"Il nous faut des réponses" : les syndicats de l'usine Metex d'Amiens annoncent une journée d'action

Alors que l'entreprise Metex Noovistago d'Amiens est au bord du redressement judiciaire, politiques et syndicats demandent à l'État d'intervenir. Une mobilisation des salariés est prévue lundi 25 mars 2024, quelques jours après les audiences au tribunal de commerce.

"Deux industriels sont prêts à reprendre l'usine à une condition : que l'État garantisse un prix du sucre inférieur avec les sucriers. [...] On le sait, c'est la clef. On demande à l'État d'intervenir", souligne François Ruffin, le député (Picardie debout !) de la 1ʳᵉ circonscription de la Somme.

"Il est temps que l'État se secoue"

Impliqué dans ce dossier depuis un an, le député a participé, vendredi 15 mars, à une réunion entre les salariés et la direction de l'usine Metex Noovistago d'Amiens nord. "Les salariés sont en attente. Si l'État veut, il peut. Mais aujourd'hui, est-ce que l'État veut vraiment ? Il est temps qu'il se secoue."

Metex est la seule entreprise en Europe à fabriquer de la lysine, un acide aminé à destination de la nutrition animale. Mais elle n'est plus rentable. Et ce, en raison du prix de la matière première, le sucre européen, qui explose depuis 2022. 

En parallèle, la Chine inonde le marché européen de lysine à très bas prix. Metex ne peut rivaliser. Pourtant, sa lysine locale présente un avantage écologique. "Un acide aminé qui sort de l'usine d'Amiens est cinq fois moins carboné qu'un acide aminé importé de Chine", pointe Benjamin Gonzales, le PDG de Metex. 

Demande de placement en redressement judiciaire

Prise en tenaille entre la hausse du prix du sucre et la concurrence chinoise, Metex a demandé le placement en redressement judiciaire de ses filiales, dont Metex Noovistago, l'usine amiénoise qui emploie 280 personnes.

Ce cadre juridique permet de préserver la trésorerie en gelant la dette exigible à court terme. Si nous avons pris cette décision, c'est essentiellement pour protéger les emplois et d'autre part pour permettre la continuité d'activité.

Benjamin Gonzales, PDG de Metex

Une décision que la CFDT, le syndicat majoritaire de l'entreprise, comprend très bien. Depuis janvier, l'usine d'Amiens a recours à l'activité partielle. Sa production est réduite au tiers de sa capacité. Et l'entreprise continue de perdre de l'argent. Pour la direction, comme pour la CFDT, l'avenir de l'activité de Metex est aujourd'hui en partie entre les mains de l'État. 

"On risque de perdre des compétences"

Reçus en novembre à Bercy, les syndicats attendaient un retour pour février. "Maintenant, il nous faut des réponses", tempête Samir Benyahya, délégué CFDT de l'usine Metex d'Amiens. Selon lui, il y a urgence. 

Pour avoir un ouvrier ou un technicien qualifié, il faut des années de formation. En attendant des mois encore, on risque de perdre des compétences, ce qui peut être fatal pour l'entreprise.

Samir Benyahya, délégué CFDT de l'usine Metex d'Amiens

"On peut se retrouver dans une situation inverse : l'État va peut-être venir nous aider, mais on n'aura pas les compétences pour pouvoir relancer l'usine", alerte-t-il.

Amiens Métropole a de son côté assuré son soutien aux salariés de l'usine. Un rendez-vous entre le ministre de l'Industrie Roland Lescure et les présidents d’exécutifs régionaux, départementaux et les parlementaires locaux doit se tenir dans les prochains jours.

Alors que les audiences au tribunal de commerce sont prévues les 20 et 23 mars, les syndicats de Metex ont, quant à eux, annoncé une journée de mobilisation pour le lundi 25 mars sur le site de l'usine. Ils invitent le ministre de l'Industrie à venir les rencontrer. 

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