Salon de l'Agriculture 2019 : les trois défis de l'agriculture dans Hauts-de-France

Première région agricole du pays, les Hauts-de-France sont confrontés à des bouleversements économiques, environnementaux et sociétaux, parfois difficiles à concilier.
 

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1 – Travailler en accord avec l’environnement


Le réchauffement climatique inquiète les agriculteurs de la région. Entre sécheresses et inondations, les champs sont de plus en plus malmenés par la météo. L’été 2018 a été particulièrement rude : pour aider les exploitants, la région a voté une aide d’urgence de 700 000€ en faveur des éleveurs touchés par la sécheresse. Une solution ponctuelle à un problème de fond qui nécessite des changements de mode de production. 

Pour y réfléchir, l’économiste américain Jeremy Rifkin est régulièrement l’invité de la région. Il plaide en faveur d’une « 3ème révolution industrielle », nécessaire selon lui à la transition écologique du territoire. Le secteur agro-alimentaire, premier employeur des Hauts-de-France, est particulièrement concerné. Un des chantiers du projet est la "bio-économie", qui vise à remplacer les énergies fossiles par des énergies durables dans les processus productifs du secteur.

Pour ce faire, la région favorise la transition vers le bioéthanol et développe les méthaniseurs, qui transforment les déchets organiques en énergie renouvelable. Ces "filières d'avenir", en plus d'être directement utiles aux agriculteurs, permettent de créer de l'emploi

Autre grand enjeu de l’époque, le développement de l’agriculture biologique. A ce niveau, les Hauts-de-France ne sont pas à la pointe mais à l’instar de l’ensemble du territoire, la part de bio progresse. « Entre le 1er janvier et le 1er octobre 2018, nous comptons 146 nouvelles conversions en agriculture biologique, a annoncé Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture, lors d’une conférence de presse le 15 février dernier. Nous avons actuellement 1 000 exploitations converties au bio en Hauts-de-France. On manque encore de céréales et de lait. Nous mettons en place des cafés de la bio comme porte d'entrée pour les agriculteurs intéressés par la conversion."

Pour passer de l'agriculture traditionnelle à l'agriculture biologique, il faut compter trois ans : le temps que les terres se renouvellent et soient vierges de pesticides. 

2- Renouveler la main d’œuvre et s'adapter aux nouvelles pratiques alimentaires


Pénibilité du travail, difficultés financières, compétitivité internationale… Le secteur agricole peine à recruter chez les jeunes générations. A l'échelle nationale, seul un agriculteur sur 5 a moins de 40 ans

L’élevage est le secteur le plus touché par cette désertification. La récente « crise du lait » est ancrée les esprits et malgré un mieux en 2018 avec l’entrée en vigueur de la loi Alimentation, il y a de moins en moins de vocations. C’est pourtant un domaine primordial pour l’économie de la région : l’élevage représente 40% des emplois agricoles des Hauts-de-France.

En parallèle, les habitudes alimentaires des Français évoluent et de nouveaux marchés s'ouvrent dans le secteur agricole. Prise de conscience environnementale, conséquence des scandales sanitaires successifs ou de la hausse des prix : en 10 ans, la consommation de viande aurait reculé de 12%

Des alternatives aux protéines animales voient le jour partout en France et la région n'est pas en reste. En octobre 2018, Lille a accueilli la 11ème édition du « Protein Summit ». Au rendez-vous, 400 experts venus du monde entier pour parler protéines végétale. Un marché évalué à 11 milliards d’euros pour 2020, avec une croissance annuelle de 5,5%. Des spécialistes du secteur, comme Roquette ou Tereos, sont installés dans la région et y créent de l'emploi.

Les start-up ont également un rôle à jouer dans cette nouvelle économie agricole. Euralimentaire, incubateur de jeunes entreprises basé à Lomme, compte une vingtaine de projets dédiés aux nouvelles pratiques alimentaires : l'agriculteur du futur est connecté
 


3 – Développer le local tout en restant exportateur  


Autre tendance de fond de la consommation responsable : le local. Les Français cherchent de plus en plus à réduire leur empreinte carbone en choisissant des produits disponibles à proximité.

Pour  les agriculteurs de la région, c’est tout un nouveau marché à saisir. Pour inciter les habitants à consommer local, la Chambre de l’agriculture des Hauts-de-France passe par les établissements scolaires. Une centaine de collèges et lycées proposeraient des menus « 100%  Hauts-de-France » suite à un appel d'offre de la région, sur les 875 établissements d’enseignement supérieur que compte le territoire.

Preuve s’il en faut que la tendance au local s’installe, de nouveaux modèles de supermarchés « circuits courts » émergent. La chaîne « O’Tera », née à Villeneuve d’Ascq, propose par exemple 100% de produits locaux dans ses rayons.
 

En parallèle, la région cherche à rester compétitive à l’international. En ligne de mire, des marchés émergeants comme les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MOAN). « Même si nous portons un intérêt important au développement de la consommation locale, une large partie de notre économie agricole dépend de l'export », a rappelé Mme Lesne. Pour la production de lait, ce sont par exemple 40% de la production qui sont exportés. En 2017, les exportations de produits laitiers des Hauts-de-France vers les marchés de MOAN ont augmenté de 21% et représentaient 19 millions d’euros.
 
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