Ils sont 1,1 million de chasseurs en France, un vivier de voix non négligeable que les partis s'attachent à séduire à l'approche des régionales de décembre, comme à chaque scrutin.
Contrairement aux idées reçues, "le vote chasseur n'est pas homogène et monolithique", selon une étude de l'Ifop. Au premier tour de la présidentielle de 2012, l'ensemble de la gauche recueillait 42,5% des voix des chasseurs, contre 54% à la droite et l'extrême droite. Une hétérogénéité due "à de fortes disparités territoriales", qui offrent au monde de la chasse "une diversité de visages, y compris électoralement."
Alors la chasse aux voix s'organise. Xavier Bertrand, candidat Les Républicains pour la région Nord Pas-de-Calais / Picardie - 117.000 chasseurs - a réservé une place sur sa liste à Frédéric Nihous, leader du mouvement Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT), officiellement associé à l'UMP depuis 2012.
"Ça participe d'un accord plus large", assure un proche de l'ancien ministre. "Nihous représente CPNT, mais on a conclu un accord avec les cinq fédérations de chasse de chaque département". Plus encore, Xavier Bertrand "confiera la présidence de la commission environnement de la région à un chasseur" en cas de victoire.
Le FN aussi
Sa concurrente FN pour la région, Marine Le Pen, ne se prive pas d'ironiser sur cet attelage: "Alors que l'UMP vote à Bruxelles toutes les mesures restrictives contre nos chasseurs, @xavierbertrand découvre leurs vertus en #NPDCP !", a-t-elle tweeté. Le Front national s'intéresse lui aussi de près aux amateurs de gibier, qui le lui rendent bien : 25% des chasseurs ont voté Marine Le Pen en 2012.Ainsi l'image cet été d'un Florian Phillipot, numéro 2 du parti, enlaçant chaleureusement Brigitte Bardot, avec un "merci Brigitte pour votre amour inconditionnel des animaux et de la France", a fait grincer des fusils. Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on assure que "les chasseurs ont été choqués" par les photos. Pour Bernard Baudin, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et député LR des Alpes-Maritimes, "c'est une faute politique énorme, gravissime. Il faut choisir ses amis (...) (Brigitte Bardot) a été une adversaire très dure pour la chasse."
De l'importance de ménager les chasseurs, dont le poids électoral leur confère un vrai pouvoir de négociation... Selon Bernard Baudin, "il n'y a pas de chasse de droite ni de chasse de gauche (...) Pour faire avancer les dossiers, il faut savoir taper à toutes les portes". Et le président de la FNC de glisser aux responsables départementaux : "essayez de montrer que vous pouvez être utiles dans les régions, quel que soit votre parti pris". De fait, "dans toutes les régions, les responsables des fédérations ont été approchés".