Procès des attentats du 13 novembre : les dix victimes des Hauts-de-France toujours dans les mémoires

Lors des attentats de Paris, perpétrés le 13 novembre par plusieurs commandos terroristes, huit Nordistes et deux Picards perdent la vie. 6 ans après, et alors que va s'ouvrir le procès des assaillants, ces 10 morts sont toujours dans les mémoires, pour ce qu'ils étaient avant cette nuit tragique.

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Ce mercredi 8 septembre s'ouvre à Paris un procès long d'au moins huit mois, celui des attentats perpétrés dans la capitale le 13 novembre 2015. Ce soir-là, trois commandos terroristes lourdement armés vont causer la mort de 130 personnes et faire 350 blessés devant le stade de France, sur les terrasses parisiennes et dans la salle de concert du Bataclan. Seul terroriste encore vivant, Salah Abdeslam a déjà parlé de son implication à des codétenus, mais reste, depuis 2015, désespérément mutique face aux victimes de son crime. 

Ce 13 novembre, huit Nordistes et deux Picards vont perdre la vie dans les rues de Paris. Au procès, d'autres parleront pour eux, mais les souvenirs et hommages de leurs proches conservent leur mémoire intacte.

Qui étaient les victimes des attentats du 13 novembre ?

  • Isabelle Merlin avait 44 ans, et était au Bataclan le soir du 13 novembre. Passionnée de musique, de chant, elle était partie vivre à Paris mais gardait un attachement fort à Equihen-Plage, où vivait encore son père, dont elle était très proche. Cette ingénieure qui avait appris le Portugais pour pouvoir participer au carnaval de Rio avec un orchestre de percussion était sortie seule ce soir-là, comme elle le faisait parfois"Dès que j'ai entendu à la radio qu'il y avait un attentat, j'ai appelé. Sur son fixe, sur son portable. Ça n'a jamais répondu. Peut-être qu'on espérait qu'elle soit seulement blessée. C'est bizarre mais c'est comme ça..." confiait en 2016 son père, André Merlin, auprès de France 3.

 

  • Ludovic Boumbas, 40 ans, a été tué sur la terrasse de la Belle Equipe, l'un des bistrots visés par le commando terroriste. Cet informaticien était né à Lille, et avait ses racines dans la capitale des Flandres. "Il est mort en voulant protéger une de ses amies, il s'est interposé sous les balles, finalement il en a pris une, et il en est mort" racontait son frère aîné, Charden Boumbas. La famille Boumbas avait dû affronter une épreuve supplémentaire, démentir les fausses informations circulant au sujet de "Ludo", que certains médias présentaient comme un agent de sécurité présent au Bataclan. C'est le rappeur lillois Axiom, proche de Ludovic, qui a eu la lourde tâche de prévenir la famille du jeune homme. Dans le titre qu'il lui a dédié, Axiom chante un incroyable ami "amateur de rhum, de soul funk, de foot et de fleurs".

 

  • Elle était comme chez elle au Bataclan, où elle travaillait au sein de l'équipe technique, comme régisseuse lumière. Mais Nathalie Jardin, 31 ans, ne travaillait pas ce soir-là. Elle était simplement venue profiter. Avant de descendre à Paris, Nathalie avait vécu à Marcq-en-Baroeul et travaillé avec des groupes locaux comme Marcel et son Orchestre ou les Fatals Picards, qui tous avaient gardé contact avec cette femme pétillante qui faisait l'unanimité. Tous étaient présents lors de ses obsèques dans sa ville d'origine. Dans son portait publié par Le Monde, les Fatals Picards rendaient hommage à "l’intégrité, la joie de vivre, la gentillesse" de Nathalie Jardin.

 

  • Ariane Theiller était née dans le Pas-de-Calais, à Gondecourt, où son père était principal du collège. A 24 ans, elle avait réussi son master d'édition et se frayait un chemin avec des stages chez Flammarion puis Urban Comics. Un sésame, pour Ariane, passionnée de bandes dessinées et qui rêvait un jour d'en publier. En attendant, elle travaillait chez Rustica, un magazine de jardinage. Ses collègues et sa famille ont dû affronter ensemble la terrible réalité : Ariane Theiller était ce 13 novembre au Bataclan, elle ne reviendra pas. "Jamais lundi ne fut aussi triste, écrit la rédaction dans une lettre d'adieux.(...) Tu avais aménagé ton bureau pour regarder en face les autres et l’avenir qui pour toi s’annonçait radieux. Mais le livre que tu rêvais d’écrire s’est refermé trop vite."

 

  • Etudiante à la Skema Business School, sur le campus parisien, Justine Moulin revenait souvent dans la maison familiale de Nieppe, dans le Nord. Agée de 23 ans, la jeune femme dînait ce soir du 13 novembre à la terrasse du Petit Cambodge, le premier restaurant visé par le feu des terroristes. Hospitalisée, elle n'avait pas survécu à ses blessures. A sa mort, la famille Moulin subit une double peine : à cause d'une erreur d'identification, le premier corps auprès duquel se recueilleront les proches de Justine n'était pas le sien. Pourtant, "je ne veux pas qu’on en fasse une victime. Ma fille était tout sauf ça" clame sa mère, Isabelle. Justine Moulin aimait les arts, tous les arts, de la littérature classique aux peintures contemporaines en passant par les arts du cirque. 

