer l'espoir d'un avenir meilleur pour tous et pour chacun", a-t-elle ajouté. L'ex-première secrétaire du PS a estimé que les résultats de cette primaire étaient
"la victoire d'une gauche forte sur les valeurs et lucide sur les changements" dont la France a besoin.
"Nous serons dès demain tous derrière Benoît Hamon pour mener le combat de la présidentielle et faire gagner un projet de progrès et battre le projet de régression et de peur que nous proposent la droite et l'extrême droite", a-t-elle encore affirmé.