Gaspard Fontaine, un étudiant lillois de 19 ans jugé pour "vol" après avoir décroché le portrait d'Emmanuel Macron de la mairie d'Amiens, est finalement relaxé. Le parquet a annoncé faire appel de la décision. Précisions.
La décision est tombée ce mardi 20 avril. Gaspard Fontaine, le décrocheur du portrait d'Emmanuel Macron, est relaxé. Contacté par téléphone, le jeune homme se dit satisfait : "C'est une victoire. La justice reconnaît que mon combat est juste. Je m'attendais à une décision favorable, car lors du procès je me suis senti écouté par la présidente du tribunal."
Le parquet fait appel
Le tribunal correctionnel d'Amiens n'a donc pas suivi les réquisitions du procureur de la République. Ce dernier avait requis deux amendes de 250 euros chacune, l'une pour vol et l'autre pour avoir refusé de laisser ses empreintes génétiques lors de sa garde à vue. Dans un communiqué, le parquet a annoncé faire appel de la "décision de relaxe".
Le 6 mars 2020, le jeune homme de 19 ans avait décroché le portrait du président de la République situé dans la salle du conseil municipal de la mairie d'Amiens. La municipalité avait alors porté plainte. Le 23 mars dernier, Gaspard Fontaine comparaissait devant le tribunal correctionnel d'Amiens.
De nombreux soutiens de la gauche
Lors du procès, environ 150 personnes étaient présentes à Amiens pour soutenir Gaspard Fontaine, dont de nombreux élus et militants. François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon avaient fait le déplacement, mais aussi l'écologiste Karima Delli, candidate aux régionales pour l'union de la gauche dans les Hauts-de-France. Plusieurs associations écologistes de la région ainsi que deux syndicats étudiants d'Amiens (UNEF et FSE) ont également affiché leur soutien au jeune homme.
Après l'annonce de la décision de relaxe, plusieurs personnalités politiques ont d'ailleurs réagi sur les réseaux sociaux, à commencer par Jean-Luc Mélenchon. Le chef des Insoumis parle d'une "victoire" et affiche son "soutien à tous les décrocheurs de portraits".
Victoire, @GaspardFontaine est relaxé ! J’étais venu le soutenir à son procès à #Amiens. Il était poursuivi pour avoir décroché un portrait de #Macron afin de dénoncer l’inaction climatique du gouvernement. Soutien à tous les décrocheurs de portraits ! #GaspardFaceAMacron pic.twitter.com/1YGrZVefrY
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 20, 2021
Karima Delli souligne elle "la jeunesse engagée pour son avenir et pour le climat".
Je me réjouis de la relaxe de @GaspardFontaine. C'est la victoire d'une jeunesse engagée pour son avenir et pour le climat.
— Karima Delli (@KarimaDelli) April 20, 2021
Ensemble, restons toutes et tous mobilisés.
Avec Gaspard, le combat continue. ✊ pic.twitter.com/Sn4Ax82MYK
Comme ses collègues, Adrien Quatennens, député LFI dans la première circonscription du Nord, a affiché sa joie sur Twitter.
Victoire ! @GaspardFontaine est relaxé ! Il avait décroché un portrait d’Emmanuel Macron pour dénoncer l’inaction climatique du gouvernement. Le tribunal correctionnel d’Amiens n’a pas suivi les réquisitions du procureur de la République. #GaspardFaceAMacron pic.twitter.com/CsZjWURZBD
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) April 20, 2021
Un geste militant
Ce geste s'inscrivait dans le mouvement "Décrochons Macron !" initié en février 2019 par le collectif Action non-violente COP21 pour "dénoncer l'inaction du gouvernement d'Emmanuel Macron face au dérèglement climatique". Le collectif a déjà recensé 151 réquisitions de portrait en deux ans, et plusieurs dizaines ont fait l'objet de poursuites judiciaires. La peine maximale encourue pour vol est de 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende. Mais parmi les autres "décrocheurs" passés devant le tribunal, la plupart ont écopé d'amendes de quelques centaines d'euros.
Pour autant, la décision de relaxe n'est pas une première. En septembre 2019, le tribunal correctionnel de Lyon avait relaxé deux décrocheurs d’un portrait d’Emmanuel Macron, invoquant "l’état de nécessité" et le "motif légitime", estimant en outre que le trouble à l'ordre public était très modéré. Les militants avaient finalement été condamnés en appel à 250 euros, mais l'affaire n'est pas finie : c'est la Cour de cassation qui doit désormais trancher.