Alors que le conflit entre l'ARS et les personnels de l'hôpital Philippe Pinel s'enlise, l'Agence régionale de santé fait un geste et s'engage à débloquer une aide supplémentaire d'un million d'euros. Une somme insuffisante pour les syndicats, qui réclament toujours des moyens supplémentaires.
Les quelques salariés mobilisés depuis plusieurs jours avec leurs tentes devant l'établissement psychiatrique ont appris la nouvelle par voie de presse. L'Agence régionale de santé, avec qui ils sont en pourparlers depuis des semaines, annonce qu'elle va débloquer un million d'euros pour l'hôpital. Cette somme s'ajoute aux 7 millions d'euros attribués à l'établissement depuis 2011.
Le 10 juillet dernier, le directeur Elio Melis, nommé en 2016 entre autres pour réduire le déficit chronique de l'établissement, a rappelé qu'il avait rempli sa mission. Ce déficit est passé de 3,5 millions en 2015 à 1,781 millions en 2017.
Mais au-delà des considérations purement financières, les syndicats dénoncent un manque cruel de moyens humains, avec des services sinistrés, des conditions de travail catastrophiques et des conditions d'accueil médiocres.
Une vision que ne partage pas l'ARS, qui précise dans un communiqué que les difficultées rencontrées par "Pinel" ne sont pas liés à un manque de moyens, mais à un soucis d'organisation et notamment des hospitalisations trop longues. Un constat partagé, paradoxalement, par certains salariés. C'est le cas d'Émilie, assistante sociale qui accompagne les patients vers la sortie. Elle évoque une mission quasi-impossible, tant les structures d'accueil manquent dans le département de la Somme.
Aujourd'hui, sa décision est prise : après onze ans à "Pinel", elle va quitter l'établissement. Comme les huit psychiatres qui ont claqué la porte sur ces trois dernières années. Selon Julie Cormier, psychiatre à mi-temps dans l'établissement, onze médecins comptent également quitter l'hôpital, "pas par choix mais par dépit".