À l'approche de l'hiver, il est fondamental d'avoir un toit pour se loger. À Amiens, les personnes sans-abris ou en grandes difficultés peuvent bénéficier d'un mode d'habitat d'accueil social méconnu : la pension de famille. Elle permet de rompre l'isolement et ce, de manière pérenne.
Depuis six ans, Sophie vit dans un deux pièces à Amiens, un logement d'une quarantaine de m² minutieusement décoré. "Il y a des meubles que j'ai récupérés, la collection de marins avec du sable. des beaux souvenirs que mon père me ramène".
Cette ancienne serveuse est arrivée dans ce logement après une rupture d'anévrisme. Avec un lourd handicap et des difficultés personnelles, se stabiliser lui a permis d'entamer une reconstruction. "Je ne connaissais personne. Je ne parlais pas. Je dormais beaucoup. Aujourd'hui, ça va mieux, nettement mieux".
Comme Sophie, trente-sept personnes aux parcours de vie souvent chaotiques jouissent d'un logement individuel à la Maison Monsieur Vincent et chacun verse sa redevance.
Située dans le centre ville d'Amiens, cette pension de famille a été inaugurée en 2015 par l'association Habitat et Humanisme Somme. En plus de trente-cinq logements, la structure comporte des espaces collectifs dont un salon, une cour et une tisanerie ainsi qu'une salle polyvalente de 49m2.
Deux responsables de maison épaulés par une vingtaine de bénévoles veillent au bon fonctionnement du lieu et assurent présence et écoute bienveillante. Des animations collectives sont proposées comme un atelier de cuisine. Les ateliers et sorties sont consignés dans un journal écrit par les résidents.
"L'objectif de l'activité, c’est d’occuper le temps libre de manière structurée et de faire en sorte que les personnes qui soient là soient insérées socialement, précise Idir Mouhoub, chargé d'animation. C’est de l’insertion par le logement".
L'association propose également un accompagnement social ou administratif. Trente-sept personnes vivent dans ce lieu, pour la plupart depuis sa création, en 2015.
"C'est un dispositif qui fonctionne puisqu'on est vraiment dans du logement pérenne, constate Julie Chevalier, responsable de la Maison Monsieur Vincent. On ne leur demande pas de partir au bout de deux ans donc ils ont le temps de se poser et de travailler des projets".
Pour accueillir de nouveaux résidents, la structure cherche à ouvrir une seconde pension de famille dans une ville de la Somme. La Picardie compte à ce jour 34 établissements de ce type.