 

  • Le voyage de Sébastien Proisy s'est arrêté le 13 novembre, sur la terrasse du Carillon, l'année de ses 37 ans. Il dînait avec des clients, et en avait accompagné un fumer une cigarette. Il était né à Valenciennes, avait de la famille à Hasnon, mais il avait pris le temps de voir du pays. La Bulgarie, d'où était originaire sa mère, puis les Etats-Unis, où il avait brièvement vécu. A la fin de l'année 2015, il devait déménager en Iran. Devenu le "Parisien par excellence", comme l'ont raconté ses amis, Sébastien aimait parler politique, les librairies, les cafés. Ses proches le surnommaient "Sunshine". Le jour de ses obsèques, c'est la ville d'Hasnon toute entière qui, silencieuse et à volets fermés, a rendu hommage à Sébastien Proisy.

 

  • Les parents de François-Xavier Prévost tenaient une brasserie, en face de la gare de Lille, une enfance qui lui avait donné le goût de la gastronomie et l'envie de cuisiner. A 29 ans, il était chef de publicité, passionné de tennis, fan absolu de Novak Djokovic. "Fixou" avait aussi concouru au Maroc dans le rally 4L Trophy. Le soir du 13 novembre, il était de passage à Paris, venu rendre visite à sa soeur et son conjoint, un ami d'enfance. C'est avec ce dernier qu'il se rend au concert des Eagles of Death Metal. Son ami, Thibaut, réussit à s'en sortir, mais pas François-Xavier. Dans sa ville de naissance, à Lambersart, un court de tennis porte désormais son nom. Novak Djokovic, lui, a transmis à la famille un message de condoléances, et une raquette dédicacée, à la mémoire de François-Xavier.

 

  • Guillaume Barreau-Decherf avait 43 ans. Journaliste musical, il avait fait ses études à l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, où il avait gardé de nombreux amis. Le soir du 13 novembre, il travaille pour Les Inrocks. 15 jours auparavant, il avait chroniqué pour le journal le nouvel album des Eagles of Death Metal. "Ce devait être pour lui un grand week-end de marathon musical. (...) Quelques cinglés ont contrarié ses plans, écrit la rédaction après sa mort. Guillaume était sur la liste de nombreux concerts, personne n’aurait pu imaginer qu’il figurerait un jour sur celle des victimes de la barbarie, simplement parce qu’il allait voir l’un de ses groupes préférés, pour son boulot comme pour son plaisir." En 1995, il avait échappé à un attentat, celui de la station RER B de Saint-Michel. Ce coup de chance aura donné plus de temps à sa famille, ses amis et ses collègues pour profiter de "sa gentillesse, son sérieux, son humour".

 

  • Thomas Ayad était fou de musique, et le milieu de la musique était fou de lui. A 32 ans, cet originaire d'Amiens travaillait pour Mercury Records comme chef de projet. Les concerts, le spectacle c'était sa passion d'enfance : son père, responsable culture au conseil régional de la Somme, l'emmenait avec son frère à des festivals comme Avignon ou les Vieilles Charrues. Décrit comme quelqu'un de terre à terre, qui ne se départissait jamais de son humour, Thomas Ayad supervisait la tournée des Eagles of Death Metal en France. Le soir du 13 novembre, il attendait des invités retardataires. C'était son dernier rendez-vous. Lors de ses obsèques à Amiens, plus de 1600 personnes se sont déplacées. Justin Bieber, ou encore le bassiste des Rolling Stones Keith Richards, ont publiquement dit au revoir à cet ami parti trop tôt. Son père, Hacène Ayad, avait assisté avec son épouse à la réouverture du Bataclan. "C'est devenu un lieu de résistance".

 

  • Sa famille n'a pas souhaité donné de nom, ni communiquer de photos, un souhait que nous respecterons. Mais, pour ne pas l'oublier, nous dirons qu'il y avait au Bataclan ce soir-là un père de famille de 48 ans, passionné de musique, qui vivait à La Chapelle-en-Serval, dans l'Oise. Formateur à la RATP, il jouait de la guitare. Il avait emmené son fils de 22 ans au concert du 13 novembre. Si le jeune homme, retenu otage par les terroristes, est parvenu à s'en sortir, ce ne fut pas le cas du père.

Plusieurs personnes ont également été blessées lors de cette terrible nuit, dont Laura Croix, 36 ans aujourd'hui. Touchée de six balles dans la salle de concert, elle a longtemps été plongée dans un coma artificiel et a dû tout réapprendre : avaler, respirer, tenir une fourchette... "Je ne sais pas si je pourrai un jour retrouver la bonne harmonie entre mon corps et mon esprit" confiait-elle le 31 août à France Inter. C'est aussi le cas de Franck Coste, qui par respect, par pudeur, a toujours dit très peu de son expérience de l'horreur, il s'est reconstruit peu à peu grâce à la musique. 

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