Le réseau des Voies Navigables de France (VNF) place sous haute surveillance les canaux des départements du Nord et du Pas-de-Calais, impactés par les effets de la sécheresse et de la chaleur.
Tandis que les températures sont, dans les Hauts-de-France, entre 1 et 1,5°C au-dessus des normales saisonnières, plaçant le mois de juillet 2022 parmi les plus chauds jamais mesurés dans la région, le réseau des Voies Navigables de France (VNF) du Nord et du Pas-de-Calais est en vigilance maximale.
L’établissement public, qui assure la gestion de l’écosystème fluvial sur tout le territoire national, indique que la situation est “significative” : elle est tendue et ne doit pas être prise à la légère, mais tout reste sous contrôle. Parmi les 680 kilomètres de voie d’eau qui parcourent le Nord et le Pas-de-Calais (10% du réseau national), trois affluents sont particulièrement en tension : le canal du Nord, celui de la Sambre et celui du Delta de l’Aa, où le niveau de l’eau est inférieur de 4 centimètres à la normale.
Des canaux épargnés par la fermeture
Le risque est justement que le niveau de l’eau devienne si bas que les bateaux ne puissent plus transporter autant de marchandises, voire ne puissent plus du tout circuler. Comme en Bourgogne, où 54 kilomètres de voies ont été fermées à cause de la sécheresse. “Mais heureusement pour nos canaux, nous n’en sommes pas encore là”, indique Olivier Matrat, directeur territorial adjoint de Voies navigables de France (VNF).
“Heureusement”, car l’eau de ce vaste réseau ne sert pas seulement à la navigation. Elle est aussi utilisée pour la protection des milieux, pour assurer l’irrigation des champs ou pour les besoins des industries, notamment sur le port de Dunkerque. C'est également cette double utilisation qui rajoute une tension supplémentaire sur les niveaux de l'eau en situation de chaleur et de sécheresse, comme l’explique Olivier Matrat : “Nous sommes dans une période où il y a à la fois une ressource en eau faible et des prélèvements plus importants. La sécheresse diminue l’apport et la chaleur augmente les prélèvements.”
Nous sommes dans une période où il y a à la fois une ressource en eau faible et des prélèvements plus importants. La sécheresse diminue l’apport et la chaleur augmente les prélèvements.
Olivier Matrat, directeur territorial adjoint de Voies navigables de France
L’objectif de VNF est donc de maintenir un équilibre entre les ressources en eau qui viennent se jeter dans les canaux et les différents usages qui en sont faits. “Le métier de VNF c’est d'abord la gestion hydraulique, c’est pourquoi nous sommes mobilisés sur l’économie de la ressource en eau”, rappelle en effet la directrice territoriale Nord-Pas-de-Calais de VNF, Marie-Céline Masson.
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120 capteurs permettent ainsi en temps réel d’avoir des données sur le niveau de l’eau, ensuite transmises à la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) et à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). Les “aiguilleurs de l’eau” sont également davantage mobilisés, vigilants et présents sur le terrain, notamment pour vérifier l’utilisation des pompages.
Actuellement, le premier levier d’action est enclenché : réguler les transferts d’eau via les canaux, regrouper les bateaux pour le passage ou le pompage aux écluses notamment sur le canal du Nord et de la Sambre. “Nous sommes dans une relative sérénité parce que la situation est stable et sous contrôle”, explique Olivier Matrat, qui compte sur la pluie pour stabiliser l’équilibre de l’eau : “Même celle modérée attendue dans la nuit de jeudi à vendredi aura peut-être un impact.”
Car l’avantage du réseau VNF du Nord-Pas-de-Calais réside dans le fait qu’il recueille près de 80% du ruissellement. La visibilité reste toutefois dépendante de la météo, avec une maîtrise, pour VNF, sur une dizaine de jours environ.