Le collège privé Sainte-Clotilde d'Amiens expérimente une nouvelle organisation. Les cours sont réduits à 45 minutes, ce qui permet de dégager du temps pour proposer des heures de soutien ou d'approfondissement.
L'expérience est avant tout partie d'un constat fait par l'équipe pédagogique : les élèves ont chacun des besoins différents, et ont du mal à rester concentrés pendant une heure entière. La direction a donc décidé de revoir entièrement l'organisation des emplois du temps pour optimiser l'apprentissage.
Première nouveauté : les cours durent désormais 45 minutes au lieu de 55. "Ça passe très vite et ça demande un temps de concentration limité : les jeunes le savent, ils sont investis, ils suivent bien et ne perdent pas d'information", souligne la principale Lucille Léger.
Des élèves plus concentrés et plus investis
Depuis la rentrée, les 225 élèves de la sixième à la troisième expérimentent donc cette nouvelle formule. "Quand on a eu les emplois du temps au début de l'année, on était un peu inquiets, ça nous semblait beaucoup de petits cours. Mais d'après les retours des enfants, ça passe très très vite, et ils sont totalement concentrés pendant les 45 minutes, confirme la mère de deux collégiennes.
"Mes filles ne voient pas passer la journée, en tout cas beaucoup moins qu'avant, alors qu'il n'y a quelques minutes en moins."
La mère de deux collégiennes
Dès la deuxième semaine de cours, Vincent Billet, professeur de mathématiques et de technologie, profite de ces 45 minutes de grande concentration pour faire des maths appliquées à la vie réelle. Il emmène ses élèves de troisième dans la cour de récréation, pour un exercice très concret. Le projet : créer un récupérateur d'eau de pluie.
"L'idée, c'est de réinvestir ce qu'ils ont appris en cours de manière théorique. On leur montre qu'il y a un intérêt réel à apprendre. On ne fait pas des maths pour le plaisir des maths, mais parce que ça permet de régler des problèmes de la vie courante, indique-t-il. Pour pouvoir dimensionner le récupérateur, on va commencer par calculer la surface du terrain, savoir quelle est la quantité d'eau nécessaire pour faire une semaine d'arrosage... Sans qu'ils s'en rendent réellement compte, il y a plein de maths derrière : calcul de surfaces et de volumes, conversions de litres à mètres cubes..."
Et la magie opère : "Quand c'est visuel, on arrive mieux à comprendre", confirme Romane, l'une de ses élèves. Elle aussi trouve que 55 minutes de cours, "c'est un petit peu trop long, parce qu'au bout d'un moment, on n'a plus toute notre attention tournée vers le prof."
Du temps dégagé pour personnaliser l'apprentissage
Mais ce n'est pas le seul avantage. Ces minutes économisées, mises bout à bout, permettent de rajouter des créneaux supplémentaires sans allonger la durée de la journée. Dans ces nouveaux créneaux, les élèves sont en petits groupes, en fonction de leur niveau, pour travailler plus efficacement. Les jeunes en difficulté bénéficient ainsi de cours de soutien. "C'est presque du cours particulier, je peux m'intéresser à chaque élève individuellement, et les aider à leur rythme", se réjouit Stéphanie Mazurek, professeure d'espagnol. Si elle était déstabilisée au départ, après quelques jours, elle est déjà convaincue des bienfaits du projet.
Sur ces mêmes créneaux, les élèves qui ont plus de facilités suivent quant à eux des cours avancés. "On prend les très bons élèves de l'établissement par petits groupes pour aller un petit peu plus loin sur le travail qu'on fait dans le tronc commun", précise le professeur de français Xavier Patrigeat. Un moyen d'éviter l'ennui en abordant des sujets plus complexes que ce qu'il serait possible de faire en classe entière.
Reste à voir si l'enthousiasme durera jusqu'à la fin de l'année. Si d'autres établissements en France ont également adopté cette formule, il n'existe pas d'expérimentation d'ampleur ou d'études précises sur les bienfaits et les inconvénients de ce système. En revanche, certains pays européens, comme la Finlande et l'Allemagne, organisent les journées scolaires d'une manière similaire.
Avec Sophie Picard / FTV