9 octobre 1987 : quand Jacques Chirac annonce que le TGV ne passera pas par Amiens

Jacques Chirac était Premier ministre lorsque le choix de réaliser un TGV-Nord de Paris à Calais via Amiens mais avec une gare qui se trouve à 45 kilomètres de l'ex-capitale Picarde. Un tracé qui n'a pas eu un écho favorable auprès des Picards qui auraient souhaité avoir une gare TGV à Amiens.

La gare "des betteraves" a été inaugurée le 6 octobre 1994 par le président Mitterand. Construite loin de la capitale picarde, (45 km d'Amiens) et de Saint-Quentin (40 km), sous la houlette de Jean-Marie Duthilleul, architecte en chef de la SNCF et de l'agence d'étude des gares de la SNCF, elle a fait l'objet de nombreuses polémiques. 

L'affaire s'est jouée cinq ans et demi plus tôt : le 9 octobre 87, Jacques Chirac, alors premier ministre, annonce le choix du tracé. À l'origine, la question était : comment relier Paris et le tunnel sous la Manche ? Par Amiens, directement, c'est le tracé A. Avec un crochet par Lille, le tracé B. Ou le C par Saint-Quentin. En Picardie, personne n'est content, la riposte s'organise, dès le lendemain.


Amiens ne peut rien face à Lille et Pierre Mauroy

De blocage des voies en visites au ministère, les Picards repartent au combat ; ils tenteront d'infléchir trois gouvernements successifs de Jacques Chirac et Michel Rocard. Et de récupérer "leur" TGV.

Joseph Gouranton, était à la tête de l'association Amiens-Picardie-TGV. Selon lui, avec un maire communiste à Amiens, un RPR à Saint-Quentin et un gouvernement de droite, la capitale picarde partait d'emblée perdante. La Picardie ne pouvait rien face à l'homme incontournable du Nord qu'était à l'époque Pierre Mauroy. Bien que socialiste, le maire de Lille savait convaincre, même dans le camp adverse.

Lors d'une commission sur le projet du tracé, Pierre Mauroy avait ainsi ironisé "Amiens, mais c'est où Amiens ?", laissant entendre qu'il n'y avait rien entre Paris et Lille. Et confirmant l'hypothèse selon laquelle la Picardie et Amiens ne pesaient pas assez lourd économiquement et politiquement. 

Enfin, et ce n'est pas la moindre des raisons, les technocrates de la SNCF avaient semble-t-il fait leur choix depuis longtemps. La philosophie du TGV, c'était de relier deux grandes villes entre elles. À savoir Lille et Paris. 


"La Picardie a été un peu brimée" Jacques Chirac, 1996

Quelques années plus tard, en 1996, lors d’une visite à Amiens durant trois jours, il consulte les élus picards et tire cette conclusion concernant l'histoire du TGV : "Je repars avec le sentiment que cette région de Picardie estime, et il n'y a pas de fumée sans feu, qu'elle a été en quelque sorte un peu brimée", avait-il avoué.

La gare TGV Haute-Picardie est alors affublée du sobriquet "la gare des betteraves".  Mais aujourd'hui, elle semble avoir trouvé sa vitesse de croisière. Elle accueille 400 000 voyageurs par an. 

Un Grand Format du 18/05/2013


Aujourd'hui, le rendez-vous avec l'histoire, à ne pas manquer celui-là : le barreau qui permettra, au départ de Creil, de relier enfin la Picardie à la France de la grande vitesse, et au bassin d'emploi de Roissy. 
 

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