Mardi 26 septembre, les syndicats CGT, SUD-Rail et CFDT se sont réunis devant la gare d'Amiens pour protester contre l'ouverture à la concurrence et l'attribution des TER de l'Étoile d'Amiens à SNCF Voyageurs, filiale de la SNCF. Ils s'inscrivent plus largement dans l'appel à la grève nationale lancé par les syndicats de cheminots.
"Nous avons plein de raisons d'être en colère", lance Christophe Leconte, secrétaire général de la CGT Cheminots en Picardie, à la centaine de cheminots présents ce mardi 26 septembre sur le parvis de la gare d'Amiens.
Réunis à l'appel national des syndicats CGT, SUD-Rail et CFDT, ils protestent contre l'ouverture à la concurrence des lignes TER, le démantèlement du FRET SNCF prévu en 2025 ou encore le projet de GIE, qui prévoit l'externalisation de 3 000 salariés.
Le cas particulier de l'Étoile d'Amiens
Mais si les cheminots de Picardie se sont mobilisés ce mardi 26 septembre, c'est aussi pour dénoncer une situation qui les concerne tout particulièrement. "Aujourd'hui, c'est le dernier jour de l'appel à volontariat pour travailler pour l'Étoile d'Amiens. Ça bouleverse tellement de choses dans nos quotidiens, dans nos vies, donc on ne pouvait pas ne rien faire aujourd'hui", raconte Fatima, militante à la CGT.
En effet, en mars dernier, à la suite de l'ouverture à la concurrence des lignes TER Hauts-de-France, SNCF Voyageurs, filiale de la SNCF, a remporté l'appel d'offres pour l'exploitation des lignes de l'Étoile d'Amiens. Une attribution dont se félicitait Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France. Mais pour les syndicats, c'est loin d'être une bonne nouvelle. Ils craignent une dégradation des conditions de travail dans ces filiales de la SNCF.
En juin dernier, un appel aux volontaires a été lancé par la direction pour travailler au sein d'Étoile d'Amiens. Cependant, seuls 200 sur 500 cheminots ont répondu favorablement. Ceux qui ont refusé de se porter volontaires redoutent de mauvaises conditions de travail, mais aussi d'être envoyés à des centaines de kilomètres de leur lieu de travail habituel.
"Ils ne savent pas dans quelles conditions ils vont travailler, quel droit va les protéger. Certains ont peur d'atterrir à plus de 100 km sans avoir leur mot à dire", raconte Angelina Darra, agent de vente pour le TER Picardie et militante à la CGT.
Un saut dans l'inconnu
Ce mardi 26 septembre marque donc la fin de l'appel à volontaires pour travailler pour l'Étoile d'Amiens. Passé ce délai, la direction va directement demander à certains cheminots de venir travailler pour la filiale SNCF Voyageurs. Une crainte qui gagne de nombreux travailleurs. En effet, ceux dont le taux d'affectation à ce service est à plus de 50 %, ne pourront refuser, au risque d'un licenciement.
Pour Jérémy Laderrière, secrétaire du syndicat SUD-Rail Picardie, le problème ne vient pas des filiales en elles-mêmes, mais bien des droits garantis dans celles-ci : "La boîte peut créer des filiales si elle veut, mais dans ce cas-là, elle y garantit les mêmes droits que dans la société mère. (...) Il y a 137 textes actuellement dont bénéficient les cheminots de la SNCF, sur la rémunération, les conditions de travail. Nous, ce qu'on demande, c'est juste de garantir ces textes dans les filiales et là, il n'y aura pas de problème."
"La boîte peut créer des filiales si elle veut, mais dans ce cas-là, elle y garantit les mêmes droits que dans la société mère."
Jérémy Laderrière, secrétaire du syndicat Sud-Rail Picardie
Malgré l'inquiétude qui gagne de nombreux salariés de la région amiénoise, le niveau de mobilisation pour cette journée reste assez faible. Selon Fatima, militante à la CGT, cela s'explique par une résignation de la profession : "Aujourd'hui, beaucoup de cheminots sont résignés. Ils sont fatigués, angoissés et ils n'y croient plus. De manière générale, ils ne croient plus à la SNCF, on a un volume de démission qui est impressionnant et ça s'accélère depuis l'ouverture de la concurrence."
Plus généralement, les syndicats réunis ce mardi matin s'inquiètent de cette ouverture à la concurrence qui se généralise au niveau national, notamment en région PACA et Pays de la Loire. Selon eux, cela ne va pas dans le sens des efforts à fournir en vue de l'enjeu climatique qui nous attend.