Sans surprise, Hubert de Jenlis a remporté la majorité des voix du conseil municipal pour devenir maire d'Amiens. En annonçant sa démission le 7 octobre, Brigitte Fouré avait fait savoir qu'elle souhaitait qu'il prenne sa place.
La rumeur d'une candidature d'Alain Gest, président (LR) d'Amiens métropole, avait laissé planer le doute quant aux résultats de l'élection du successeur de Brigitte Fouré. Mais il ne s'est finalement pas présenté face à Hubert de Jenlis, jusqu'ici premier adjoint. C'est donc sans grande surprise que ce dernier a été élu, avec 29 voix, contre 6 pour Évelyne Becker, candidate de l'opposition.
Un vote à bulletin secret
Le vote à bulletin secret s'est tenu ce jeudi 24 octobre, lors d'un conseil municipal extraordinaire, deux semaines et demie après l'annonce de la démission de Brigitte Fouré, qui occupait le fauteuil de maire depuis 2014.
Comme le prévoit la loi, c'est la doyenne du conseil municipal, Claudine Galliot, qui a présidé la séance. Elle a débuté en remerciant la maire démissionnaire pour son engagement pour la ville, avant d'ajouter : "Je vous invite, chers collègues, à faire preuve de sérénité, de respect, et de sens du dialogue dans nos échanges et dans nos choix".
Pas de discours des candidats avant le scrutin
Avant le scrutin Évelyne Becker, du groupe Amiens c'est l'tien, a demandé à prendre la parole pour "motiver sa candidature", mais s'est vu opposer une fin de non-recevoir par la présidente de séance. "Ça n'est pas prévu dans les textes", a rappelé cette dernière. "Rien ne l'interdit non plus", a argué la candidate, mais sans succès. Aucun des deux candidats n'aura donc pu s'exprimer avant le vote.
C'est donc dans un climat solennel, presque pesant, que les élus se sont succédé dans l'isoloir, installé "à titre exceptionnel", sur demande du conseiller municipal Renaud Deschamps, avant de venir déposer leur bulletin de vote dans l'urne.
Silence total dans l'assemblée lorsque les deux élus désignés assesseurs ont procédé au dépouillement, lisant un à un chaque bulletin. Hubert de Jenlis récolte 29 voix, largement au-dessus de la majorité absolue de 18 voix nécessaire pour être élu maire. Évelyne Becker a quant à elle remporté 6 voix. À noter toutefois qu'il y a également eu 14 votes blancs et 2 votes nuls, et que 4 conseillers municipaux n'ont pas souhaité prendre pas prendre au vote.
Hubert de Jenlis promet d'agir avec "humilité et dévouement"
Quelques applaudissements ont accompagné Hubert de Jenlis lorsqu'il s'est dirigé vers l'estrade pour se voir remettre l'écharpe de maire par Brigitte Fouré, en échange d'un bouquet de fleurs. Il a débuté son discours avec un "Mesdames et Messieurs, Monsieur le président d'Amiens Métropole, cher Alain", comme un clin d'œil à celui qui a bien failli être son adversaire dans cette élection. Il a ensuite remercié Brigitte Fouré, saluant "le choix courageux et responsable [qu'elle a] fait en choisissant de [lui] transmettre le flambeau, en conscience et inspiré par le seul intérêt général".
Il a ensuite rappelé son attachement à la ville : "Amiens j'y suis né, j'y ai grandi, j'y ai élevé mes enfants, j'y travaille. Je suis viscéralement attaché à notre ville, et je prends l'engagement d'être à la hauteur de la tâche qui m'incombe désormais, avec humilité, mais avec toute l'énergie, tout l'engagement et tout le dévouement que chacun est en droit d'attendre de moi". Avant d'annoncer ses trois priorités pour les dix-huit mois restant avant les prochaines élections municipales : "la transition écologique, l'attractivité pour l'emploi et la participation citoyenne".
La colère de l'opposition
Après le discours du maire fraîchement élu, Évelyne Becker, empêchée de prendre la parole avant le scrutin, a souhaité s'exprimer. "Du plus loin que je me souvienne, même pour les élections de délégués de classe, on préparait et on présentait notre candidature, a-t-elle souligné. Je vous demande donc si je peux présenter ma candidature après le vote, puisque je n'ai pas pu le faire avant, même si aucun texte législatif ne l'empêche."
La candidate profite de ce temps de parole accordé pour dénoncer un "affichage de bonnes intentions" et une "logique comptable bien éloignée de l'intérêt général" de la part de la majorité. Et pour tacler Hubert de Jenlis, en faisant référence à sa défaite lors des élections législatives de juillet face à la candidate LFI Zahia Hamdane. "Que retiendra-t-on de votre démission, Madame la maire démissionnaire ? Une tactique politicienne visant à maintenir votre famille politique face à votre crainte des résultats du Nouveau Front populaire arrivé en tête aux dernières législatives."
Tarek Bais, conseiller municipal du groupe Social, éco et citoyen, a quant à lui qualifié cette démission et cette nouvelle élection de "manœuvre" politique de la part de Brigitte Fouré. "Elle s'arrange avec le mandat que les Amiénois lui ont confié. C'est une rupture de contrat. Cela ressemble à un 49-3 municipal", a-t-il déclaré.
Renaud Deschamps, candidat déçu des élections municipales de 2020, parle, lui, d'une "accession bancale au poste de maire" pour Hubert de Jenlis et ironise en lançant : "Vous venez inconsciemment de vous disqualifier pour 2026. Merci Brigitte !"