Quatre ans de prison ferme ont été requis mercredi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles à l'encontre de Mohamed Abdeslam, frère du jihadiste Salah Abdeslam, jugé pour avoir dérobé 68.000 euros à la commune bruxelloise de Molenbeek, son ancien employeur.
Les faits s'étaient produits le 23 janvier 2018 en pleine journée au moment où était transféré en voiture, dans des sacoches, le montant de la recette communale de Molenbeek à déposer dans une banque.
Mohamed Abdeslam était le chauffeur de l'expédition, accompagné de deux personnes. Une fois la voiture arrivée devant la banque, un homme avait surgi à son côté et s'était emparé de l'argent sans rencontrer aucune résistance, un enchaînement que Mohamed Abdeslam a comparé à "une pièce de théâtre" lors de l'audience.
Jugé avec deux coprévenus, dont l'assaillant, Youssef B., à qui il avait emprunté la voiture, Mohamed Abdeslam a expliqué qu'aucun couteau n'avait été brandi par ce dernier, contrairement à ce qu'avait retenu l'enquête au départ. Joint mercredi après l'audience, son avocat Me Yannick De Vlaemynck a estimé qu'avec l'aveu d'une mise en scène sans violences, ce vol ne justifiait pas quatre ans de prison. "C'est une peine pour un vol à l'aide de violences, mais s'il n'y pas eu de violences j'estime que c'est une peine disproportionnée", a-t-il affirmé.
Jugement mis en délibéré
De son côté la représentante du parquet a soutenu que Mohamed Abdeslam, qui comparaissait libre, était la "tête pensante" du vol, selon le récit de l'agence de presse Belga. "Il avait besoin de Pierre-Raphaël C. (l'autre coprévenu, employé communal, ndlr) pour avoir les informations sur le jour du transfert de l'argent et de Youssef B. pour la voiture", a-t-elle assuré.
Une peine de deux ans de prison, avec possibilité de sursis, a été demandée à l'encontre de Youssef B., tandis que 30 mois de prison, également avec sursis éventuel, ont été requis contre Pierre-Raphaël C.
Après les plaidoiries de la défense prévues jeudi, le jugement devrait être mis en délibéré et rendu dans environ un mois.
Salah Abdeslam, actuellement incarcéré en région parisienne, est le seul membre encore en vie des commandos jihadistes qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015 faisant 130 morts. Son grand frère Mohamed est un visage familier des médias car il était beaucoup intervenu devant les caméras au début de l'enquête sur les attentats, au moment où Salah était en cavale.
En 2016, il avait été licencié de l'administration communale de Molenbeek où il travaillait depuis dix ans. Début 2018, au moment du vol, il projetait d'ouvrir un bar à chicha à Bruxelles, a-t-il expliqué au procès.